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Quels rapports y a-t-il entre jugement e volonté ?

Publié le 18/03/2004

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Nous n'examinons que l'affirmation constituée par l'adhésion intérieure à une proposition explicite ou implicite. Nous adhérons à bien des propositions dont nous ne voyons pas la vérité. Cette adhésion est souvent commandée par l'habitude. Ceux qui répètent et admettent comme vraie cette proposition de PROUDHON : « La propriété c'est le vol », comprennent bien le sens des mots; mais il en est peu qui soient capables de voir l'âme de vérité contenue dans cette formule. On l'admet parce qu'on l'a entendu affirmer cent fois et aussi parce qu'elle répond à certaines aspirations personnelles. Il est en effet une seconde cause de ces adhésions indépendantes d'une vue de l'esprit : la passion qui nous fait préjuger, c'est-à-dire juger avant d'avoir vu. D'avance notre ennemi a tort, et tout est admirable en celui que nous «dorons. Pour terminer cette étude, il nous reste à déterminer lequel des deux éléments qui constituent le jugement achevé est le plus essentiel. De l'aboulique, qui a la vue nette mais qui manque de la vigueur nécessaire pour aboutir à l'affirmation et croire à la réalité de ce qu'il voit, on ne dira pas que son jugement est atrophié ou que la faculté de juger est atteinte en lui. L'anomalie dont il souffre est en quelque sorte extérieure à l'intelligence qui juge.

« l'esprit à ce qui est vu.

Ainsi que nous l'avons dit, les maladies de la croyance sont des maladies dei la volonté.Mais l'acte essentiel du jugement, la vue du rapport entre les objets de pensée, est un acte de l'intelligence surlequel la volonté ne peut rien immédiatement.

La volonté la plus énergique est incapable de me faire voir le contrairede ce que je vois.

Nous pouvons donc répondre à la première question : le jugement, dans ce qu'il a de plusessentiel, est indépendant de la volonté.

En préparant la réponse à la première question, nous avons déblayé le terrain pour la seconde et nous pourrons êtreplus brefs pour décider si la volonté est déterminée par le jugement.On entend par volonté le pouvoir d'agir rationnellement, c'est-à-dire d'après des motifs ou des raisons, et non passeulement sous l'influence, de mobiles ou de causes.

L'animal est mené par les impulsions inconscientes etirréfléchies de l'instinct et des appétits.

L'homme, un contraire, est capable de prendre conscience des attraits etdes répulsions qu'il éprouve, de les juger et de se décider d'après les appréciations de sa raison.Il est classique de distinguer dans l'acte volontaire ou volition quatre moments : la conception de l'acte à accomplir,la délibération, la décision et l'exécution.

Mais, étant donné notre propos, nous pouvons ramener ces moments àdeux, qui correspondent aux deux éléments que nous avons distingués dans le jugement; d'abord la vue et l'examendes raisons, puis la décision.Ce sont là deux actes distincts et relativement indépendants l'un de l'autre.

Nous connaissons des individus à l'espritpénétrant qui ont vite aperçu les raisons d'un choix, mais n'en sont pas moins incapables de passer à l'action : ilsont du jugement, mais ils manquent de volonté.

D'autres savent prendre leurs responsabilités quand la situation estclaire, mais eux aussi restent souvent dans l'indécision parce que facilement la situation leur paraît obscure : ils nemanquent pas de volonté, mais d'intelligence.

Il est enfin une troisième catégorie de gens qui ne savent pas vouloir,parce que précisément ils se décident trop vite, avant d'avoir vu les raisons de leur décision : l'impulsion qui manqueaux abouliques se trouve chez eux en excès; ce ne sont cependant pas de vrais volontaires, car la volonté consisteà agir par raison et leurs décisions sont déterminées par le prurit d'agir et non par des motifs rationnels.De ces deux moments que nous venons de distinguer dans l'acte volontaire, le moment essentiel est la décision : ladécouverte et l'examen des motifs préparent ou conditionnent la volition, mais ne la constituent pas.Nous avons ainsi la réponse implicite à la question posée : il n'y a pas d'acte volontaire sans un jugement affirmantles raisons d'agir; mais il ne suffit pas de juger qu'une action est raisonnable ou même avantageuse pour que ladécision suive automatiquement; il y faut de plus ce mystérieux déclenchement donné par la volonté.C'est encore par la négative que nous répondrons à la seconde des questions que nous nous étions posées : lejugement ne détermine pas la volition.Le jugement et la volition relèvent donc de facultés différentes, mais nous devons reconnaître entre elles uneétroite parenté.En tant que faculté de jugement, l'intelligence n'est pas un simple pouvoir de se représenter, comparable au miroirqui reflète passivement les objets qui se présentent à lui, sans les transformer.

Même chez l'aboulique qui voit lerapport des choses sans l'affirmer et sans y croire, l'esprit conserve une certaine activité.

Ce rapport ne lui est pasdonné.

: il doit l'établir.

Des termes juxtaposés il fait une synthèse.

Tout jugement est donc actif el comme c'est laraison qu'il met en jeu, nous pouvons lui reconnaître une certaine volonté.D'autre part, nous l'avons assez dit, la volonté n'est pas seulement la faculté d'agir : elle est la faculté d'agirrationnellement et une volonté lie mérite le qualificatif de « forte » que dans la mesure où sa force s'appuie sur desraisons.Nous pouvons donc conclure que le jugement et la volonté sont deux pouvoirs d'un même et unique esprit qu'onretrouve tout entier, quoique à des degrés divers, dans chacun de ses actes.. »

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