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Faut-il écouter sa conscience ?

Publié le 14/09/2005

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conscience
Qu'est-ce que la conscience, entendue comme conscience morale? Est-ce une faculté pratique en laquelle serait inscrite les principes vrais, au quel cas nous pouvons bien affirmer qu'il faut « écouter sa conscience »? Ou bien est-ce une instance dont les principes sont autant contingents et déterminés que ceux d'une autre, au quel cas il n'y aurait aucune raison d'écouter sa conscience plutôt qu'autrui, son désir, ou le raisonnement de tel ou tel penseur?
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« - Nous avons relevé le présupposé propre à la position précédente: il existe des principes innés à la conscience.

Il ya alors deux manière de la remettre en question.

D'abord, rien ne nous dit que le caractère inné ou naturel desprincipes fonde leur justesse: la nature est peut être trompeuse, ou au moins indifférente au meilleur.

Ce n'est pasparce que quelque chose est naturel qu'il doit posséder une autorité sur nous.

Ensuite, et surtout, rien ne nous ditnon plus que ces principes soient bien naturels.

Peut-être sont-ils le résultat de l'éducation, de l'intériorisation desmœurs d'une société donnée.

Ils seraient alors tout aussi contingents et injustifiés que n‘importe quelle coutume.C'est cette position que nous allons maintenant développer.

- D'où viennent les principes par laquelle juge la conscience moral? Leur diversité et leur relativité de temps et delieu nous incite à rejeter l'hypothèse selon laquelle ils seraient naturels.

Le meurtre et la rapine, par exemple, sontévidemment condamnables pour un européen du XX ème.

Mais ils étaient considérés comme une marque de courageet encouragés à Spartes.

Ainsi, si les principes nous semblent naturels, c'est que nous les avons parfaitementintégrés et que nous avons oublié leur origine.

En retrouvant cette origine, nous comprenons qu'ils ne sont pas plusjustifiés que d'autres.

Peut-être pourrions trouver, contre le vicaire savoyard, des individus pour qui l'existence dela pensée n'est absolument pas évidente.- Ainsi dans la Gorgias (482c) de Platon , Calliclès retrace le processus qui a donné naissance, de manière artificielle, à la loi (aussi bien morale que politique): certains hommes sont naturellement assez forts et assez courageux poursatisfaire tous leur désir, au détriment les plus faibles.

Afin de se protéger, les faibles ce sont donc alliés et oninstaurer des principes artificiels comme celui qui stipule que nous ne devons pas commettre d'injustice.

Ce genre deprincipe n'est pas naturel, mais dicté par les faibles, dans leur propre intérêt et pas jalousie: il vise à dissuader ceuxqui en seraient capable d'utiliser toute leur puissance.

Ces principes sont travestis en évidence naturelle etinculqués à tous par l'éducation, formant ce que nous avons appelé la « conscience morale ».

Cette consciencequ'on nous enjoint d'écouter ne possède donc comme principe qu'une loi instaurer par une partie de la population audétriment d'une autre.

Ainsi qu'en j'écoute ma conscience, ce n'est pas moi que j'écoute, encore moins desprincipes naturels, mais c'est le ressentiment des plus faibles qui parle en moi et aliène ma volonté.

Sans adhérerparfaitement à l'explication de Calliclès, il est possible d'en reprendre le schéma afin de tracer différente généalogiepossible de la conscience morale.

Par exemple, si ce ne sont pas les faibles, nous pouvons également imaginer queles puissants, les dominants, sont à l'origine des principes moraux.

Ceux-ci ayant alors pour but d'asseoir et depréserver leur pouvoir.

Dans tous les cas, il s'agit de remarquer que la conscience que nous prenions pour naturelleest en fait construite par l'éducation et par l'intégration de principes que d'autres nous inculquent.

Lorsque ceux-cisont si intégrés et que nous les prenons pour des évidences naturelles alors notre conscience est aliénée.

Noussommes victimes de ce que nous appelons une « idéologie ».

Transition: Il n'y a aucun moyen de savoir d'où proviennent ces principes qui forment la conscience morale.

En les considérantcomme innés et naturellement évident, nous sommes peut-être victime d'une idéologie.

Dans ce cas, écouter saconscience revient à écouter la voix d'un autre, qui se prononce uniquement dans son propre intérêt.

Il faudraitalors plutôt se défier de notre conscience et des principes qu'elle prône spontanément: nous devons commencer parexaminer rationnellement l'origine et la légitimité de ces principes, c'est à dire en faire la critique.

Il ne faut doncpas écouter notre conscience, si celle-ci est considérée comme un ensemble de principes moraux qu'il s'agirait derespecter.

Nous devons au contraire tenter de dépasser cette construction artificielle pour retrouver ce que nouspensons véritablement nous-même.

Or, ce « moi profond » qu'il s'agit d'interroger peut également être appelé« conscience » en renouvelant le sens de ce terme.

III) Il faut écouter sa conscience si nous appelons conscience, non plus un ensemble de principes dontl'origine reste indéterminable, mais le « moi profond »: - Pour agir librement, c'est-à-dire pour être le véritable agent de son action, il convient de dépasser cette premièreconscience qui peut n'être qu'idéologie, à la recherche de la conscience qui est vraiment nôtre.

Ainsi, dans lesDonnées immédiates de la conscience (chap 3), Bergson différencie deux type de « moi ».

Le premier, le « moi superficiel » est constitué par les principes et les idées qui nous ont été inculqués, les façons de faire de notreépoque, les convenances, l'avis des autres,… Le « moi profond », quant à lui, correspond à l'accumulation de toutela durée que nous avons vécue, il est une mémoire de la totalité de notre passé.

Ainsi il constitue ce que noussommes profondément, ce qui fait notre caractère et notre singularité.- Pour nous décider librement au moment d‘un choix, nous devons percer la croûte du « moi superficiel » et saisir le« moi profond ».

Ainsi, c'est avec ma personnalité toute entière, la totalité de ce j'ai vécu, que je prends unedécision.

C'est justement une telle décision que Bergson nomme un « acte libre ».

Nous pouvons, en ce sens,affirmer qu'il faut écouter sa conscience.

Mais il ne s'agit plus d'un conscience comme connaissance des principes.Au contraire, celle-ci correspondrait bien plutôt à ce que nous avons appelé « moi superficiel ».

Il faut doncdépasser cette conscience morale pour trouver, au plus profond de nous même, l'origine de notre propre choix.

Unseul principe doit donc être respecter: celui d'une fidélité à ma personnalité toute entière.

Conclusion: Nous ne pouvons affirmer qu'il faut « écouter sa conscience » qu'en redéfinissant la conscience comme « moiprofond ».. »

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