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Peut-on tout savoir par soi-même ?

Publié le 25/12/2005

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Cette question présentée ainsi est doublement étonnante. Notamment parce qu'elle implique déjà que nous puissions tout savoir, par nous-mêmes ou par un autre moyen. A la question « Peut-on tout savoir ? », il apparaîtrait d'autant plus surprenant que nous puissions répondre affirmativement. Certes, cette recherche constante dans les différents domaines du savoir témoigne bien d'une aspiration à saisir le tout comme une totalité de connaissances. Leibniz, par exemple, à son époque savait un peu près tout . Cependant, les spécialisations que chaque domaine d'étude possède aujourd'hui nous rendent la tâche impensable. La totalité du savoir, disons l'omniscience, n'est-elle pas impossible à atteindre pour les êtres finis et limités que nous sommes ? Nous n'avons pas le temps nécessaire à accorder à une connaissance infinie. Pourtant, il se pourrait bien que quel que soit le problème présenté à nos yeux, issu de diverses sciences, il suffise que nous essayions de le résoudre avec une méthode de déduction rigoureuse pour en obtenir une réponse. Ce « tout savoir » ne reposerait pas alors dans la quantité infinie des connaissances, mais sur la capacité de résoudre par déduction tout problème qui se présenterait à nous. Or, en même temps, cela signifierait que tout un chacun en s'aidant de la pure raison parviendrait à connaître toutes choses. Quel serait alors la valeur d'un échange avec autrui dans ces conditions ? Si chacun se suffit à soi-même, les rapports sociaux, et plus largement la société tout entière, n'ont plus grande raison d'être, ce qui paraît paradoxale pour les animaux politiques que nous sommes. Il s'agit donc de se demander ici par quel moyen et par quelle attitude le sujet peut-il se constituer un savoir.

« de spécialistes en chaque domaine.

C'est en ce sens que Hegel écrivait dans sa Phénoménologie de l'Esprit contre des romantiques qui pensaient que la vérité n'apparaissait que de manièreintime au sujet.

« Puisque le sens commun fait appel au sentiment, son oracleintérieur, il rompt tout contact avec qui n'est pas de son avis, il est ainsi contraint d'expliquer qu'il n'a rien d'autre à dire à celui qui ne trouve pas etqui ne sent pas en soi-même la même vérité ; en d'autres termes, il foule auxpieds la racine de l'humanité, car la nature de l'humanité c'est de tendre à unaccord mutuel, son existence est seulement dans la communauté instituéedes consciences.

» Les hommes ne peuvent donc tendre à un savoir totalqu'en s'intéressant à ce qui est hors d'eux-mêmes, et aux autres enparticulier.

III/ Ce savoir doit sans cesse être renouvelé Ce projet commun d'une expansion du savoir nous porte alors àrecevoir de chacun le maximum de connaissances possibles.

Or, sommes-noussimplement des contenants dans lesquels il serait possible de verser desconnaissances qui s'accumuleraient avec le temps ? Il semble bien, àl'inverse, que nous ne puissions augmenter notre savoir que par lequestionnement.

Celui-ci nécessite cependant un doute, une certainecuriosité ( au bon sens du terme) ou une volonté manifeste d'en savoir plus.C'est donc une attitude active du sujet qui permet un élan vers le savoir.

Or,s'il est une caractéristique du savoir ou de la vérité, c'est qu'il ne nousapparaît pas toujours comme nous le croyons et même comme nous sommes certains de le maîtriser.

Le faitd'apprendre toujours de nouvelles choses implique en effet que le savoir se retire toujours à nous et que nousferions la plus grande erreur du monde si nous croyions le maîtriser absolument.

Cette caractéristique essentielle dusavoir n'est donc pas à ignorer dans la mesure où elle nous conduirait à l'ignorance en nous passant de toute remiseen question.

Ce qui nous empêcherait de tout savoir, ce serait une attitude qui ignorerait toute difficulté, tout pointd'ombre dans la connaissance, par empressement à saisir le tout.

Référons-nous à Bachelard dans ce passage de La formation de l'esprit scientifique : « C'est dans l'acte même de connaître, intimement, qu'apparaissent, pas une sorte de nécessité fonctionnelle, des lenteurs et des troubles.

C'est là que nous montrerons des causes destagnation et même de régression, c'est là que nous décèlerons des causes d'inertie que nous appellerons desobstacles épistémologiques (…)En revenant sur un passé d'erreurs, on trouve la vérité en un véritable repentirintellectuel.

En fait, on connaît contre une connaissance antérieure, en détruisant des connaissances mal faites, ensurmontant ce qui dans l'esprit même, fait obstacle à la spiritualisation (…) Face au réel, ce qu'on croît savoirclairement offusque ce qu'on devrait savoir.

Quand il se présente à la culture scientifique, l'esprit n'est jamais jeune.Il est même très vieux car il a l'âge de ses préjugés.

Accéder à la science, c'est spirituellement, rajeunir, c'estaccepter une mutation brusque qui doit contredire un passé.

» Cette attitude face à notre propre savoir est doncnécessaire pour l'améliorer.

Ce que nous accumulons de connaissances doit être pensé, fouillé, remis en question detelle sorte que ce tout reste vivant.

Conclusion : -Un travail sur soi est nécessaire pour parvenir à tout savoir-Cette méthode ne peut se passer de rapports sociaux enrichissants.-Les connaissances ainsi acquises réclament une attitude de remise en question.

On ne peut parvenir à tout savoir par soi-même si on ne fait pas vivre ce savoir en l'éprouvant quotidiennement.. »

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