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L'image mentale ?

Publié le 25/06/2004

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Introduction. La conception que l'on s'est faite de la nature de l'image mentale et de son rôle dans la vie de l'esprit a beaucoup varié. Essayons de marquer les principales étapes de cette évolution et de faire le point des conceptions actuelles.

I. L'image-cliché. L'image a joué jadis un grand rôle dans la psychologie empiriste, notamment dans celle de HUME et de TAINE. On connaît la formule de celui-ci, selon laquelle « l'esprit agissant est un polypier d'images mutuellement dépendantes « (De l'intelligence), tout comme le corps vivant est « un polypier de cellules «. Quant à l'image elle-même, elle n'est, selon TAINE, qu'un écho affaibli de la sensation première, elle en est aussi le substitut : « Des images d'un certain genre constituent les souvenirs, c'est-à-dire connaissance des événements passés. Des images associées aux sensations des divers sens constituent les perceptions acquises... Des images d'un certain genre et associées d'une certaine façon constituent les prévisions, c'est-à-dire la connaissance des événements futurs «. — L'image était définie ainsi comme une représentation purement statique, une sorte de cliché ou de copie de la sensation, dont les combinaisons mécaniques engendreraient tous les processus de la vie mentale. Une telle conception était solidaire d'une théorie atomiste et mécaniste de la vie de l'esprit, qui est aujourd'hui dépassée.

 

« enveloppe d'une auréole imaginaire; elle est, u avant tout, un type de mobilité spirituelle, le type de la mobilitéspirituelle la plus grande, la plus vive, la plus vivante » (L'air et les songes, p.

8).

C'est pourquoi le psychismeimaginant est essentiellement « fluidique ».

Fixée dans une forme stable et définitive, l'image prendrait peu à peu lescaractères de la perception.

Or elle se rattache à une forme de conscience toute différente, à savoir la «conscience rêveuse », à une « fonction de l'irréel », non moins essentielle à la pensée que la « fonction du réel »;car « la manière dont nous nous échappons du réel désigne nettement notre réalité intime ».

Un être privé de la «fonction de l'irréel » serait un névrosé aussi bien que l'être privé de la « fonction du réel » et, quand cette fonctiond'ouverture, de nouveauté se fait mal, la perception elle-même reste obtuse.

L'imagination apparaît ainsi, non pluscomme un jeu ou un à-côté de la pensée, mais comme « une puissance majeure de la nature humaine »; et uneimage, même très singulière, peut être « une concentration de tout le psychisme ».

— Il y a là une conceptionintéressante, mais qui, faute de quelques distinctions nécessaires, nous ramène en partie à la solution bergsoniennequi, comme le dit SARTRE (L'imagination, p.

65), consiste à « diluer les termes du problème dans une continuitéamorphe ».

Essayons, pour conclure, de la préciser. Conclusion. L'image mentale revêt, en réalité, des formes très différentes selon le niveau de conscience où on la considère.

C'est pour avoir négligé cette notion, si essentielle en Psychologie, que les interprétations précédentesdemeurent équivoques et discutables.Il n'est pas douteux que le type de l'image mentale, sous sa forme spontanée, est bien l'image de rêve, c'est-à-direcette image mouvante, changeante, fluide que nous décrit, après les bergsoniens, G.

BACHELARD.

Ce que ce derniernous dit de l'imagination est essentiellement vrai de l'imagination errante, qui se développe sur le plan du rêve, enmarge du réel.

A ce niveau, il n'est pas nécessaire de supposer, comme le fait SARTRE, une « fonction irréalisante »;car le problème de l'adaptation au réel ne s'y pose pas encore; il y a plutôt indifférence au réel.A partir de là, l'image peut évoluer en deux directions différentes.

Ou bien elle s'accompagne d'un certain sentimentde déjà-vu et s'objective en image-souvenir; elle perd alors sa fluidité et ses contours se précisent.

— Ou bien elledemeure dans le domaine de l'imaginaire; et c'est ici que l'on peut parler, en un sens, d'une « fonction de l'irréel »,c'est-à-dire d'une fonction qui consiste à exploiter plus ou moins consciemment la prolifération spontanée desimages.

Ce phénomène se constate déjà chez l'enfant, dont l'attitude est ambivalente : en un sens, la pensée del'enfant « se crée à elle-même un monde d'imagination ou de rêve sans savoir que ce monde est imaginaire » (P.JANET, De l'angoisse à l'extase); l'enfant est donc partiellement dupe de l'imaginaire; mais, d'autre part, il secomplaît dans ce monde de l'imaginaire et du merveilleux, et il cultive les ressources qu'il lui offre.

Il reste quelquechose de cette attitude ambivalente chez l'adulte, lorsqu'il s'abandonne à la rêverie.

Il y a cependant, chez l'adultenormal, une « conduite de l'image » (JANET) qui fait qu'il ne se comporte pas envers l'image fictive comme il le feraitdevant la réalité.

Enfin, ce serait une grave exagération d'identifier l'attitude du poète ou de l'artiste à un simpleabandon à « l'imaginaire ».

Chez l'un comme chez l'autre, il s'agit d'une imagination dirigée qui contrôle et disciplinele jaillissement et la métamorphose spontanés des images : « L'artiste n'est pas emporté au tourbillon des images; illes modèle » (DELACROIX, Psych.

de l'art).

Lorsque, dans certaines formes d'art ou de récit, l'imagination transposeles objets naturels et leur donne des formes aberrantes, ce travail est souvent voulu, voire systématique, et l'imagenouvelle objets naturels et leur donne des formes aberrantes, ce travail est souvent voulu, et l'image nouvelle estune véritable création de l'écrivain ou de l'artiste.. »

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