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Y a-t-il un tribunal de l'histoire ?

Publié le 31/01/2004

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histoire
)Nous disons donc que rien ne s'est fait sans être soutenu par l'intérêt de ceux qui y ont collaboré. Cet intérêt, nous l'appelons passion lorsque refoulant tous les autres intérêts ou buts, l'individualité tout entière se projette sur un objectif avec toutes les fibres intérieures de son vouloir et concentre dans ce but ses forces et tous ses besoins. En ce sens, nous devons dire que rien de grand ne s'est accompli dans le monde sans passion".HEGEL, La Raison dans l'Histoire, tr. K. Papaioannou, Paris, 10/18, pp. 107-108. L'histoire est le tribunal du monde"Dans leurs relations entre eux, les États se comportent en tant que particuliers. Par suite, c'est le jeu le plus mobile de la particularité intérieure, des passions, des intérêts, des buts, des talents, des vertus, de la violence, de l'injustice et du vice, de la contingence extérieure à la plus haute puissance que puisse prendre ce phénomène. C'est un jeu où l'organisme moral lui-même, l'indépendance de l'État, est exposée au hasard.


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« dialectique se produit l'esprit universel, l'esprit du monde en tant qu'illimité, et en même temps c'est lui qui exercesur eux son droit (et c'est le droit suprême), dans l'histoire du monde comme tribunal du monde".HEGEL, Principes de la Philosophie du Droit, 340. I - LES TERMES DU SUJET L'histoire désigne ici le devenir des sociétés et non l'histoire de tel ou tel individu.

Il s'agit de savoir si le devenir estorienté dans le sens d'une plus grande justice.

On pourrait alors dire que l'histoire est constituée par le fait que leshommes jugent de façon toujours plus pertinente des institutions sociales, et qu'ils modifient leurs sociétés enconséquence. La question posée n'est pas de savoir si cette représentation de l'histoire est juste, mais s'il est juste d'y croire. Le terme "juste" doit ici être pris en deux sens.

"Juste" peut vouloir dire "vrai".

On se demande alors si cettereprésentation de l'histoire est conforme à la réalité.

Mais "juste" peut être envisagé dans le sens de "moral".

Laquestion a alors un sens dans le cas où cette représentation de l'histoire est fausse.

Est-il moral de dire quel'histoire progresse vers le "juste" même dans le cas où cela est faux. II - ANALYSE DU PROBLEME Le problème posé ici est lié à l'idée fondamentale des philosophies de l'histoire : l'histoire a un sens, elle est orientéevers un but. La question est de savoir si une telle orientation existe.

Si elle existe et que cette orientation nous dirige vers uneplus grande justice, l'avenir nous révèlera ce qui dans notre présent était juste, et ce qui au contraire était injuste. Un autre problème se pose dans l'hypothèse où l'histoire n'est pas orientée vers le juste.

On peut alors se demandersi les conditions de l'action morale ne nous imposent pas de croire que l'histoire progresse vers le juste.

Nous serionsalors convaincus qu'il est possible de rendre notre présent plus juste, et nous ferions d'autant plus d'efforts à cettefin. III - LES GRANDES LIGNES DE LA REFLEXION Dans un premier temps, on pourrait poser la question du but moral de l'histoire. Dans un second temps, on pourrait se demander si la croyance en un tel but moral n'a pas elle-même une nécessitémorale. IV - UNE DEMARCHE POSSIBLE 1 - L'avenir juge du présent HEGEL achève ses Principes de la philosophie du droit par cette remarque : "l'histoire est le tribunal du monde"(paragraphe 340).

Cette thèse, à laquelle le sujet se réfère implicitement, fait corps avec la philosophie de l'histoirede HEGEL.

Le philosophe voit dans l'histoire un progrès de la raison et de la liberté.

C'est-à-dire qu'il soutient que lessociétés qui se succèdent dans l'histoire sont organisées de telle sorte qu'elles parviennent de mieux en mieux àrespecter la liberté.

On voit ici que c'est parce que l'histoire respecte toujours plus la plus haute des valeurs (laliberté), qu'elle est en fait tribunal du monde. Mais il est tout a fait possible de contester cette représentation de l'histoire.

On pourrait à cette fin s'appuyer surles thèses marxiennes.

MARX a en effet montré que si l'on voulait rechercher une cause du devenir de l'histoire,c'est dans les conditions économiques plutôt que dans une conscience morale qu'on la trouverait.

Et on pourraitnoter qu'aujourd'hui, les historiens tentent d'expliquer l'histoire sans avoir plus recours aux hypothèses dephilosophie de l'histoire. 2 - La nécessité morale de la croyance en une orientation morale de l'histoire On doit à KANT une défense originale des philosophies de l'histoire.

Selon lui, l'orientation morale de l'histoire ne doitpas être considérée comme une vérité analogue à celles des sciences de la nature.

Une telle conception de l'histoirepeut ne pas être vraie.

Elle est néanmoins totalement légitime.

Et c'est pourquoi il pourrait être juste d'affirmer quel'histoire jugera. Pour KANT, c'est un devoir moral que de s'efforcer, autant que possible, de rendre plus juste la société dans laquelle. »

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