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« Notre philosophe, écrit Diderot, ne se croit pas en exil dans ce monde; il ne croit point être en pays ennemi; il veut jouir en sage . économe des biens que la nature lui offre; il veut trouver du plaisir avec les autres; et pour en trouver il en faut faire; ainsi il cherche à convenir à ceux avec qui le hasard ou son choix le font vivre; et il trouve en même temps ce qui lui convient : c'est un honnête homme qui veut plaire et se rendre utile. » Estimez-vous que cette définition pui

Publié le 18/02/2011

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diderot

A l'idéal chevaleresque de la société féodale, à celui de l'humaniste de la Renaissance, de l'honnête homme des milieux mondains du XVIIe siècle, succède, au XVIIIe, l'idéal intellectuel, moral et social du philosophe dont Diderot définit avec précision les caractères dans un article de l'Encyclopédie: « Notre philosophe, écrit-il notamment, ne se croit pas en exil dans ce monde... C'est un honnête homme qui veut plaire et se rendre utile. « Ce passage, qui fait suite à la définition des qualités intellectuelles du philosophe, exprime-t-il autre chose qu'un idéal, où se révéleraient les tendances de Diderot? Malgré les retouches qu'appelle une personnalité aussi diverse, ne pourrait-on croire que c'est le portrait de Voltaire que Diderot a voulu tracer?

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« de domaines beaucoup plus vastes que les vingt arpents du bon vieillard, il s'entend à les mettre en valeur. II.

- UN HONNETE HOMME QUI VEUT PLAIRE ET ETRE UTILE La sagesse du philosophe n'est pas celle d'un homme qui ne vivrait que pour lui-même, mais celle d'un être sociable.Montesquieu et Rousseau lui-même savent que l'homme est fait pour vivre en société, bien que le caractère deJean-Jacques ne s'accommode pas de la vie des salons, auxquels il préfère « la société plus choisie que nombreused'amis aimant le plaisir », qu'il rassemblait dans sa petite maison rustique.

En cela le philosophe rejoint l'honnêtehomme dont le souci était également de plaire en société; mais il y ajoute la volonté d'être utile.1° Trouver du plaisir avec les autres.L'honnête homme, tel le chevalier de Méré, fruit d'un milieu mondain, était un homme de bonne compagnie : plus queles qualités morales proprement dites, ce sont les usages du monde qui le font apprécier, et ce sont les qualitésintellectuelles d'un esprit universel qui donnent du charme à sa conversation.Que Voltaire ait aimé la vie de société, toute son existence le prouve : soit qu'il fréquente les salons ou les coursroyales (de Stanislas et de Frédéric), soit qu'il accorde lui-même une large hospitalité à Ferney, lorsqu'il devient «l'aubergiste de l'Europe ».

Il se montre spontanément aimable et il cherche à convenir à tous ceux avec qui lehasard le fait vivre.

Mais il se montre encore enclin à l'amitié pour ceux qui répondent à ses avances.

« Où estl'amitié est la patrie », dit-il.

Thiériot, Mme du Châtelet, Frédéric (malgré les, brouilles qui traversent cette amitié),en sont des exemples.

« Personne ne pouvait être plus courtois, plus gracieux, plus raffiné que Voltaire dans lecommerce de l'amitié et du monde » (J.

Orieux).Le charme qu'il trouve dans cette vie de société n'est pas vulgaire; c'est celui d'une civilisation où les plaisirs del'esprit sont portés à leur plus haut point, notamment celui de la conversation auquel il ne contribuait pas moins qu'iln'en jouissait.

Marmontel a particulièrement admiré les conversations de Voltaire et de Vauvenargues qui « étaientce que jamais on put entendre de plus riche et de plus fécond ».

J.

Orieux écrit dans son Voltaire (p.

248) : « Il futinégalable dans cet art de la conversation.

»On serait d'ailleurs incomplet si, dans cet agrément de la vie de société, on ne mentionnait pas le divertissementthéâtral auquel il fait une place durant toute sa vie et si, dans son art de plaire, on oubliait celui de l'écrivain : dupoète qui a charmé son époque et plus encore du conteur qui contribue à nous procurer le plaisir le plus délicat parson esprit et par son ironie.

Ainsi : tout contribue à faire de Voltaire « un honnête homme qui veut plaire ». 2° Se rendre utile.C'est assurément par le souci d'être utile que le philosophe se distingue; mais si chez tous les philosophes du XVIIIecette utilité est celle de l'écrivain engagé dans une lutte pour améliorer le sort de l'homme, chez Voltaire elle estd'abord celle de l'homme d'action. A.

L'homme d'action.Par son tempérament, par l'exemple du milieu social auquel il appartient, par sa philosophie enfin, Voltaire estconvaincu que l'homme est né pour l'action.

A la vie contemplative de Pascal pour qui l'activité humaine n'est qu'undivertissement, il préfère la vie active; à l'oisiveté de la noblesse française qui croit déroger en travaillant, il opposele « juste orgueil » du marchand anglais qui contribue à la puissance de son pays.S'il s'entend à mettre ses biens en valeur — notamment à Ferney il considère son oeuvre comme une actioncivilisatrice : « Un repaire de 40 sauvages est devenu une petite ville opulente habitée par 1200 personnes utiles.

»En améliorant les méthodes de culture, en créant des ateliers d'horlogerie, une tannerie, une fabrique de bas desoie, il contribue à la prospérité de la région.

« Je joins à l'agrément d'avoir un château d'une jolie structure et àcelui d'avoir planté des jardins singuliers, le plaisir d'être utile au pays que j'ai choisi pour ma retraite.

J'ai obtenu duConseil le dessèchement des marais qui infectaient la province et y portaient la stérilité.

J'ai fait défricher desbruyères immenses, en un mot, j'ai mis en pratique la théorie de mon Épître.

» Cette Épître à Horace (1772) montreque son épicurisme est loin d'être égoïste : J'ai fait un peu de bien; c'est mon meilleur ouvrage. Il ne se contente d'ailleurs pas de porter la vie dans une région sauvage, de la coloniser; il veut l'affranchir de lagabelle et du servage.

En même temps il recueille l'arrière-petite-nièce de Corneille, la dote en publiant les oeuvresdu grand poète accompagnées d'un Commentaire, s'occupe de son mariage.

L'imagerie populaire contribue à faire dupatriarche de Ferney un homme actif et bienfaisant. B.

Le philosophe engagé.Ce qui plus que tout caractérise le philosophe, c'est son engagement.

L'écrivain classique cherchait surtout à plaireou ne visait qu'à l'utilité morale; de Montaigne à Pascal, le moraliste pensait que « la société n'a que faire de nospensées » et qu'il est « dangereux de dire au peuple que les lois ne sont pas justes », mais qu'il faut réserver poursa « pensée de derrière » toutes ses critiques; au contraire le philosophe fait de la littérature une arme de combat,devient militant et s'attaque aux problèmes de la société dans laquelle il vit.

Mais si cela caractérise tous les. »

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