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Dans son livre sur Racine, Thierry Maulnier écrit : « Dans des tragédies impitoyables et sauvages, les femmes de Racine sont ce qu'il y a de plus sauvage et de plus impitoyable... » Selon lui, elles l'emportent sur les hommes non seulement « en ardeur, en sensualité, en amoralité, en courage meurtrier et en lucidité, mais encore en poésie. Presque tout ce qui est poétique chez Racine, dans le langage de la passion, est dans la bouche des femmes. » Étudiez le personnage d'Hermione en ap

Publié le 17/02/2011

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INTRODUCTION

Pendant longtemps la critique a commenté la pièce d'Andromaque d'un point de vue surtout moral : on admirait dans les classes l'amour maternel d'Andromaque, sa dignité de veuve, sa vertu qualifiée de « coquette «. On déplorait l'amoralité d'Hermione qui n'avait pas pitié d'Astyanax. On avait oublié que le personnage principal n'est pas Andromaque, mais Hermione dont les fureurs et l'amoralité font précisément l'intérêt de la pièce.

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« Mais cette dissimulation n'est pas du vice, comme chez Tartuffe : c'est une forme naturelle de la passion.

Hermione ne cesse d'être naïve; elle se représente Pyrrhus comme le héros d'épopée et de roman : Intrépide, et partout suivi de la victoire, Charmant, fidèle enfin, rien ne manque à sa gloire (v.

833-834). Cette tragique illusion provoquera la réaction meurtrière de l'acte IV. II.

- LA SAUVAGERIE IMPITOYABLE a) Avec Oreste.

— Dans l'acte IV, Hermione domine et ruine à la fois les deux hommes qui auraient pu faire sonbonheur.

Elle les surclasse en lucidité, en passion, en promptitude à la décision et à l'action.

Comparée àAndromaque, froide et gémissante, aux deux pleutres Pyrrhus et Oreste, elle est vraiment le personnage tragique par excellence.

Elle veut le drame, l'exécution immédiate de ses ordres.Aucune prudence aucun calcul ne la retiennent.

Sa réaction est instinctive.

D'abord cette jalouse haine ne s'exprimequ'en demi-vers : Fais-tu venir Oreste?...

(v.

1142) Je veux savoir, seigneur, si vous m'aimez...

(v.

1152). Vengez-moi, je crois tout (v.

1157). Mais Oreste est décidément trop geignard, peu empressé à tuer son rival.

Il ne sait pas qu'un amour absolu va sansremords jusqu'au crime.

Et Hermione, superbe, le rappelle à ses « devoirs » : Ne vous suffit-il pas que je l'ai condamné? Ne vous suffit-il pas que ma gloire offensée...

(v.

1188-1189). Sans pitié ni pour l'un ni pour l'autre, elle couvre son soupirant d'injures.

Mais déjà le dénouement se prépare : S'il ne meurt aujourd'hui, je puis l'aimer demain (v.

12oo). ...

Et tout ingrat qu'il est, il me sera plus doux De mourir avec lui que de vivre avec vous (v.1247-1248). b) Avec Pyrrhus.

— Mais l'illogisme essentiel de cette passion, qui suit toujours l'impulsion du moment présent,éclate lorsque, voulant accentuer sa vengeance en la proclamant, elle voit venir Pyrrhus ; sans savoir la cause deson arrivée, elle lui pardonne : Ah ! cours après Oreste ; et dis-lui, ma Cléone, Qu'il n'entreprenne rien sans revoir Hermione ! (V.

1273-1274). Mais Pyrrhus lui donne son congé.

En un persiflage cruel Hermione cingle et déchire celui qu'elle a aimé : Couronner tour à tour l'esclave et la princesse...

(v.

1321) Tout cela part d'un coeur toujours maître de soi...(v.

'323) Mais là où Hermione est la plus belle, la plus furieuse, la plus absolue c'est dans ses imprécations : Je ne t'ai point aimé, cruel?...

(v.

1356). ...

Va, cours, mais crains encor d'y trouver Hermione (v.

1386). C'est l'amour sauvage qui s'exprime en un style pathétique, violent, nuancé et subtil. On y voit, selon Thierry Maulnier, « l'intransigeance du héros tragique, ce mouvement qui le porte à s'engagerintégralement, cette totale ignorance qui est en lui de la fantaisie, du jeu, du désintéressement, cette toute-puissance de l'instinct, cette violence emportée et cette cruauté sans limites ». III.

- LA POESIE Dans le rythme haletant, les sanglots furieux de l'adieu à Pyrrhus (V.

1356-1386), une certaine poésie émanait de ladouleur d'Hermione.

Cette douleur apparaît encore dans le désarroi du monologue qui commence l'acte V et préparele dénouement en faisant pressentir que, malgré le triomphe de la haine, l'amour est toujours brûlant.. »

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