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L'imagination comme malheur de l'homme ?

Publié le 08/02/2004

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Bachelard, L'Air et les Songes, 1943. « Grâce à l'imaginaire, l'imagination est essentiellementouverte, évasive. Elle est dans le psychisme humain l'expérience même de l'ouverture, l'expérience même de la nouveauté. » Bachelard, L'Air et les Songes, 1943. « L'imagination [...], c'est la conscience tout entière en tant qu'elle réalise sa liberté. » Sartre, L'Imaginaire, 1940. « L'imagination est la folle du logis. » Malebranche, De la Recherche de la vérité, 1674-1675. « Imagination - C'est cette partie dominante dans l'homme, cette maîtresse d'erreur et de fausseté, et d'autant plus fourbe qu'elle ne l'est pas toujours.


« Ce rôle consolateur de l'imagination avait déjà été bien perçu par Épicure.

Ilaffirme ainsi dans la Lettre à Ménécée que le souvenir et l'image de plaisirspassés peuvent servir de remèdes et de consolation face à des mauxprésents (maladie, vieillesse).

L'imagination, en tant que mémoire, permet derendre présents, actuels, des biens que la réalité peut faire croiredéfinitivement perdus.Une fois encore, c'est précisément parce que l'imagination contredit la réalitéprésente qu'elle constitue un remède au malheur de l'homme.

La mêmepropriété de l'imagination peut donc avoir des effets contraires : engendrer lemalheur, ou inversement faire revenir le bonheur.

L'imagination n'est doncpas, par essence, la cause d'un supposé malheur de l'homme. 3.

L'imagination créatrice comme condition du bonheur A.

Imagination et projetBien plus, l'imagination peut même apparaître comme la condition d'un bonheurde l'homme.

En effet, elle seule peut donner à l'homme une image de sonavenir, et le déterminer dans le présent à réaliser cette image.

Dès lors,l'imagination apparaît comme la condition d'un bonheur possible, c'est-à-dired'un bonheur que l'on conçoit et que l'on s'efforce de réaliser.En ce sens, si l'homme n'imaginait pas, il serait incapable de dépasser laréalité présente : il ne pourrait faire aucun usage de sa liberté ; il ne pourraitse construire un avenir conformément à un projet.

Sartre affirme ainsi : « S'il était possible de concevoir un instantune conscience qui n'imaginerait pas, il faudrait la concevoir comme totalement engluée dans l'existence et sanspossibilité de saisir autre chose que de l'existant.

» L'image est généralement pauvre, car elle est un monde en miniature, coupé du vrai monde.

Les éléments qui laconstituent tissent entre eux un nombre de rapports finis, à la différence du symbole qui aspire et tend vers leconcept.

De plus, l'image est irréelle, car "les objets n'existent quepour autant qu'on les pense".

Il s'ensuit que la perception d'une chose concrète et la visée par laquelle notreconscience s'y rapporte sont infiniment plus féconds que la conscience d'une simple image.

L'image se réduitstrictement à la conscience qu'on en a, alors que l'objet perçu déborde constamment la conscience.

Tout est donnédans l'image, il n'y a rien à en apprendre.

Dans sa transparence, elle est la certitude même.

Un objet imaginaire peutêtre pensé de trois manières : il est soit inexistant ; soit absent ; soit existant ailleurs.

C'est à chaque fois unenégation qui le constitue, et une négation de la réalité.

"Poser une image, c'est constituer un objet en marge de latotalité du réel, c'est donc tenir le réel à distance, s'en affranchir, en un mot : le nier." Cette mise à distancenécessaire à la constitution de l'image implique que la conscience soit libre par rapport au réel même.

La consciencereste inéluctablement dans le monde, mais elle est capable de le transcender par sa liberté ; cette transcendanceet ce dépassement ne peuvent se faire que par la négation.

Le néant ne peut être une image, mais l'acte denégation en est sa condition. B.

L'imagination créatriceCe rôle fondamental de l'imagination dans la construction du projet fait apparaître la dimension créatrice del'imagination : dans l'accomplissement d'un projet, l'imagination construit la réalité et ne s'oppose plus à elle.À cet égard, le – supposé – malheur de l'homme dû à l'imagination n'est plus une donnée éternelle de la conditionhumaine.

Bien au contraire, l'imagination est ce qui permet de dépasser la réalité pour la reconstruire, en faveur d'unbonheur à venir.

Bergson, dans l'Énergie spirituelle, souligne bien cette dimension créatrice de l'imagination : tous lesinventeurs (mécaniciens, écrivains, peintres, musiciens...) construisent leurs inventions à partir d'un schéma del'imagination déterminé à l'avance. « Rien n'est plus libre que l'imagination humaine; bien qu'elle ne puisse déborder le stock primitif des idées fourniespar les sens externes et internes, elle a un pouvoir illimité de mêler, composer, séparer et diviser ces idées danstoutes les variétés de la fiction et de la rêverie.

» Hume, Enquête sur l'entendement humain, 1748. « Par l'imagination nous abandonnons le cours ordinaire des choses.

[...] Imaginer c'est s'absenter, c'est s'élancervers une vie nouvelle.

» Bachelard, L'Air et les Songes, 1943. « Grâce à l'imaginaire, l'imagination est essentiellement. »

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