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Hegel, Esthétique : la conscience

Publié le 22/02/2012

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«Les choses de la nature n'existent qu'immédiatement et d'une seule façon, tandis que l'homme, parce qu'il est esprit, a une double existence ; il existe d'une part au même titre que les choses de la nature, mais d'autre part il existe aussi pour soi, il se contemple, se représente à lui-même, se pense et n'est esprit que par cette activité qui constitue un être pour soi. Cette conscience de soi, l'homme l'acquiert de deux manières : Primo, théoriquement, parce qu'il doit se pencher sur lui-même pour prendre conscience de tous les mouvements, replis et penchants du coeur humain et d'une façon générale se contempler, se représenter ce que la pensée peut lui assigner comme essence, enfin se reconnaître exclusivement aussi bien dans ce qu'il tire de son propre fond que dans les données qu'il reçoit de l'extérieur. Deuxièmement, l'homme se constitue pour soi par son activité pratique, parce qu'il est poussé à se trouver lui-même, à se reconnaître lui-même dans ce qui lui est donné immédiatement, dans ce qui s'offre à lui extérieurement. Il y parvient en changeant les choses extérieures, qu'il marque du sceau de son intériorité et dans lesquelles il ne retrouve que ses propres déterminations. L'homme agit ainsi, de par sa liberté de sujet, pour ôter au monde extérieur son caractère farouchement étranger et pour ne jouir des choses que parce qu'il y retrouve une forme extérieure de sa propre réalité. Ce besoin de modifier les choses extérieures est déjà inscrit dans les premiers penchants de l'enfant: le petit garçon qui jette des pierres dans le torrent et admire les ronds qui se forment dans l'eau, admire en fait une oeuvre où il bénéficie du spectacle de sa propre activité.» Hegel, Esthétique, I, Aubier, p.55, trad. S. Jankélévitch
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« expriment bien le fait que l'être s'interroge sur ce qu'il est en lui-même et se découvre dans la complexité de sa vieintérieure, ensuite dans son essence, càd ce qu'il est, et enfin dans le fait de se reconnaître lui-même dans sonidentité de sujet : il comprend qu'il est à l'origine de toute représentation de soi et des objets extérieurs.

Laconscience est ce qui fait exister tout objet pour un sujet.Ce processus est une référence directe au travail de Descartes, qui montre que le sujet est l'origine de tout objet :il n'accède à la conscience de son unité et de son identité avec certitude qu'au bout d'un itinéraire de retour sursoi, où il affronte la confusion intérieure pour atteindre le cogito.La procédure du doute est la condition préalable pour s'assurer que notre conscience ne nous donne pas à penserdes erreurs, des rêves, ou des illusions ; et Hegel parle aussi de « mouvements, replis et penchants du cœur humain» pour indiquer que la conscience certaine n'est pas donnée immédiatement.

Le sujet doit prendre le temps pours'assurer que son essence est la puissance de son jugement et sortir du doute.

Cet exercice a lieu pour Descartesdans la solitude : le monde est momentanément mis entre parenthèses, tout comme le corps, qui donne parfois demauvaises informations sur les choses.

C'est cette thèse que la suite du texte remet en question. En effet, le sens du balancement « primo ...

deuxièmement » dans le texte est l'introduction.

Par Hegel, d'un doublemouvement du sujet pour acquérir la conscience de soi : l'un est orienté vers l'intérieur, l'autre vers l'extérieur.La conscience s'acquiert donc aussi par un mouvement d'action pratique.

Hegel indique qu'il s'agit d'une poussée quil'amène à devenir conscient par une « reconnaissance » « dans » les objets « immédiats », càd extérieurs à lui.C'est un peu comme s'il ne choisissait pas une telle activité, mais en éprouvait la nécessité interne.

Le texte neformule aucune critique claire contre une thèse opposé.

Cependant, en passant, entre la première et la secondephrase, de la définition la plus simple de la conscience - ce qui fait qu'un être est pour lui-même quelque chose - àl'idée qu'il acquiert de deux manières, et pas seulement par introspection, Hegel indique qu'elle n'est pas une donnéespontanément interne à l'être humain, mais qu'elle se construit par la médiation du rapport au monde extérieur.

Ilveut montrer ainsi que la conscience ne peut s'isoler pour atteindre la certitude.

Par la solitude du cogito, le sujetsait qu'il est ; mais c'est par la médiation de l'extérieur qu'il découvre ce qu'il est.

Et cet extérieur est autant lemonde que le propre corps du sujet.

Mais quel est exactement ce rapport au monde que va mettre en place le sujetL'homme se construit « en changeant les choses extérieures, qu'il marque du sceau de son intériorité ».

Càd que «les données qu'il reçoit de l'extérieure » ne sont pas naturelles : ce sont les choses, que le travail humain atransformé à son image, qui sont les médiations entre le sujet et sa prise de conscience.

La conscience s'acquiertpar le travail sur la nature parce que les choses sont fabriquées selon ce que l'homme y met et ainsi il s'y retrouvelui-même comme dans un reflet.

L'homme ne sait ce qu'il est que par le processus temporel de la transformation dumonde.

Le « travail » est ainsi le concept auquel Hegel se réfère pour montrer que, par sa médiation, l'homme sortde soi, exprime ses capacités et transforme la nature.

Il y retrouve le résultat de sa propre activité : la nature esthumanisée, et l'extérieur peut correspondre à l'intérieur.

Ainsi seulement la conscience pleine de soi est possible.« L'homme agit ainsi, de par sa liberté de sujet, pour ôter au monde extérieur son caractère farouchement étrangeret pour ne jouir des choses que parce qu'il y retrouve une forme extérieure de sa propre réalité ».

Hegel révèle ici lafinalité du processus de transformation de la nature, et montre ainsi pourquoi la conscience a besoin d'un tel miroirpour se construire.

Le travail est la manifestation de notre liberté : il est notre œuvre, qui nie l' »étrangeté » de lanature, càd son indépendance, pour la façonner librement à notre image.

Nous nous identifions comme son auteuret, par conséquent, nous pouvons être conscients de notre humanité : la liberté.

Cette liberté est une découverte :celle d'un affrontement avec le monde.

L'objet du travail est d'humaniser la matière et ainsi soi-même.

Lareconnaissance de notre identité ne peut se faire que par cette épreuve du rapport du corps à la matière par lequelnous expérimentons notre liberté à transformer les choses naturelles par notre propre activité.La conscience, en s'intégrant dans les choses, se comprend, se vit et réalise donc sa liberté lorsque le travail a lieu.La finalité de la transformation de la nature est d'éloigner l'homme de la nature : elle est le médiateur de laconscience de soi comme liberté. Conclusion Au terme de cette étude, il apparaît donc clairement que le devenir conscient de soi implique un double processus,qu'expose le texte de Hegel.

Ainsi, avec Descartes, il admet la nécessité du retour « théorique » du sujet sur lui-même pour que celui-ci reconnaisse qu'il est.

Mais Hegel n'en reste pas là, puisqu'il estime que ce n'est pas dans lasolitude et l'intériorité que le sujet peut expérimenter concrètement sa liberté et savoir ce qu'il est.

C'est plutôtgrâce à son rapport physique et spirituel aux choses qu'il crée qu'il se reconnaît lui-même dans son pouvoir propre.Le travail est ce reflet extérieur nécessaire à notre conscience pour se comprendre elle-même.Il semble par conséquent que Hegel rende compte plus nettement que Descartes de l'expérience que nous faisonsde la progression de notre conscience.

Cependant, le savoir que nous pouvons prendre de nous mêmes à traversl'action pratique sur le monde ne peut être certain que par une pensée qui s'est libérée des préjugés.

Si bien qu'onpeut affirmer que Descartes a énoncé la condition de la conscience elle-même.

En effet, c'est par le douteseulement qu'on affirme un jugement quelconque avec certitude et le résultat de notre formation par latransformation du monde ne se comprend que par une telle liberté.. »

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