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L'art est-il illusion de la vérité ?

Publié le 18/04/2010

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illusion

L'art est-il illusion de la vérité ?

On comprend ici que l’art peut dévoiler une certaine vérité, sa vérité mais qui n’est en fait qu’une illusion, la vérité se trouvant ailleurs, dans un domaine différent. Ce qui est sous-entendu ici, ce sont les conceptions platoniciennes de l’art, qui voient en ce dernier que le pâle reflet, éloigné de trois degrés de la vérité. Le premier degré étant le domaine des idées, le second celui du monde sensible, et enfin le dernier niveau, celui de l’art, qui n’est que le reflet du monde sensible, par nature trompeur. Mais n’y a-t-il un autre point de vue possible, l’œuvre d’art n’est-elle pas au contraire un moyen de révéler une vérité inattendue, de dégager une nouvelle vérité des apparences ? 

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« Si, répondit-il, du moins un lit apparent.Et le menuisier ? N'as-tu pas dit tout à l'heure qu'il ne faisait point la Forme (eidos), ou, d'après nous, ce qui est lelit, mais un lit particulier ?Je l'ai dit en effet.Or donc, s'il ne fait point ce qui est, il ne fait point l'objet réel, mais un objet qui ressemble à ce dernier, sans enavoir la réalité [...]Maintenant, considère ce point : lequel de ces deux buts se propose la peinture relativement à chaque objet : est-ce de représenter ce qui est tel qu'il est, ou ce qui paraît, tel qu'il paraît ? Est-elle l'imitation de l'apparence ou de laréalité ? De l'apparence.L'imitation est donc loin du vrai, et si elle façonne tous les objets, c'est, semble-t-il, parce qu'elle ne touche qu'àune petite partie de chacun, laquelle n'est d'ailleurs qu'un simulacre (eidôlon )...Lorsque quelqu'un vient nous annoncer qu'il a trouvé un homme instruit de tous les métiers, qui connaît tout ce quechacun connaît dans sa partie [...], il faut lui répondre qu'il est un naïf, et qu'apparemment il a rencontré uncharlatan et un imitateur.

" PLATON Ce texte capital concerne le problème de la mimèsis ; par la médiation de Socrate, Platon y soutient que l'art,apparence d'apparence, n'est très précisément, rien.Cette condamnation philosophique de l'art est ontologique : l'apparence est une illusion sans substance ou sansréalité, un néant ; elle est épistémologique : l'omniscience de l'imitateur qui prétend tout imiter ne repose suraucune science ; elle est morale : « chacun ne peut pratiquer qu'un métier » (394 e) et prétendre les pratiquer tousest non seulement une duperie mais une « injustice » au sens platonicien : la Justice est la vertu hors pair quimaintient toute chose (hommes et puissances de l'âme) dans sa position propre, or, dans sa polytechnicité,l'imitation ouvre l'errance sans fin de la perte du propre ou de l'identité et, avec elle, le risque de la folie (cf.

396 b).En effet l'imitateur produit non pas simplement une image, une icône (eikôn) qui respecte les proportions de sonmodèle (comme l'art égyptien, dont parle Platon dans Les Lois, qui utilisait le procédé de la mise en carré) mais unfantôme (phantasma), un simulacre (eidolon) ou une « idole » qui se substitue au modèle et le fait oublier.

C'est ceque font ces imitateurs que sont les peintres réalistes, les seuls que Platon condamne : ce sont des « skiagraphes», des peintres d'ombres (skiai) qui utilisent le raccourci, le modelé et la perspective.

Comme Zeuxis qui avec sesraisins en peinture trompait les pigeons, et tous les peintres décadents qu'allait connaître la Grèce hellénistique, cesont des experts en trompe l'oeil.

Dans Le Sophiste Platon opposera à l'art de la copie (eikastique), l'art du simulacre(phantastique) qui produit des simulacres trompeurs analogues à ceux que produisent les « montreurs demarionnettes » (c'est-à-dire les artistes, les sophistes...) de la caverne (514 b).L'intervention du miroir permet à Platon d'opérer ce coup de force : l'artiste, au rebours de l'artisan qui, comme ledémiurge, impose une forme à une matière rebelle, ne fait, à proprement parler, rien ; le miroir est ici un instrumentà l'efficacité redoutable et inquiétante, un instrument diabolique au sens étymologique du terme puisqu'il permet dediviser (dia-balein) le monde ou de donner du monde un double fascinant et illusoire.Thèse - Dévalorisation de l'art au nom de la vérité.

Cette dévalorisation a pour fondement la dévalorisation dumonde sensible an nom de cette même vérité.

Et valorisation ontologique du Beau, Idée ou Essence.La critique platonicienne vise surtout les arts suivants : la poésie, la sculpture, la peinture.

Dans la « République » (II), Platon n'est pas loin d'exiler de la Cité idéale les poètes s'ils ne se soumettent pas à lavérité.

Il conteste donc l'autonomie de l'art et la liberté de l'artiste.

Dans le « Phèdre » (248 d-c) Platon établit unehiérarchie des existences humaines en fonction de leur degré de perfection c'est à dire de connaissance.

Il distingueneuf degrés qui vont de la vie philosophique (premier degré) à la vie tyrannique (dernier degré).

L'artiste imitateuroccupe la 6e place, l'artisan et le laboureur la 7c, le sophiste la 8e.Pourquoi ? Pourquoi un tel voisinage du sophiste et de l'artiste ? Une telle condamnation de l'art ? 1) Parce que l'artiste comme le sophiste possède un savoir-faire qui est un savoir-tromper.

a) Poètes et peintres n'enfantent que des fictions.

Les poètes, Homère, Hésiode, ne sont que « faiseurs decontes », en outre contes dangereux car ils véhiculent une fausse image des Dieux et des Héros.

Par exemple, lesDieux sont jaloux, se font la guerre et les pires vilenies.

Or, « la bonté n'appartient-elle pas à ce qui est divinité? »(Rep.379).

D'autre part, représenter les Dieux à l'image de l'homme, ne pas en faire des modèles de vertu, n'est-cepas encourager le mal? Les peintres et sculpteurs, quant à eux, illustrent les fictions inventées par les premier.

etcréditent le mensonge.b) Pour plaire ces fictions doivent avoir l'apparence du vrai.

Le savoir-faire de l'artiste est donc bien semblable àcelui du sophiste puisqu'il permet de produire l'illusion du vrai, de présenter comme vrai ce qui ne l'est pas et n'en aque l'apparence en utilisant les séductions du sensible (flatterie, plaisirs des sens ...

).

Par exemple le bon peintreest celui qui est capable de représenter dans un espace à deux dimensions un objet qui, lui, occupe un espace àtrois dimensions.

Plus l'image produite par le peintre semble vraie, plus elle est en fait infidèle à son modèle tel qu'ilest.

L'exactitude de l'art repose sur la déformation du réel sensible (cf.

les règles de 1a perspective).

2) Parce que l'art n'est qu'imitation.

L'imitation de quoi ? Des apparences sensibles, de la réalité telle qu'elle se manifeste à nous par l'intermédiaire denos sens.

C'est dans la juste mesure où le poète ne s'élève pas au dessus des apparences sensibles qu'il représenteles Dieux à l'image des hommes.

L'art conforte les hommes dans leur erreur première : ce qui est, est ce quiapparaît.

L'art n'est qu'illustration de l'opinion, représentation de la représentation subjective.. »

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