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Qu'est-ce qu'une idée ?

Publié le 10/02/2004

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Ajoutons, bien entendu, que les idées sont transmises par le langage, par les institutions et individualisées par la façon dont chacun assimile à sa manière les éléments d'une pensée commune, en produisant sa petite variation, liée à son histoire personnelle, à ses capacités d'attention, à la forme singulière de son expérience... L'idée finit donc par schématiser à la fois l'expérience collective et l'expérience individuelle; elle se greffe sur des notions premières transmises et acquises à la fois, et comporte un certain halo d'imprécision ou de sentiment dû à la pluralité des expériences, au débordement des images qui résultent des sensations et ne se superposent pas exactement, mais constituent cependant, si l'on peut dire, la réalité même des idées.B) Mais pourquoi l'empirisme part-il en guerre contre la théorie des idées innées ? Et d'abord comment cette théorie existait-elle; à quel besoin, à quelles difficultés d'explication répondait-elle ? Certes le représentant de la théorie auquel pense D'Alembert, c'est le philosophe du siècle précédent : Descartes, en effet, dans ses célèbres méditations peut bien, dit-il, faire table rase et douter de tout; mais il ne peut faire que la conscience qu'il a de son doute ne lui révèle sa propre existence comme une chose qui pense et, par cette intuition, de se connaître comme doutant, pensant et imparfait. Or le sentiment même de son imperfection, il ne peut le saisir que par rapport à l'idée du parfait qu'il trouve, en quelque sorte sans l'avoir formée, et qui a été, dès lors, pense-t-il, mise en lui comme la marque du Parfait lui-même. Autrement dit, voilà au moins une idée qui va servir à en former d'autres, et qui n'a point. quant à elle, été formée par l'homme. Sans elle pourtant il n'aurait pas le souci - ni l'espoir - d'une connaissance vraie. Ainsi Descartes est-il conduit àadmettre qu'il y a en nous « quelques semences de vérité », c'est-à-dire des idées qui nous rendent capables de penser d'autres idées, non pas d'une façon quelconque, mais relativement à la vérité.

« auquel pense D'Alembert, c'est le philosophe du siècle précédent : Descartes, en effet, dans ses célèbres méditations peut bien, dit-il, faire table rase et douter de tout; mais il nepeut faire que la conscience qu'il a de son doute ne lui révèle sa propreexistence comme une chose qui pense et, par cette intuition, de se connaîtrecomme doutant, pensant et imparfait.

Or le sentiment même de sonimperfection, il ne peut le saisir que par rapport à l'idée du parfait qu'il trouve,en quelque sorte sans l'avoir formée, et qui a été, dès lors, pense-t-il, miseen lui comme la marque du Parfait lui-même.

Autrement dit, voilà au moinsune idée qui va servir à en former d'autres, et qui n'a point.

quant à elle, étéformée par l'homme.

Sans elle pourtant il n'aurait pas le souci — ni l'espoir —d'une connaissance vraie.

Ainsi Descartes est-il conduit à admettre qu'il y aen nous « quelques semences de vérité », c'est-à-dire des idées qui nousrendent capables de penser d'autres idées, non pas d'une façon quelconque,mais relativement à la vérité.

Dans une pareille conception, l'idée n'est doncpoint un simple schème d'utilisation de nos sensations et de nos expériences;elle porte une connaissance au-delà des sens et de l'imagination, dont lecritère est de l'ordre de la conscience et de la logique et non pas seulementde l'ordre de l'adaptation.

Il s'agit d'une représentation stabilisée non parl'usage pratique, mais par une attention ou réflexion proprementmétaphysique qui se réfère à la nature même de la pensée comme essencedistincte du corps.C) En fait le problème des idées est encore plus ancien dans le cadre de laphilosophie classique.

En effet, si les empiristes considèrent les idées comme le produit de l'abstraction et de la généralisation, ils n'ont en vue par ces mots que l'acte d'abstraire et degénéraliser.

Mais par quelle activité (portant utilisation d'idées déjà abstraites et générales) ces actes d'abstractionet de généralisation sont-ils possibles ? Tirer l'idée de blancheur de la perception d'objets blancs, cela suppose l'idéede couleur qui est encore plus générale.

Comme le grand n'est grand que par rapport au petit (mais pourtantparticipe d'une notion de grand-en-soi, si l'on peut dire), le blanc n'est blanc que par rapport à ce qui ne l'est pas(mais qui lui est cependant comparable quant à la couleur) tout en supposant aussi une idée générale de blancheur.On arrive alors à cette indication que pour abstraire il faut avoir généralisé, alors que l'on abstrait justement pourgénéraliser, — à moins qu'il n'existe déjà des idées par elles-mêmes abstraites et générales.Ce sont des observations de ce genre qui peuvent nous faire comprendre l'orientation de la pensée platonicienne.Platon, pour s'être demandé comment nous pouvons penser des idées au-delà de nos perceptions singulières (elles-mêmes d'ailleurs débordant nos sensations), renverse en quelque sorte le processus et pose d'abord l'existenced'Idées, grâce auxquelles la connaissance du monde sensible devient pour nous possible dans un système derelativité universelle.

Certes il est difficile d'admettre un monde des Idées dont l'existence serait la véritable réalité,un monde des essences dont le nôtre ne serait que le reflet.

On comprend que, plus encore que dans la théoriecartésienne, il s'agit, pour parler comme D'Alembert, d'une hypothèse onéreuse.La difficulté n'a pas échappé à Platon qui se fait à lui-même des objections, mais se résout tout de même ausystème des Idées pour répondre aux trois questions suivantes :— Comment penser l'un dans le multiple ?— Comment le multiple dans l'un ?— Comment penser une chose alors qu'elle a péri...

si les idées n'ont pas une existence propre ?On voit là justement soulevées :1° la question de la généralisation (penser l'un, c'est-à-dire la représentation objective à propos d'une multiplicitéd'objets jugés analogues sans être identiques : le concept de table à propos de toutes sortes de tables, parexemple) ;2° la question de l'abstraction (penser le multiple : forme, couleur, matière, par exemple, dans un seul objet) ;3° l'idée de l'objet ne disparaît pas avec l'objet lui-même en tant qu'existence singulière; elle est donc indépendantede lui, tandis que l'objet dans son existence dépend d'elle.Ainsi Platon se décide-t-il à renvoyer dans un monde éternel les Idées que les empiristes devaient plus ou moinsidentifier à des images génériques issues de nos sensations.. »

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