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Discutez ce jugement d'un critique contemporain sur les tragédies de Racine : « Les tragédies de Racine qui restent les plus vivantes sont celles où, par le recul du temps, par le prestige des vieilles légendes, nous sortons plus aisément de la réalité historique pour entrer dans une sorte de féerie. Britannicus peut être « la pièce des connaisseurs »; ce n'est sans doute pas celle qui touche le plus. Les pièces qui gardent bien mieux le « je ne sais quoi » qui gagne les coeurs, ce son

Publié le 10/02/2011

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racine

I. — Préparation du sujet    1. Procédons, comme toujours, par rapprochement de termes.    a) On verra aussitôt que l'auteur classe les tragédies de Racine en deux groupes : les tragédies mythologiques et les tragédies historiques : d'un côté Andromaque, Iphigénie, Phèdre, Athalie, de l'autre Britannicus et naturellement aussi Bérénice et Mithridate. Cette répartition n'a rien d'original et s'impose d'ailleurs dès que l'on étudie les sources des tragédies de Racine. Les premières se distinguent par le « recul dans le temps «, le « prestige des vieilles légendes «, «une sorte de féerie«; elles « sont baignées dans les légendes de la vieille Grèce et les légendes bibliques «. Les autres reproduisent la « réalité historique «; Britannicus en particulier « est la pièce des connaisseurs «, c'est une parfaite réussite technique.   

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« raciniennes qui s'écartent délibérément de la représentation de l'histoire, direction dans laquelle Racine a cependantdû s'engager pour montrer que là aussi, il était capable de rivaliser avec Corneille.

C'est dans cet ordre d'idées qu'uncritique contemporain écrit : ...(texte de la citation donné comme sujet) et Racine lui semble donner raison, lorsqu'ils'exprime ainsi dans la Première Préface de Britannicus : « De quel front oserais-je me montrer...

aux yeux de cesgrands hommes de l'Antiquité que j'ai choisis pour modèles? Que diraient Homère et Virgile s'ils lisaient ces vers? Quedirait Sophocle, s'il voyait représenter cette scène? » Première partie : Or telle n'était pas l'opinion d'une grande partie des esprits cultivés du siècle. 1.

D'une part, en effet, la tragédie devait reproduire la réalité historique avec exactitude.

On observe notammentdans la première moitié du siècle une curiosité très prononcée en particulier pour l'histoire romaine.

Certainsdemandent à la scène une évocation purement et uniquement historique.

Telle est en particulier l'attitude deCorneille d'après qui la tragédie, pour toucher les spectateurs, doit choisir un sujet extraordinaire, mais noninvraisemblable.

D'où la nécessité de l'emprunter à l'histoire qui « appuie par son autorité et qui persuade avecempire » (De l'utilité et des parties du Poème dramatique).

Dans ses Préfaces et ses Examens, Corneille exposelonguement ses sources, s'excuse des modifications qu'il a dû apporter aux données de l'histoire.

Il se félicitesurtout d'avoir sauvegardé la vérité des caractères.

C'est d'ailleurs un véritable cours d'histoire romaine queconstitue le théâtre de Corneille.

Le respect de l'histoire est en général dû aussi aux exigences de la vraisemblance.Les doctes insistent sur la fidélité des héros à l'histoire : « Ceux qui veulent représenter quelque héros des vieuxsiècles doivent entrer dans le génie de la nation dont il a été, dans celui du temps où il a vécu...

Il faut dépeindredifféremment des personnes de la même condition et du même temps, quand l'histoire nous en donne de différentscaractères.

» (Saint-Évremond, Dissertation sur l'Alexandre de Racine).

Boileau est du même avis : la fiction doitêtre réservée au roman : Mais la scène demande une exacte raison, L'étroite bienséance y veut être gardée. Par bienséance, Boileau entend naturellement la vraisemblance historique.

Vers le milieu du siècle cependant, uneréaction se produit et c'est ainsi que l'abbé d'Aubignac écrit : « C'est une pensée bien ridicule d'aller au théâtreapprendre l'histoire.

La scène ne donne point les choses comme elles ont été, mais comme elles devraient être.

Lethéâtre doit tout restituer en état de vraisemblance et d'agrément.

» La notion de vraisemblance historique faitplace à celle de vraisemblance générale (ce qui est conforme à une certaine idée de l'homme, valable pour tous lestemps). 2.

D'autre part, la mythologie est considérée plutôt comme ornement. Le merveilleux fait partie plutôt du domaine de l'épopée, du roman ou de l'opéra.

C'est d'ailleurs un merveilleux tout àfait extérieur et qui ne touche, pas, parce qu'on n'y croit plus.

Il sert de décor et d'embellissement.

Il ne doit pasatteindre le cœur, mais seulement enchanter l'imagination; voici pourquoi on exclut le merveilleux chrétien.

PourBoileau, c'est une impiété de faire de la religion une matière d'art, tandis que les dieux de la mythologie païenne sontdes créations poétiques, destinées à embellir.

Ils sont éclos du cerveau des poètes (opinion d'ailleurs tout à faitfausse).

D'autre part, le merveilleux chrétien n'a pas le charme du merveilleux païen.

Pour Corneille : On fait injure à l'art de lui voler la fable.

C'est interdire aux vers ce qu'ils ont d'agréable. (Défense de la fable...) D'un mot, pour beaucoup, le merveilleux n'est qu'un procédé de composition littéraire, les dieux païens sont desfigures poétiques et il n'y a aucune impiété à les employer.

La mythologie règne surtout dans l'opéra qui ravitl'imagination par les spectacles et les machines.

« Ces chimères bien maniées endorment et amusent la raison,quoique contraires à cette même raison et la charment davantage que toute la vraisemblance imaginaire.

»(Perrault.) Deuxième partie : C'est une tout autre conception de la mythologie que se fait Racine qui veut restituerl'atmosphère spirituelle authentique de la tragédie grecque. i.

L'évolution de son théâtre montre que Racine s'écarte de plus en plus de l'époque historique et s'oriente toujoursdavantage vers les mythes les plus reculés. a) Andromaque ou le retour à l'épopée humaine. Dès Andromaque, Racine renoue, par delà Euripide, avec la tradition première de l'Iliade.

C'est le personnage del'Iliade qu'il nous restitue dans toute son intégrité primitive, et tout imprégné de Virgile et d'Homère : « Mespersonnages sont si fameux dans l'Antiquité que, pour peu qu'on les connaisse, on verra fort bien que je les airendus tels que les anciens poètes nous les ont donnés.

» C'est de l'Iliade qu'est tirée la célèbre scène des adieuxd'Hector et d'Andromaque.

C'est de l'Enéide qu'est imitée l'évocation de l'incendie de Troie.

On connaît, d'autre,part, le rôle joué dans l'Antiquité par le tombeau.

Chez Virgile, Andromaque fait des libations sur le tombeaud'Hector, déplore de ne pas avoir eu le sort de la fille de Priam qui mourut au pied des murailles de Troie.

Chez. »

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