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Ferdinand Alquié vous semble-t-il avoir bien défini l'amour surréaliste quand il écrit : «L'amour, entendons l amour passion, prend d'emblée, dans les préoccupations surréalistes, la première place. En lui se retrouvent tous les prestiges de l'Univers, tous les pouvoirs de la conscience, toute l'agitation du sentiment ; par lui s'effectue la synthèse suprême du subjectif et de l'objectif, et nous est restitué le ravissement que les déchirements surréalistes semblaient rendre impossible

Publié le 04/07/2011

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amour

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amour

« 3 Vu l'importance du rôle joué par Breton dans l'histoire du surréalisme, dont il fut jusqu'à sa mort (tandis que tousles autres, hormis B.

Péret, abandonnèrent peu ou prou le surréalisme en chemin : même si leur inspiration devait enrester indélébilement marquée, elle emprunta d'autres voies, parfois fort différentes), le chef de file, le «pape», dit-on volontiers, parfois contesté, mais jamais sérieusement ébranlé, nous traiterons ce plan et les deux suivants ennous en tenant à lui, c'est-à-dire exceptionnellement à un seul auteur.

Ce sera un bon exercice que de reprendreces trois plans en les élargissant à d'autres surréalistes : chacun pourra ainsi s'entraîner à raisonner selon son goûtsur des exemples de son choix.

Pour ce qui concerne la Femme et l'Amour excellent chapitre dans /Introduction ausurréalisme de Claude Abastado, p.

137 et suiv. Plan détaillé I La femme et les prestiges de l'univers Dès le recueil d'articles intitulé Les Pas perdus (1924), la femme apparaît comme une sorte de sphinx qu'il fautinterroger au niveau de notre monde, celui des merveilles quotidiennes, auquel elle semble mystérieusement liée, oùelle paraît enracinée : dans l'article «L'Esprit nouveau» (article qui, du reste, a frappé Nadja lorsque Breton lui aremis un exemplaire des Pas perdus) est contée la très curieuse rencontre par Aragon, puis André Breton, rueBonaparte, d'une jeune fille qui allait d'un passant à l'autre comme si elle avait un message à transmettre.comme la Pythie ou la Sibylle, tient à la terre, ce qui lui fait courir, selon Breton, un certain risque d'hystérie, defolie (à propos des Détraquées, Breton, dans Nadja, évoque un cas de «folie circulaire et périodique» et il estcurieux que le personnage le plus inquiétant soit celui du jardinier), dans la mesure où la folie, ce n'est peut-êtrerien d'autre que l'esprit qui se fond dans les choses.

Mais cela lui permet aussi de saisir intuitivement l'essentiel dumonde et des êtres par une sorte de don de voyance qui n'a rien de mystique, mais qui est un profond sentiment del'unité de la nature.2 La femme, lieu de correspondances.

C'est pourquoi la femme voit des correspondances partout, mais cescorrespondances ne sont pas les correspondances baudelairiennes qui supposent une philosophie idéaliste.

SiBaudelaire place son poème Elévation juste avant Correspondances (XIXe Siècle, p.

456-457), c'est bien pourmarquer que son système de correspondances suppose un monde supérieur, unifié, dont les correspondances sont lereflet.

Rien de pareil chez Nadja : si elle parle d'étoile florale (p.

81), de vent bleu (p.

96), de feu qui est la mêmechose que l'eau (p.

100), c'est d'une manière immanente, au niveau d'une nature avec laquelle elle a fait unealliance quasi charnelle : son grand mythe, mythe qui sera repris dans Arcane 17 (p.

64-65, Coll.

10/18), c'est celuide Mélusine, c'est-à-dire de la femme- serpent qui a fait alliance avec l'univers et est fondamentalement double,Mélusine au-dessous du buste, «en communication providentielle avec les forces élémentaires de la nature», etMélusine au-dessus du buste, «ses bras sont l'âme des ruisseaux qui chantent et parfument».

Bref, la femmetransmet à l'homme l'âme des choses, les grandes forces profondes du monde.3 Une nature jaillissant à ras du sol.

Mais la femme ne se borne pas à transmettre, elle est aussi la magicienne quifait jaillir : on a l'impression que, sous les yeux de Nadja, le réel s'enflamme.

Nadja est le diable ; elle met le feu etrêve d'incendie.

Bien que femme des ruisseaux souterrains, elle est un génie du feu, d'un feu au ras du sol, d'un feuvégétal.

Pour Jacqueline Lamba, le surgissement est plus directement floral, elle fait surgir le tournesol, les plantesdu marché aux fleurs ; c'est dans la végétation tropicale des Canaries que l'amour de Breton et de Jacquelineatteint son apogée (cf.

L'Amour fou et aussi le poème intitulé L'Union libre, «Ma femme à la chevelure de feu debois», notamment le dernier vers «Aux yeux de niveau d'eau de niveau d'air, de terre et de feu»).

Il semble doncque la place de la femme dans la nature soit à ce niveau où la flamme se fait végétation, la végétation flamme(thème déjà cher à Apollinaire, cf.

Le Brasier et Fiançailles).

On peut donc se demander dans quelle mesure la femmene réussit pas à unir des contraires, comme la vie qui crée et le feu qui détruit. II La femme et l'absolu Lorsque Ferdinand Alquié note que la femme est «synthèse suprême du subjectif et de l'objectif», qu'elle faitdisparaître «les déchirements surréalistes», ne lui assigne-t-il pas le rôle si important dans la quête surréaliste de«point suprême» d'où s'abolissent toutes les antinomies ? La femme mènerait donc à l'Absolu, si l'on prête à ce motnon pas son sens transcendant et idéaliste, mais son sens étymologique de «complet, qui forme en soi-même untout, qui n'est pas disloqué».

La femme donne l'impression de pouvoir vivre en dehors des contingences, et surtoutde faire vivre hors d'elles.1 La liberté des commencements.

La femme est indépendante des contingences parce qu'elle semble naître à toutmoment, elle est liberté pure, commencement, surgissement : «Elle va la tête haute, contrairement à tous lesautres passants» (Nadja, p.

72) ; «Que s'y mire-t-il à la fois obscurément de détresse et lumineusement d'orgueil ?»(p.

73) ; «J'ai pris, du premier au dernier jour, Nadja pour un génie libre» (p.

130).

C'est que la femme se faitéternelle renaissance.

Elle se situe toujours en avant comme l'amour qu'elle propose : du point de vue de l'homme, ledernier visage aimé est toujours le premier, toujours unique, ceci non par frivole donjuanisme, mais parce que c'estla nature même de l'amour (cf.

L'Amour fou, Coll.

Folio, p.

11).2 Le hasard objectif.

Découvrir l'amour d'une femme, c'est en effet obtenir miraculeusement la rencontre entre lanécessité intérieure de celui qui aime et une nécessité extérieure et naturelle, c'est réconcilier la Nature et laPersonne, l'objectif et le subjectif, comme dit Alquié.

En d'autres termes, dans son état habituel l'homme a. »

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