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Être libre, est-ce être indéterminé ou être autonome ?

Publié le 20/03/2004

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En voyant le loup, la brebis juge bon de fuir, mais par un discernement naturel et non libre, car ce discernement est l'expression d'un instinct naturel (...). Il en va de même pour tout discernement chez les animaux. Mais l'homme agit par jugement, car c'est par le pouvoir de connaître qu'il estime devoir fuir ou poursuivre une chose. Et comme un tel jugement n'est pas l'effet d'un instinct naturel, mais un acte qui procède de la raison, l'homme agit par un jugement libre qui le rend capable de diversifier son action.   Kant   La liberté en tant qu'homme, j'en exprime le principe pour la constitution d'une communauté dans la formule : personne ne peut me contraindre à être heureux d'une certaine manière (celle dont il conçoit le bien-être des autres hommes), mais il est permis à chacun de chercher le bonheur dans la voie qui lui semble, à lui, être la bonne, pourvu qu'il ne nuise pas à la liberté qui peut coexister avec la liberté de chacun selon une loi universelle possible (autrement dit, à ce droit d'autrui). Un gouvernement qui serait fondé sur le principe de la bienveillance envers le peuple, tel celui du père envers ses enfants, c'est-à-dire un gouvernement paternel, où par conséquent les sujets, tels des enfants mineurs incapables de décider de ce qui leur est vraiment utile ou nuisible, sont obligés de se comporter de manière uniquement passive, afin d'attendre uniquement du jugement du chef de l'Etat la façon dont ils doivent être heureux, et uniquement de sa bonté qu'il le veuille également, - un tel gouvernement, dis-je, est le plus grand despotisme que l'on puisse concevoir (constitution qui supprime toute liberté des sujets qui, dès lors, ne possèdent plus aucun droit).   Transition : on aboutit à une position qui rend l'homme entièrement responsable de sa conduite, en ce qu'il est l'unique instance qui détermine ses actions et juge de la manière dont ces dernières peuvent être - ou non - déterminées par des instances extérieures. Poussée à son extrême, cette idée correspond à celle d'une autonomie totale de l'homme, qui est rendue possible par l'exercice de son jugement et garantit sa liberté : il reste maintenant à définir à quelles conditions cette correspondance entre autonomie et liberté est pertinente.

 

Le sujet porte sur une définition, comme le montre l’emploi du verbe être. La définition à interroger ici est celle de la liberté, plus précisément de l’état dans lequel on est libre, et le sujet propose de faire un choix entre deux pistes possibles : être libre c’est être indéterminé, ou bien être libre c’est être autonome. L’indétermination et l’autonomie sont en effet des notions qui s’imposent rapidement lorsque l’on cherche à définir la liberté ; elles correspondent à deux rapports différents à la contrainte : l’indétermination, c’est le fait de n’avoir aucune détermination externe ou interne à nous, qui puisse venir entraver notre liberté. Cette absence de détermination pose problème : est-elle seulement possible ? Comment envisager la possibilité de l’action s’il n’y a rien pour la déterminer ? peut-être faut-il considérer que cet état indéterminé est un état de disponibilité à toutes les impulsions imprévues, un refus de rationaliser la conduite, qui serait compris comme la liberté absolue. L’autonomie, quant à elle, est, étymologiquement, le fait de se donner à soi-même (« auto «) sa propre loi (« nomos «). La détermination existe donc, mais elle est interne au sujet lui-même et ne lui est pas imposée par une contrainte extérieure. La liberté ne serait alors pas l’absence de toute loi, mais la soumission à des lois que l’on a créées pour soi-même.

Il va donc s’agir ici d’interroger le concept de liberté de manière à déterminer laquelle de ces deux pistes est la plus pertinente, et ce que la piste choisie finalement apporte à la compréhension du concept de liberté. On pourra partir d’une compréhension de la liberté comme absence de contraintes, que ce soit au plan individuel ou au plan collectif – politique notamment. Le choix final parmi les deux pistes proposées dépendra de la manière dont on concevra cette absence de contraintes : une contrainte que l’on choisit de se donner librement à soi-même est-elle encore une contrainte ?

 

  • La liberté demande de ne pas être déterminé

1.      La détermination prévoit et fixe tout

2.      L’homme est un être indéterminé et donc libre

3.      L’acte gratuit comme symbole de la liberté

  • Une indétermination impossible

1.      Tout acte a une cause

          2. L’homme est intégré à la nature et subit ses lois

3. Autonomie comme auto-détermination

  • L’autonomie comme possibilité d’influer sur le déterminisme et de s’en défaire

1.      L’autonomie de la loi morale

2.      L’autonomie comme nécessaire réflexion

3.      L’autonomie comme connaissance du déterminisme

« naturel, mais un acte qui procède de la raison, l'homme agit par un jugement libre qui le rend capable de diversifierson action. Kant La liberté en tant qu'homme, j'en exprime le principe pour la constitution d'une communauté dans la formule :personne ne peut me contraindre à être heureux d'une certaine manière (celle dont il conçoit le bien-être des autreshommes), mais il est permis à chacun de chercher le bonheur dans la voie qui lui semble, à lui, être la bonne, pourvuqu'il ne nuise pas à la liberté qui peut coexister avec la liberté de chacun selon une loi universelle possible(autrement dit, à ce droit d'autrui).

Un gouvernement qui serait fondé sur le principe de la bienveillance envers lepeuple, tel celui du père envers ses enfants, c'est-à-dire un gouvernement paternel, où par conséquent les sujets,tels des enfants mineurs incapables de décider de ce qui leur est vraiment utile ou nuisible, sont obligés de secomporter de manière uniquement passive, afin d'attendre uniquement du jugement du chef de l'Etat la façon dontils doivent être heureux, et uniquement de sa bonté qu'il le veuille également, - un tel gouvernement, dis-je, est leplus grand despotisme que l'on puisse concevoir (constitution qui supprime toute liberté des sujets qui, dès lors, nepossèdent plus aucun droit). Transition : on aboutit à une position qui rend l'homme entièrement responsable de sa conduite, en ce qu'il est l'unique instance qui détermine ses actions et juge de la manière dont ces dernières peuvent être – ou non –déterminées par des instances extérieures.

Poussée à son extrême, cette idée correspond à celle d'une autonomietotale de l'homme, qui est rendue possible par l'exercice de son jugement et garantit sa liberté : il reste maintenantà définir à quelles conditions cette correspondance entre autonomie et liberté est pertinente. III.

Être libre, c'est retravailler perpétuellement son autonomie Il importe de concevoir l'autonomie comme le fruit d'un travail permanent : les déterminations que l'homme se donneà lui-même ne se transforment ainsi jamais en règles figées, mais sont fondées en permanence par les circonstancesprésentes.

L'homme ne se donne pas des règles une fois pour toutes, mais les adapte de manière à recréer saliberté en fonction de sa vie présente. Aristote En menant une existence relâchée les hommes sont personnellement responsables d'être devenus eux-mêmesrelâchés, ou d'être devenus injustes ou intempérants, dans le premier cas en agissant avec perfidie et dans lesecond en passant leur vie à boire ou à commettre des excès analogues : en effet, c'est par l'exercice des actionsparticulières qu'ils acquièrent un caractère du même genre qu'elles.

On peut s'en rendre compte en observant ceuxqui s'entraînent en vue d'une compétition ou d'une activité quelconque : tout leur temps se passe en exercices.Aussi, se refuser à reconnaître que c'est à l'exercice de telles actions particulières que sont dues les dispositions denotre caractère est le fait d'un esprit singulièrement étroit. Conclusion On pourrait être tenté de définir le fait d'être libre comme un état d'indétermination, un état dans lequel on n'aaucune contrainte, aucune règle à suivre.

Mais cela contrevient à la nature de l'homme, qui est un être d'action etde jugement, et qui combine ces deux instances pour mener sa vie.

Il faut alors définir la liberté comme uneautonomie, un travail de création de lois que l'on s'applique à soi-même, travail toujours renouvelé : l'homme estainsi attentif en permanence à créer les conditions de sa propre liberté.. »

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