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Être libre, est-ce satisfaire tous ses désirs ?

Publié le 11/01/2005

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Car satisfaire le désir, c'est le rendre révolu en temps que désir.- Désir : Qu'est par essence le désir? Comment le définir, tellement ses déterminations apparaissent contraires ?Est-il à penser comme élan dynamique et richesse? Comme souffrance du manque et pauvreté? Ou tient-il des deux à la fois, comme le suggère Platon dans le Banquet ?- Règle : À quel champ la notion de règle renvoie-t-elle? Et dans l'expression « règle de vie », la notion de vie est-elle à entendre seulement au sens biologique? Règle vient du latin regula, qui désigne ce qui permet une rectitude (tracer des traits droits grâce à une règle). La règle nous renvoie au champ du devoir-être normatif.

« Synthèse. Que faut-il entendre alors par « désir » et par « bonne règle de vie » dans chacune des thèses que vous avezdéterminées ? Étudiez à cet égard les différentes déterminations conceptuelles, qui sont précisées à chaque stadedu plan. Introduction. L'homme est un être de désir : il désire ce qu'il n'a pas, ce qu'il n'est pas, et qu'il se représente comme objet desatisfaction.

Mais il est aussi un être de devoir, qui s'impose des règles à suivre pour ne pas déroger à sa dignitéd'homme.

On pourrait alors croire que son devoir lui prescrit d'accomplir - au sens de satisfaire - tous ses désirs : sile désir est manque, souffrance, aspiration à une plénitude dont on se sait manquer, il semble évident que le devoirest de rechercher le bonheur comme somme de tous les désirs accomplis.

Toutefois, il est des désirs excessifs,déréglés, passionnels, qui ont quelque chose de pathologique et de maladif; il est des désirs destructeurs et violentsqui nous déstabilisent en nous-mêmes ainsi que dans nos rapports avec autrui.

Peut-on encore considérer commeun devoir de rechercher la satisfaction de tels désirs? La règle qui prescrit d'accomplir tous ses désirs ne peut doncpas être acceptée sans examen : il s'agit de se demander si suivre en tout l'élan du désir peut constituer une règlede vie valable, ou bien si au contraire il importe de renoncer à satisfaire certains désirs - voire de renoncer au désir,s'il est par nature une passion - si l'on veut « bien vivre » comme doir vivre un homme.

Mais comment entendre ce «bien-vivre », que viserait la « bonne » règle de vie ? S'il s'agit seulement de vivre heureux et fort comme un êtrenaturel, y a-t-il lieu de limiter ses désirs? En revanche cette limitation n'est-elle pas nécessaire s'il s'agit deconquérir la liberté de l'âme ou encore d'accomplir ce que l'homme a de plus propre et de plus spécifique ? 1) Accomplir tous ses désirs paraît être conforme à la vie et à la nature. La bonne règle de vie est celle qui conduit au bonheur sensible : franchise de Calliclès qui entend satisfaire tous sesdésirs, sans distinction, pour être heureux et n'être jamais frustré. Le discours de Calliclès. " Certes, ce sont les faibles, la masse des gens, qui établissent les lois, j'en suis sûr.

C'est donc en fonction d'eux-mêmes et de leur intérêt personnel que les faibles font les lois, qu'ils attribuent des louanges, qu'ils répartissent desblâmes.

Ils veulent faire peur aux hommes plus forts qu'eux et qui peuvent leur être supérieurs.

C'est pour empêcherque ces hommes ne leur soient supérieurs qu'ils disent qu'il est vilain, qu'il est injuste, d'avoir plus que les autres etque l'injustice consiste justement à vouloir avoir plus.

Car, ce qui plaît aux faibles, c'est d'avoir l'air d'être égaux àde tels hommes, alors qu'ils leur sont inférieurs. Et quand on dit qu'il est injuste, qu'il est vilain, de vouloir avoir plus que la plupart des gens, on s'exprime en seréférant à la loi.

Or, au contraire, il est évident, selon moi, que la justice consiste en ce que le meilleur ait plus quele moins bon et le plus fort plus que le moins fort.

Partout il en est ainsi, c'est ce que la nature enseigne, cheztoutes les espèces animales, chez toutes les races humaines et dans toutes les cités ! Si le plus fort domine le moins fort et s'il est supérieur à lui, c'est là le signe que c'est juste. De quelle justice Xerxès s'est-il servi lorsque avec son armée il attaqua la Grèce (1), ou son père quand il fit laguerre aux Scythes ? Et encore, ce sont là deux cas parmi des milliers d'autres à citer ! Eh bien, Xerxès et son pèreont agi, j'en suis sûr, conformément à la nature du droit - c'est-à-dire conformément à la loi, oui, par Zeus, à la loide la nature -, mais ils n'ont certainement pas agi en respectant la loi que nous établissons, nous ! Chez nous, les êtres les meilleurs et les plus forts, nous commençons à les façonner, dès leur plus jeune âge,comme on fait pour dompter les lions ; avec nos formules magiques et nos tours de passe-passe, nous en faisonsdes esclaves, en leur répétant qu'il faut être égal aux autres et que l'égalité est ce qui est beau et juste.

Mais, j'ensuis sûr, s'il arrivait qu'un homme eût la nature qu'il faut pour secouer tout ce fatras, le réduire en miettes et s'endélivrer, si cet homme pouvait fouler aux pieds nos grimoires, nos tours de magie, nos enchantements, et aussitoutes nos lois qui sont contraires à la nature - si cet homme, qui était un esclave, se redressait et nousapparaissait comme un maître, alors, à ce moment-là, le droit de la nature brillerait de tout son éclat.

" PLATON, Gorgias, 483b-484a, trad.

Canto, Garnier-Flammarion, 1987, pp.

212-213. (1) allusion à la seconde guerre médique conduite par Xerxès, roi des Perses, qui envahit la Grèce en 480 av.

JC Exercice : reprenez chacun des arguments de Calliclès qui parle ici, et discutez-le. Le discours de Calliclès (Gorgias 483b - 484a) Introduction Calliclès entend pratiquer une critique " généalogique " des lois en débusquant le type de vie qui se dissimule derrièreleur apparente impartialité.. »

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