l'évidence est-elle toujours une vérité ?
Publié le 25/07/2005
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est, en fin de compte, et au moins pour nous, plus claire que la démonstration que l'on pourrait en tenter ? Et quelque soit par ailleurs le degré de formalisation des règles, ne faut-il pas toujours juger qu'elles sont correctementappliquées ?
Ainsi force nous est de constater que le débat entre intuitionnisme et formalisme ne saurait se clore aubénéfice unique de l'un des deux termes, ce qui est probablement le signe qu'ils constituent non pas deuxéléments strictement antithétiques, mais plutôt deux pôles irréductibles de la connaissance humaine.
Ce queDescartes affirme, contre les critiques du formalisme, « tout critérium qu'on voudra substituer à l'évidence ramènera à l'évidence »
« L'appel aux idées n'est pas toujours sans danger, et beaucoup d'auteurs abusent du prestige de ce terme pour donner du poids à certainesde leurs imaginations ; car nous ne possédons pas l'idée d'une chose du faitque nous avons conscience d'y penser, comme je l'ai montré plus haut parl'exemple de la plus grande des vitesses.
Je vois aussi que de nos jours leshommes n'abusent pas moins de ce principe si souvent vanté : « tout ce queje conçois clairement et distinctement d'une chose est vrai et peut êtreaffirmé de cette chose ».
Car souvent les hommes, jugeant à la légère,trouvent clair et distinct ce qui est obscur et confus.
Cet axiome est doncinutile si l'on n'y ajoute pas les CRITERES du clair et du distinct [...] , et si lavérité des idées n'est pas préalablement établies.
D'ailleurs, les règles de laLOGIQUE VULGAIRE, desquelles se servent aussi les géomètres, constituentdes critères nullement méprisables de la vérité des assertions, à savoir qu'il nefaut rien admettre o certain qui n'ait été prouvé par une expérience exacteou une démonstration solide.
Or une démonstration est solide lorsqu'ellerespecte la forme prescrite par la logique ; non cependant qu'il soit toujoursbesoin de syllogismes disposés selon l'ordre classique [...] mais il faut dumoins que la conclusion soit obtenue en vertu de la forme.
D'une telleargumentation conçue en bonne et due forme, tout calcul fait selon les règlesfournit un bon exemple.
Ainsi, il ne faut omettre aucune prémisse nécessaire,et toutes les prémisses doivent ou bien être démontrées préalablement, oubien n'être admises que comme hypothèses, et dans ce cas la conclusion aussi n'est qu'hypothétique.
Ceux qui suivront ces règles avec soin se garderont facilement des idées trompeuses.
»Leibniz.
L'évidence est un critère de vérité insuffisant, parce que subjectif.
Il repose sur une inspection de l'esprit (la conscience que nous avons de penser à quelque chose).
Il manque donc à la règle cartésienne des idées claires etdistinctes un critère objectif, qui nous permette de savoir à quoi reconnaître le clair et le distinct, autrement quepar l'attention que nous y portons.
L'évidence peut être trompeuse.
Où trouver alors les critères objectifs du clair et du distinct, et donc de la certitude ? Dans les règles de la logique, c'est-à-dire dans le respect de la forme logique du raisonnement, dont lanon-contradiction est la principe le plus universel.
Le syllogisme des Anciens en fournit l'exemple.
Les mathématiquesaussi, mais Leibniz retient d'elles moins, comme Descartes , la clarté des intuitions que la rigueur du formalisme.
Le calcul, manipulation réglée de signes, telle que la conclusion est nécessaire et immanquable, devient la règle suprême de la vérité : règle machinale, mais par conséquent plus sûre et plus objective que l'appel àl'évidence.
On peut qualifier la conception cartésienne d'intuitionnisme et lui opposer le formalisme de Leibniz .
L'académie des sciences se moqua de Pasteur comme les vieux chimistes s'étaient moqués de Lavoisier . Les vérités les plus fécondes, bien loin de s'imposer tout d'abord comme des évidences, sont proposéesl'étonnement & le scandale.
Le sentiment d'évidence, de certitude est une donnée purement subjective,purement psychologique qui ne peut pas fournir un fondement objectif à la vérité..
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