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A quoi l'homme doit-il renoncer pour pouvoir vivre en société ?

Publié le 09/04/2004

Extrait du document

 "L'homme est un animal qui, du moment où il vit parmi d'autres individus de son espèce, a besoin d'un maître. Car il abuse à coup sûr de sa liberté à l'égard de ses semblables, et, quoique, en tant que créature raisonnable, il souhaite une loi qui limite la liberté de tous, son penchant animal à l'égoïsme l'incite toutefois à se réserver dans toute la mesure du possible un régime d'exception pour lui-même. Il lui faut donc un maître qui batte en brèche sa volonté particulière et le force à obéir à une volonté universellement valable, grâce à laquelle chacun puisse être libre. Mais où va-t-il trouver ce maître ? Nulle part ailleurs que dans l'espèce humaine. Or, ce maître, à son tour, est tout comme lui un animal qui a besoin d'un maître. De quelque façon qu'il s'y prenne, on ne conçoit vraiment pas comment il pourrait se procurer pour établir la justice publique un chef juste par lui-même : soit qu'il choisisse à cet effet une personne unique, soit qu'il s'adresse à une élite de personnes triées au sein d'une société. Car chacune d'elles abusera toujours de la liberté si elle n'a personne au-dessus d'elle pour imposer vis-à-vis d'elle-même l'autorité des lois.

Sur quoi porte l’expression « à quoi renoncer « ?  On se demandera s’il s’agit de réalités matérielles ou bien de quelque chose de plus fondamental. En même temps, la question ne suggère-t-elle pas que l’on ne sait pas quel est l’objet du renoncement ? Peut-être alors n’a-t-il pas d’objet du tout ?  Le mot « homme « centre ici notre réflexion sur l’homme en général. Au sens le plus large, on peut se demander si quand on renonce à quelque chose, ce n’est pas qu’on avait déjà cette chose et qu’on la perd. Mais ne peut-on pas aussi renoncer volontairement en échange de ce qu’on estime plus important, plus essentiel ?  La notion de société quant à elle est plus centrée sur la vie en commun, la communauté, que sur le gouvernement. Autant l’Etat dirige, autant la société met en commun. Cependant, la société suppose presque toujours un Etat qui la gouverne. Il y a donc à la fois des avantages à vivre en société et des inconvénients.  D’un côté, la vie en société semble imposer un renoncement par les règles et les lois qu’elle impose. D’un autre côté, ce renoncement s’accompagne d’avantages puisqu’il rend la vie commune possible.  A quoi alors renonce-t-on exactement si ce à quoi on renonce est compensé par des avantages ?  Il faut se demander ici à quelles conditions le renoncement imposé par la vie en société est positif, et si alors les avantages sont plus importants que ce à quoi on renonce, au point que peut-être on ne renoncerait à rien.

« b) Ne pas vouloir renoncer à ses désirs particuliers est égoïsme, c'est-à-dire dépendance envers soi-même : on peuttomber dans la passion qui par définition est passivité. c) Ce à quoi on renonce alors est une liberté illusoire, celle consistant à faire ce qui plaît sans savoir ce que l'onfait. Transition : Si la liberté à laquelle je renonce n'est qu'illusion de liberté, alors il se peut que dans ce renoncement je construise une liberté véritable.

Mais à quelles conditions ? 3) Sur quoi alors doit reposer la vie en société pour que les renoncements qu'elle m'impose me fassegagner une vraie liberté ? a) Il faut que les règles qu'elle m'impose soient faites par un pouvoir et un législateur soucieux du bien commun. b) Il faut que les règles soient justes, c'est-à-dire obéissent à la raison en visant l'égalité et le respect mutuel : quema liberté n'empiète pas sur celle d'autrui. c) La société démocratique en ce sens est un modèle puisque c'est le peuple qui participe activement à l'élaborationdes lois auxquelles il obéit lui-même. Conclusion La vie en société semble m'imposer de renoncer à ma liberté individuelle puisqu'elle est réglée par le principe decommunauté.

Cependant, cette liberté individuelle n'est peut-être pas la vraie liberté au sens où elle n'est que ledésir de faire ce que bon me semble.

Renoncer à cette forme illusoire de liberté, c'est donc me donner les moyens,si les règles de la société sont justes, de gagner une forme plus élevée de liberté : celle qui consiste à épanouir monhumanité en vivant en harmonie avec les autres.

Je ne renonce alors à rien en vivant en société. SUPPLEMENT: "L'homme est un animal qui, du moment où il vitparmi d'autres individus de son espèce, a besoin d'un maître.

Caril abuse à coup sûr de sa liberté à l'égard de ses semblables, et,quoique, en tant que créature raisonnable, il souhaite une loi quilimite la liberté de tous, son penchant animal à l'égoïsme l'incitetoutefois à se réserver dans toute la mesure du possible unrégime d'exception pour lui-même.

Il lui faut donc un maître quibatte en brèche sa volonté particulière et le force à obéir à unevolonté universellement valable, grâce à laquelle chacun puisseêtre libre.

Mais où va-t-il trouver ce maître ? Nulle part ailleurs quedans l'espèce humaine.

Or, ce maître, à son tour, est tout commelui un animal qui a besoin d'un maître.

De quelque façon qu'il s'yprenne, on ne conçoit vraiment pas comment il pourrait seprocurer pour établir la justice publique un chef juste par lui-même : soit qu'il choisisse à cet effet une personne unique, soitqu'il s'adresse à une élite de personnes triées au sein d'unesociété.

Car chacune d'elles abusera toujours de la liberté si ellen'a personne au-dessus d'elle pour imposer vis-à-vis d'elle-mêmel'autorité des lois." KANT.

Introduction Ces lignes de Kant posent le problème du pouvoir politique, celui de sa possibilité même.

L'idée générale dutexte est la suivante : comment trouver un maître n'ayant pas besoin d'un maître ? Ceci semble impossible,puisque celui qui a pour tâche de gouverner est un homme affecté par la grossièreté de sa nature et chez quidomine le penchant animal à l'égoïsme.

Dès lors, la possibilité même d'un pouvoir juste faisant régner unevolonté universelle semble singulièrement mise en question.

En fait, le mal humain paraît vicier tout pouvoirpolitique.Dans la première ligne, Kant pose, de manière saisissante, l'homme comme animalité requérant une maîtrise.Dans la première partie du texte (« car il abuse...

libre »), Kant explicite ce thème.

Il souligne la dualitéhumaine (égoïsme et, en même temps, penchant à l'universalité).Dans la seconde partie du texte (« Mais...

des lois »), Kant montre que la description précédente se réitère àpropos de tout individu et rend extrêmement difficile le problème du pouvoir politique : le maître, qui doitmodeler la société en fonction d'une loi universelle, est lui aussi un animal égoïste.

Dès lors, le problème de lajustice publique semble insoluble.. »

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