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Le bonheur se mérite-t-il ?

Publié le 26/10/2005

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A-t-on une attitude superstitieuse ? Le mérite relève-t-il d'une croyance qui justifierait notre passivité par rapport au bonheur ? Doit-on à l'opposé se rendre heureux activement ? Si le bonheur repose sur une attitude, il est dans l'être et non dans l'avoir : on a parfois tous tendance à penser que le bonheur est lié à ce qu'on posséderait, alors qu'il est peut-être davantage lié à ce que l'on est (et partant à ce qu'on fait, si cela définit notre être). Et que serait l'idée d'un bonheur qu'on ne mérite pas ? Un bonheur non mérité n'est-il pas en définitive un faux bonheur ? Ce serait un bonheur dont on sait nous-mêmes qu'il ne nous est pas dû : le bonheur qui se mérite serait le vrai bonheur qui nous serait dû (voir la Lettre que Descartes a écrite à la princesse Élisabeth datée du 6 octobre 1645) ? La question finalement est de savoir qui peut décider si l'on mérite ou non d'être heureux. Comment évaluerait-on le mérite ? Le bonheur n'aurait pas de valeur intrinsèque pour lui-même ou absolue mais une valeur relative à une action, à un faire, à une attitude.

« Kant, Fondements de la métaphysique des moeurs Le concept du bonheur est un concept si indéterminé, que, malgré le désirqu'a tout homme d'arriver à être heureux, personne ne peut jamais dire entermes précis et cohérents ce que véritablement il désire et il veut.

La raisonen est que tous les éléments qui font partie du concept du bonheur sont dansleur ensemble empiriques, c'est-à-dire qu'ils doivent être empruntés àl'expérience ; et que cependant pour l'idée du bonheur un tout absolu, unmaximum de bien-être dans mon état présent et dans toute ma conditionfuture, est nécessaire. Or il est impossible qu'un être fini, si perspicace et en même temps si puissantqu'on le suppose, se fasse un concept déterminé de ce qu'il veut icivéritablement.

Veut-il la richesse ? Que de soucis, que d'envie, que de piègesne peut-il pas par là attirer sur sa tête ! Veut-il beaucoup de connaissance etde lumières ? Peut-être cela ne fera-t-il que lui donner un regard pluspénétrant pour lui représenter d'une manière d'autant plus terrible les mauxqui jusqu'à présent se dérobent encore à sa vue et qui sont pourtantinévitables, ou bien que charger de plus de besoins encore ses désirs qu'il adéjà bien assez de peine à satisfaire.

Veut-il une longue vie ? Qui lui répondque ce ne serait pas une longue souffrance ? Veut-il du moins la santé ? Quede fois l'indisposition du corps a détourné d'excès où aurait fait tomber une santé parfaite, etc.

! Bref, il est incapable de déterminer avec une entière certitude d'après quelque principe ce qui le rendraitvéritablement heureux : pour cela il lui faudrait l'omniscience.

(...) Il suit de là que les impératifs de la prudence, àparler exactement, ne peuvent commander en rien, c'est-à-dire représenter des actions d'une manière objectivecomme pratiquement nécessaires, qu'il faut les tenir plutôt pour des conseils (consilia) que pour descommandements (proecepta) de la raison ; le problème qui consiste à déterminer d'une façon sûre et générale quelleaction peut favoriser le bonheur d'un être raisonnable est un problème tout à fait insoluble ; il n'y a donc pas à cetégard d'impératif qui puisse commander, au sens strict du mot, de faire ce qui rend heureux, parce que le bonheurest un idéal, non de la raison, mais de l'imagination, fondé uniquement sur des principes empiriques, dont onattendrait vainement qu'ils puissent déterminer une action par laquelle serait atteinte la totalité d'une série deconséquences en réalité infinie... Le philosophe allemand KANT a déjà rédigé son premier grand livre de métaphysique (ou plus exactement de critique de la métaphysique), « Critique de la raison pure » (1781), lorsqu'il entreprend une première approche de la morale avec les « Fondements de la métaphysique des mœurs » (1785) qui précéderont de trois ans son grand ouvrage sur la morale : « Critique de la raison pratique » (1788). On connaît le résultat de cette critique de la métaphysique : sur les questions de l'âme (le sujet profond de notre expérience interne), du monde (le tout complet de la réalité, objet de notre expérience externe), et de Dieu (considéré comme fondement suprême de la totalité des êtres),nous ne pouvons que nous livrer à des spéculations métaphysiques qui dépassent les limites de l'expérience effective possible.

Un savoirmétaphysique transcendant, portant sur la réalité non sensible (les noumènes), est impossible.

Voilà ce que révèle la démarche critique, quis'interroge sur les conditions a priori de possibilité de la connaissance.

Une fois ce travail accompli, KANT cherche à appliquer cette même méthode critique à la morale, en s'interrogeant cette fois sur les conditions de possibilité de l'action morale. C'est cette investigation qui fait le contenu des « Fondements de la métaphysique ».

Et passant en revue les thèmes traditionnels de la philosophie morale, KANT ne manque pas de rencontrer la question du bonheur et, dans la deuxième section de l'ouvrage (« Passage de la philosophie morale populaire à la métaphysique des mœurs »), de mettre fortement en question cette notion en la rattachant non à la raison , mais seulement à l'imagination : « Il n'y a pas à cet égard d'impératif qui puisse commander, au sens strict du mot, de faire ce qui rend heureux, parce que le bonheur est un idéal, non de la raison, mais de l'imagination, fondé uniquement sur des principes empiriques, dont on attendrait vainementqu'ils puissent déterminer une action par laquelle serait atteinte la totalité d'une série de conséquences en réalité infinie.

» « Un impératif qui puisse commander… » Ceci ne prend pleinement sens qu'à l'intérieur du système de KANT .

On sait que pour lui, dans la nature, toute chose agit d'après des lois.

Mais notre monde humain n'est pas seulement celui de la nature, il est bien plus spécifiquement celui dela culture.

Les hommes ne sont pas des choses, mais des êtres raisonnables, qui n'agissent pas tellement sous la pression des contraintes de lanature mais bien plutôt selon leur volonté.

Autrement dit, dans leurs actions, les hommes ont la capacité d'agir selon des principes, selon lareprésentation qu'ils se font de ce qui est raisonnable.

Eux aussi (comme les choses de la nature) obéissent à des lois, mais en tant qu'êtres deculture ils obéissent consciemment à des lois qu'ils se sont données eux-mêmes et qui sont conformes à la raison.

Le malheur de l'homme tient à cequ'il n'est pas entièrement un être raisonnable, qu'il n'est pas totalement déterminé dans ses actions par la représentation objective du bien.

Entrela loi et lui (cad son vouloir) doit s'interposer le devoir qui s'exprime par des impératifs. Mais KANT opère la distinction entre des impératifs hypothétiques et des impératifs catégoriques.

A chaque fois, il s'agit de l'homme conçu comme un sujet capable d'être déterminé pratiquement par la raison, et se posant la question de savoir si l'action qu'il va entreprendre est bonneou non.

Ou bien cette action est bonne comme un moyen obligé pour obtenir quelque chose d'autre, et l'impératif (qui est la formule par laquelleest déterminé l'action) est un impératif hypothétique.

Ou bien l'action qui doit être accomplie est bonne « en soi », elle est nécessaire par elle-même, elle est sans rapport avec un autre but, et l'impératif qui la commande est catégorique. Le détour par cette grille conceptuelle est nécessaire pour comprendre ce qu'il en est du bonheur dans le système de KANT .

Il faut savoir aussi que KANT distingue, parmi les impératifs hypothétiques, ceux qu'il appelle « problématiques » (se rapportant à une fin seulement possible) et. »

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