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La Controverse De Valladolid

Publié le 29/07/2010

Extrait du document

 

CONTEXTE HISTORIQUE En 1492, les Espagnols posent le pied pour la première fois sur un nouveau continent, que Christophe Colomb croyait être les Indes Orientales, contrée tant convoitée pour ses richesses et épiées. La Couronne d'Espagne a besoin de conquérir de nouveaux territoires. Au lieu de découvrir les fameuses Indes d'Orient vantées par Colomb quelques années plus tôt, elle prend possession des terres qu'elle nommera la Nouvelle Espagne, les Amériques autrement dit, dont les autochtones, les Indiens, découvrent à mesure que les colons arrivent, que cette arrivée va bouleverser leur vie. Pillages, commerce d'esclaves, massacres et humiliations cruelles, profanations et mise à sac de la culture indienne. les Espagnols et les Portugais ne comprennent pas les Indiens, à plus forte raison que la Nouvelle Espagne ne comble pas les espérances financières de la Couronne. En effet, dès 1493, Christophe Colomb, alors Vice-roi des Indes défend dans sa correspondance avec Isabelle de Castille, la valeur marchande des Indiens, main-d'œuvre qu'il expédie par bateau en Espagne, en compensation de maigres richesses découvertes dans les Antilles. La découverte avait en effet coûté très cher aux Rois catholiques, et les Indiens assimilés à une richesse apparaissent pour le Génois comme une solution rentable.

CONTEXTE RELIGIEUX L'Eglise ne comprend pas tout à fait ces nouvelles peuplades dont nombre de représentants sont amenés en Espagne, où ils sont considérés comme des animaux de foire, des sauvages par les uns, et jugés dignes d'une entière humanité, fascinants même, par les autres. Bref, les Indiens intriguent. Nous avons parlé d'humanité ; c'est justement la question que la Monarchie apostolique se pose : les Indiens sont-ils des hommes comme les autres peuples ? Sont-ils les descendants d'Adam et Eve, ceux des tribus perdues d'Israël, ou bien une race inférieure qu'il faut asservir ? Comment faut-il conquérir le nouveau continent ? La théologie scholastique, dans les universités de Salamanque et Alcalà en particulier, réfléchit sur la notion de société, sur les droits des païens. Vitoria (1543-15??), docteur dominicain à Salamanque, professe en 1532 des leçons sur les Indiens et le droit de la guerre. L'aventure de Cortez commence en 1519. Depuis la décennie précédente, les missions ont beaucoup d'importance. Les premiers franciscains arrivent au Mexique en 1523. Il se répète alors ce qui s'était passé dans les Caraïbes en 1492-1500. C'est l'occasion de la rencontre entre la réflexion thomiste et la présence de gens sur le terrain, qui font vite connaître leur mécontentement. Pour la Somme Théologique, une société est un donné de la nature; toutes les sociétés sont d'égale dignité : une société de païens n'est pas moins légitime qu'une société chrétienne. Une souveraineté païenne est donc possible, y compris sur des chrétiens. II est dès lors difficile de considérer comme sainte une guerre faite à des infidèles; même quand ils persécutent des chrétiens, cela n'autorise pas à les convertir de force. Au début du XVIe siècle, cette idée est appliquée aux Indiens, qui sont chez eux. On n'a pas le droit de les convertir de force, la propagation de la foi doit se faire de manière évangélique. Le cardinal Cajetan (Tan'as de Vio), général des Dominicains, s'intéresse aux missions vers le nouveau monde. Commentant la Somme Théologique à propos de la notion de rapine, il s'intéresse à la conquête militaire d'un territoire occupé par des infidèles. Le Christ envoyait des prédicateurs et non des guerriers, c'est donc un péché de répandre la foi chrétienne par la guerre. En 1532, Vitoria fait une application explicite de la leçon thomiste à la situation dans le nouveau monde. Ceux qui y vont n'ont pas un titre de propriété mais un devoir de mission. DATE La controverse de Valladolid s'est déroulée en deux séances d'un mois chacune, d'août à septembre 1550 et de mi-avril à mi-mai 1551. Six mois séparent donc les discussions II faut dire que la controverse éprouve "physiquement" les participants. LIEU Ce que l'on nomme " controverse de Valladolid " est le débat demandé par Charles Quint au collège Saint-Grégoire de Valladolid. PERSONNAGES Le choix des protagonistes qui se réunissent à Valladolid en juillet 1550 se révèle particulièrement important pour statuer sur le cas indien. Charles Quint souhaite établir le meilleur constat possible et réunit pour ce faire, deux spécialistes du problème indien, qu'il va décider d'opposer dans cette controverse : le frère dominicain Bartolomé de Las Casas et le Dr Ginès de Sépulveda. Charles Quint a choisi Las Casas car il reste le protecteur officiel de la cause indienne, malgré leur probable différend depuis les Lois nouvelles de 1542 - Las Casas ayant amené le Roi à casser le système des encomiendas, lui valant un esclandre général de ses titulaires. L'Empereur avait dénoncé ces lois à grand peine, mais il décide pourtant de passer outre cet épisode difficile. Face au dominicain, il convoque Sépulveda, prêtre, éminent théologien et humaniste. Ce personnage est l'opposé de Las Casas : il est l'un des confesseurs du Roi, ayant justifié par le passé les conquêtes en Méditerranée et en Allemagne, et à présent il revendique la juste cause espagnole dans le Nouveau Monde (Démocrates premier et second consacrés au bien-fondé de la conquête américaine). Ces deux autorités vont entrer en lice pour s'opposer sur la conquête des Indes au libre jugement d'un collège de théologiens prestigieux, de juristes et administrateurs, réunis pour l'occasion. Ce jury est représentatif de toutes les instances espagnoles qui sont à cette époque concernés par la conquête américaine. On notera donc la présence de quinze juges : sept membres du Conseil des Indes, deux membres du Conseil Royal Suprême, un membre du Conseil des grands ordres chevaleresques, trois théologiens dominicains, un théologien franciscain et un évêque. Il faut noter la présence de théologiens et dominicains de renom, émanant de la grande école de Salamanque, première université espagnole de l'époque, des spécialistes des Indes, ainsi que deux inquisiteurs du Conseil Royal Suprême. La présence des trois dominicains est importante pour Las Casas car deux d'entre eux, Melchor Cano et Bartolomé Carranza de Miranda, sont acquis à la cause indienne et rejettent le concept de "juste conquête " défendu par Sépulveda. Ils faisaient partie, avec Las Casas en tête, de ceux qui souhaitaient censurer les écrits de Sépulveda, notamment son Démocrates second au moment où celui-ci réclamait l'imprimatur. Le troisième dominicain Domingo de Soto, est plus neutre : il s'oppose à las Casas en ce sens qu'il tient à rester éloigné de la polémique et des controverses d'Amérique. Objectif et réservé, il ira même jusqu'à sanctionner les emportements de son frère d'habit, le taxant " d'en dire plus que nécessaire ". Le moine franciscain présent à la controverse est Bernadino de Arévalo. A l'instar de ses frères dominicains, il s'est rendu dans les Indes et il y a même occupé un rôle majeur dans l'administration et le suivi de la mission franciscaine sur place. Expert juriste et théologien reconnu, son intervention au cours de la deuxième partie de la controverse (mi-avril, mi-mai 1551), permettra de clarifier le débat, au détriment semble-t-il, de Las Casas. Il est en effet acquis à la cause de Sépulveda. La controverse de Valladolid n'a pas seulement consisté en une réunion de quatre juges religieux (cinq si l'on compte l'évêque, présent par intermittences et silencieux la plupart du temps), mais également à la présence d'administrateurs et juristes, à commencer par le Conseil des Indes : ils représentent le gouvernement espagnol en Amérique et ils sont sept à avoir été convoqué. Il convient de noter la présence de deux juges laïcs, Gutierre Velasquez de Lugo et le Dr Gregorio Lopez. Ils connaissent bien la situation espagnole en Amérique et ont de solides convictions à ce sujet. Ils savent également les abus commis en Nouvelle Espagne, mais n'adhèrent pas pour autant systématiquement aux théories lascasiennes. Leurs positions semblent refléter celle du Conseil des Indes au moment de la controverse, ce qui n'est pas pour avantager Las Casas en définitive. Avec le Conseil des Indes, le Conseil des Ordres chevaleresques et le Conseil Royal Suprême, c'est l'ensemble des instances d'administration de l'Etat espagnol qui sont présentes à Valladolid. Fernand Manrique, comte d'Osorno, représente le Conseil des Ordres en sa qualité de président. Pour la Suprema, il faut retenir la présence de Francisco Tello de Sandoval, ancien inquisiteur de Tolède. Son rapport sur le ressentiment des colons espagnols, consécutivement à la promulgation des Lois nouvelles en 1542, ont amené Charles Quint à dénoncer ces textes. A noter que l'Inquisition espagnole, moins virulente qu'en France à la même époque, a joué un rôle efficace et déterminant dans l'évangélisation de la Nouvelle Espagne. En sa qualité d'inquisiteur et d'envoyé spécial du Roi, Tello de Sandoval est une personnalité importante pour la controverse, qui s'oppose à las Casas, l'instigateur de la fin des encomienda s, dans les premiers textes des Lois nouvelles. Ainsi, le choix des participants fait par Charles Quint, montre à quel point le monarque a souhaité l'objectivité du débat, parce que deux théories complètement opposées sur la question indienne sont représentées, celle de las Casas et de Sépulveda. Mais au-delà de la confrontation des deux hommes, on assiste à une répartition équilibrée des opinions chez les participants, pour une plus grande implication et un constat espéré plus objectif sur la conquête. Bartholomé de Las Casas Son père et son oncle accompagnaient Colomb en 1493. Né en 1484, il part en 1502 à Saint Domingue avec son père et y reçoit des terres. Il est ordonné prêtre. En 1511, il entend prêcher Antonio Martesinos, un père dominicain, prenant à partie les auditeurs. Les années 1510 sont celles où l'on a des doutes sur la réalisation des objectifs primitifs. Les lois de Burgos (1512-1513) sont le premier cadre légal de protection des populations indigènes. Bartholomé de las Casas se fait prédicateur, regagne l'Espagne et y rencontre Cisneros. Il souhaite apporter aux îles ce que l'Espagne a de meilleur. II s'agit pour lui d'établir une colonie chrétienne agricole, pour aboutir à une fusion entre les Castillans et les Indiens, sous la houlette du clergé. Cisneros lui adresse des instructions, et Las Casas retourne aux îles en 1521. Il pense aller sur la côte Pacifique. En 1523, il entre chez les Dominicains, et commence à voyager sur le continent américain. Il veut mettre fin aux conquêtes armées destinées à trouver des métaux précieux, et au système de possession foncière des Indiens. Jinez de Sépulveda Brillant théologien et humaniste reconnu, Sépulveda est chapelain et chroniqueur-confesseur de Charles Quint depuis 1536. C'est un des plus grands hellénistes connu pour ses traductions des œuvres d'Aristote et sa maîtrise du grec. Ayant une grand influence il combat la Réforme de Luther, la pensée d'Erasme, la controverse de Valladolid sera pour lui le moyen d'une meilleure compréhension des théories lascasiennes. Il a publié de nombreux ouvrages et nous pouvons retenir, dans le cadre de la controverse son livre intitulé Démocrates premier, ou de la compatibilité entre la discipline et la religion chrétienne en 1535, qui consiste en une exhortation à la guerre contre les turcs. C'est un traité de la "juste guerre" conférant aux campagnes impériales la légitimité de conquête en Europe et en Méditerranée. Suite aux Lois nouvelles de 1542, Sépulveda écrit un second traité, dans la même veine que Democrates premier, ciblé sur les "justes guerres d'Amérique" et l'attitude que doit adopter l'Espagne face aux "païens indiens ". Ce livre sera longtemps en attente d'une licence de publication, et c'est sur la base de ce traité que Sépulveda fondera son argumentation à Valladolid. Il faut savoir que le Democrates second du théologien est resté non publié pendant plusieurs années car Sépulveda a du faire face a deux types de censures. La première, imposée par l'époque, parce que les tensions provoquées par la situation espagnole en Amérique, ne permettaient pas selon les autorités royales, la publication d'un tel ouvrage. Pourtant après en avoir appelé à l'intervention de Charles Quint pour que l'ouvrage soit réétudié par la commission, le livre allait paraître C'était sans compter avec une seconde censure, provoquée par las Casas. Opposé en tout à Sépulveda, il fit pression sur les dominicains des universités d'Alcala et de Salamanque pour obtenir la prohibition théologique de Democrates second. Cette dictature morale de las Casas n'a pas été tolérée par le Roi, qui a donc décidé d'accorder une chance au théologien de pouvoir défendre ses opinions devant son censeur. OBJECTIFS DU DEBAT Ce que l'on nomme " controverse de Valladolid " est le débat demandé par Charles Quint, qui réunissait théologiens, juristes et administrateurs du royaume, afin qu'il se "traite et parle de la manière dont devaient se faire les conquêtes dans le Nouveau Monde, suspendues par lui, pour qu'elles se fassent avec justice et en sécurité de conscience." La Couronne mène des campagnes de sensibilisation des pouvoirs menées en Espagne en faveur des Indiens, ainsi que limiter le pouvoir des patrons d'encomiendas. Ce sont des contingents d'Indiens placés sous la juridiction d'un colon blanc à qui ils sont «recommandés« en vue de l'évangélisation et qui comporte des servitudes (tribut, travail...). sont à l'origine des lois interdisant la vente des terres indiennes aux colons blancs et aussi des reducciones. Les «réductions« étaient un système alternatif à celui des encomiendas, et visaient à reconstituer des communautés indiennes agraires et à les doter de terres et d'une gestion autonome. Le but était à la fois économique (en faire des unités d'exploitation de type européen) et spirituel (évangéliser). Les réductions furent confiées à des missionnaires ou à des corregidores d'indiens, mais elles furent surtout représentatives des zones de missions. Entre 1550 et 1580, l'ancien régime du travail gratuit et illimité des Indiens fut remplacé par un système de travail obligatoire et rétribué; cependant cela ne représenta qu'un piètre progrès par rapport aux premières encomiendas. Les abus, les illégalités et les extorsions furent monnaie courante. L'esclavage continue aussi d'exister jusqu'en 1542, date à laquelle on le supprime sans restrictions pour les Indiens. On continue cependant de la pratiquer clandestinement (en particulier au Chili), et ce n'est qu'à partir du XVIIe siècle qu'il disparaît. Il est alors remplacé par l'esclavage des noirs. Il ne faut pas oublier que l'esclavage continue d'exister en Espagne même : à la fin du XVIe siècle, il y a entre 50 000 et 80 000 esclaves en Espagne, dont plus de 60 % en Andalousie. Ils sont baptisés dès leur arrivée dans la péninsule, mais ne deviennent pas libres pour autant. Cela se fait soit par affranchissement (le plus souvent par testament), soit par rachat de l'esclave par lui-même. Environ 40 % des esclaves travaillent au service d'artisans. La période de la Renaissance est loin d'être pacifiée. On assiste à des phénomènes d'angoisse, de crainte. Dans ce contexte apparaissent les terres nouvelles de l'Amérique. Pour las Casas, les Indes sont l'Enfer, et les diables sont les Espagnols. Il publie en 1552 Très brève relation de da destruction des Indes : cet ouvrage relève de la littérature apocalyptique; Dieu ne laissera pas impunies les cruautés des Espagnols dans le Nouveau Monde. L'idée d'un nouveau monde est aussi celle d'un nouveau départ. LES REPERCUSSIONS Le vaincu Bartolomé de Las Casas voit ses thèses désavouées et se lance dans une course à la dénonciation systématique. Avec le déroulement des débats, il avait peu à peu dévoilé ses motivations et consécutivement a la controverse, il décide de publier des traités, sans avoir reçu l'autorisation royale de la commission de censeurs, dont il sait qu'il n'aurait pas obtenu leur aval. Ainsi paraissent huit de ses Traités entre 1552 et 1553, qui ne recevront jamais licence d'être imprimé. Autre fait qu'il convient de noter : proche de la mort. Las Casas écrit au pape Pie V en 1566, pour lui demander de dénoncer les missions épiscopales octroyées par lui en Nouvelle Espagne. Cette incitation à la révolte n'a eu aucun effet sur la présence ecclésiastique espagnole au Nouveau Monde. Le dominicain mourra peu de temps après, avec le Roi, les Conseils et nombre de frères d'habit contre lui. La défaite de Las Casas étant clairement établie, la colonisation reprend, soit pour les raisons développées par Sépulveda, soit dans le but de contrer les conflits déclenchés par l'investigation espagnole sur les terres américaines. Plusieurs tribus, à l'image de la tribu des Araucans au Chili en 1554 se révoltent et s'opposent à la conquête. Au Pérou et au Mexique, les évêques cautionnent les combats. Rien ne change les "conquêtes-découvertes" définies dans les Lois nouvelles de 1542 ni leur suspension depuis 1550, mais des cédules planifient les avancées espagnoles dans les terres américaines. Seul changement notoire : les pillages, cruautés et mises à mort inutiles sont proscrites définitivement, la guerre devant s'effectuer selon un "motif juste", ainsi que l'avait recommandé Sépulveda. De même, l'influence du théologien sur la réglementation en vigueur dans les nouveaux territoires est marquée : les Indiens qui entravent l'expansion de la doctrine catholique de quelque manière que ce soit sont mis à mort. cette résolution à laquelle Las Casas était farouchement opposé parce qu'incompatible avec la foi chrétienne, semble pourtant peu refléter les décisions prises à Valladolid. Dans les années 1570, l'Espagne apparaît comme le champion du catholicisme. Reprendre les arguments de Las Casas est alors très utile à la légende noire anti-espagnole, née en Italie du temps des guerres italiennes dans la première moitié du XVI° siècle. La critique est particulièrement virulente à Venise, sauf à l'époque de Lépante, l'Espagne est en effet présente à Milan, dans les États du pape et sur les côtes du royaume de Naples). Avec l'irruption du calvinisme se développe l'idée que l'Espagne est un pays tyrannique, avec comme preuve le fait que les Espagnols ont exterminé les Indiens. Cette idée apparaît dans la presse de Venise puis de Genève, et un ouvrage de Las Casas parait à Francfort, illustré par des planches. Chaque fois qu'une puissance est hostile à l'Espagne, elle réédite Las Casas. L'épisode de Vallodolid pose également la question du droit d'un peuple à prendre possession des territoires d'autrui, au nom de la ferveur chrétienne, précepte reflétant une conception médiévale de la religion qui reste encore d'actualité. La controverse de Valladolid, " le premier procès des Droits de l'Homme " ? A n'en pas douter, car il s'agit bien du droit de l'homme à l'existence, à la reconnaissance de sa condition.

 

« sur place.

Expert juriste et théologien reconnu, son intervention au cours de la deuxième partie de la controverse(mi-avril, mi-mai 1551), permettra de clarifier le débat, au détriment semble-t-il, de Las Casas.

Il est en effet acquisà la cause de Sépulveda.

La controverse de Valladolid n'a pas seulement consisté en une réunion de quatre jugesreligieux (cinq si l'on compte l'évêque, présent par intermittences et silencieux la plupart du temps), mais égalementà la présence d'administrateurs et juristes, à commencer par le Conseil des Indes : ils représentent le gouvernementespagnol en Amérique et ils sont sept à avoir été convoqué.

Il convient de noter la présence de deux juges laïcs,Gutierre Velasquez de Lugo et le Dr Gregorio Lopez.

Ils connaissent bien la situation espagnole en Amérique et ontde solides convictions à ce sujet.

Ils savent également les abus commis en Nouvelle Espagne, mais n'adhèrent paspour autant systématiquement aux théories lascasiennes.

Leurs positions semblent refléter celle du Conseil desIndes au moment de la controverse, ce qui n'est pas pour avantager Las Casas en définitive.

Avec le Conseil desIndes, le Conseil des Ordres chevaleresques et le Conseil Royal Suprême, c'est l'ensemble des instancesd'administration de l'Etat espagnol qui sont présentes à Valladolid.

Fernand Manrique, comte d'Osorno, représente leConseil des Ordres en sa qualité de président.

Pour la Suprema, il faut retenir la présence de Francisco Tello deSandoval, ancien inquisiteur de Tolède.

Son rapport sur le ressentiment des colons espagnols, consécutivement à lapromulgation des Lois nouvelles en 1542, ont amené Charles Quint à dénoncer ces textes.

A noter que l'Inquisitionespagnole, moins virulente qu'en France à la même époque, a joué un rôle efficace et déterminant dansl'évangélisation de la Nouvelle Espagne.

En sa qualité d'inquisiteur et d'envoyé spécial du Roi, Tello de Sandoval estune personnalité importante pour la controverse, qui s'oppose à las Casas, l'instigateur de la fin des encomiendas,dans les premiers textes des Lois nouvelles. Ainsi, le choix des participants fait par Charles Quint, montre à quel point le monarque a souhaité l'objectivité dudébat, parce que deux théories complètement opposées sur la question indienne sont représentées, celle de lasCasas et de Sépulveda.

Mais au-delà de la confrontation des deux hommes, on assiste à une répartition équilibréedes opinions chez les participants, pour une plus grande implication et un constat espéré plus objectif sur laconquête.

Bartholomé de Las Casas Son père et son oncle accompagnaient Colomb en 1493.

Né en 1484, il part en1502 à Saint Domingue avec son père et y reçoit des terres.

Il est ordonné prêtre.

En 1511, il entend prêcherAntonio Martesinos, un père dominicain, prenant à partie les auditeurs.

Les années 1510 sont celles où l'on a desdoutes sur la réalisation des objectifs primitifs.

Les lois de Burgos (1512-1513) sont le premier cadre légal deprotection des populations indigènes.

Bartholomé de las Casas se fait prédicateur, regagne l'Espagne et y rencontreCisneros.

Il souhaite apporter aux îles ce que l'Espagne a de meilleur.

II s'agit pour lui d'établir une coloniechrétienne agricole, pour aboutir à une fusion entre les Castillans et les Indiens, sous la houlette du clergé.

Cisneroslui adresse des instructions, et Las Casas retourne aux îles en 1521.

Il pense aller sur la côte Pacifique.

En 1523, ilentre chez les Dominicains, et commence à voyager sur le continent américain.

Il veut mettre fin aux conquêtesarmées destinées à trouver des métaux précieux, et au système de possession foncière des Indiens.

Jinez deSépulveda Brillant théologien et humaniste reconnu, Sépulveda est chapelain et chroniqueur-confesseur de CharlesQuint depuis 1536.

C'est un des plus grands hellénistes connu pour ses traductions des œuvres d'Aristote et samaîtrise du grec.

Ayant une grand influence il combat la Réforme de Luther, la pensée d'Erasme, la controverse deValladolid sera pour lui le moyen d'une meilleure compréhension des théories lascasiennes.

Il a publié de nombreuxouvrages et nous pouvons retenir, dans le cadre de la controverse son livre intitulé Démocrates premier, ou de lacompatibilité entre la discipline et la religion chrétienne en 1535, qui consiste en une exhortation à la guerre contreles turcs.

C'est un traité de la "juste guerre" conférant aux campagnes impériales la légitimité de conquête enEurope et en Méditerranée.

Suite aux Lois nouvelles de 1542, Sépulveda écrit un second traité, dans la même veineque Democrates premier, ciblé sur les "justes guerres d'Amérique" et l'attitude que doit adopter l'Espagne face aux"païens indiens ".

Ce livre sera longtemps en attente d'une licence de publication, et c'est sur la base de ce traitéque Sépulveda fondera son argumentation à Valladolid.

Il faut savoir que le Democrates second du théologien estresté non publié pendant plusieurs années car Sépulveda a du faire face a deux types de censures.

La première,imposée par l'époque, parce que les tensions provoquées par la situation espagnole en Amérique, ne permettaientpas selon les autorités royales, la publication d'un tel ouvrage.

Pourtant après en avoir appelé à l'intervention deCharles Quint pour que l'ouvrage soit réétudié par la commission, le livre allait paraître C'était sans compter avecune seconde censure, provoquée par las Casas.

Opposé en tout à Sépulveda, il fit pression sur les dominicains desuniversités d'Alcala et de Salamanque pour obtenir la prohibition théologique de Democrates second.

Cette dictaturemorale de las Casas n'a pas été tolérée par le Roi, qui a donc décidé d'accorder une chance au théologien depouvoir défendre ses opinions devant son censeur.

OBJECTIFS DU DEBAT Ce que l'on nomme " controverse deValladolid " est le débat demandé par Charles Quint, qui réunissait théologiens, juristes et administrateurs duroyaume, afin qu'il se "traite et parle de la manière dont devaient se faire les conquêtes dans le Nouveau Monde,suspendues par lui, pour qu'elles se fassent avec justice et en sécurité de conscience." La Couronne mène descampagnes de sensibilisation des pouvoirs menées en Espagne en faveur des Indiens, ainsi que limiter le pouvoir despatrons d'encomiendas.

Ce sont des contingents d'Indiens placés sous la juridiction d'un colon blanc à qui ils sont«recommandés» en vue de l'évangélisation et qui comporte des servitudes (tribut, travail...).

sont à l'origine des loisinterdisant la vente des terres indiennes aux colons blancs et aussi des reducciones.

Les «réductions» étaient unsystème alternatif à celui des encomiendas, et visaient à reconstituer des communautés indiennes agraires et à lesdoter de terres et d'une gestion autonome.

Le but était à la fois économique (en faire des unités d'exploitation detype européen) et spirituel (évangéliser).

Les réductions furent confiées à des missionnaires ou à des corregidoresd'indiens, mais elles furent surtout représentatives des zones de missions.

Entre 1550 et 1580, l'ancien régime dutravail gratuit et illimité des Indiens fut remplacé par un système de travail obligatoire et rétribué; cependant celane représenta qu'un piètre progrès par rapport aux premières encomiendas.

Les abus, les illégalités et les extorsionsfurent monnaie courante.

L'esclavage continue aussi d'exister jusqu'en 1542, date à laquelle on le supprime sansrestrictions pour les Indiens.

On continue cependant de la pratiquer clandestinement (en particulier au Chili), et cen'est qu'à partir du XVIIe siècle qu'il disparaît.

Il est alors remplacé par l'esclavage des noirs.

Il ne faut pas oublier. »

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