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L'imagination est elle le refuge de la liberté?

Publié le 28/02/2005

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contradiction ») met, d'une part, l'accent sur la fonction de l'imagination attachée à l' illimité et, d'autre part, formule un bilan sur la toute-puissance de la pensée. a) Première sous-partie : « Rien [...] réalité » La pensée de l'homme, à savoir l'activité mentale de l'esprit du sujet, se trouve d'emblée analysée et mise en cause. Car l'organisation et la liaison des sensations impliquent l'idée d'une pensée, force mentale agissant sur un ensemble de représentations et les combinant. Or, en première apparence, nous dit Hume, cette activité de combinaison et d'organisation mentale semble dénuée de toute limite. Le limité, c'est ce qui désigne la réalité marquée par des bornes, tandis que l'illimité correspond à ce qui échappe aux bornes et s'étend selon une progression indéfinie. Il y a là une fondamentale distinction entre le limité et l'illimité. Pourquoi la pensée humaine paraît-elle illimitée ? Hume fournit ici deux arguments : d'une part, la pensée humaine est une activité de défi, témoignant d'une mise en question radicale de toute-puissance - ici, pouvoir - et de toute autorité humaine - ici, la force inspirant le sentiment du respect, le droit de commander, l'ascendant du maître, etc. -et, d'autre part, la pensée transcende les bornes, les limites de la nature - l'ensemble de tout ce qui est donné, de ce qui existe - et de la réalité, de ce qui s'impose à nous par les sens.

« Pour Sartre, « l'imagination est une condition essentielle et transcendantale de la conscience.

Il est aussi absurde de concevoir une conscience qui n'imaginerait pas que de concevoir une consciencequi ne pourrait effectuer le cogito ».

Conscience réalisante et conscience imageante sont indissociables.

L'imagination est la fonction irréalisante de la conscience.

En effet, lorsque je perçois un objetréel, je le perçois comme élément d'un ensemble qui est la réalité totale.

Même si je concentre mon attention sur lui, je le saisis comme présent et en continuité avec les autres objets réels, eux-mêmesprésents, c'est-à-dire avec le monde.

En revanche, quand j'imagine ce même objet, je l'isole des autres et le saisis comme absent.

Certes, je sais que cet objet existe réellement, mais en tant que jel'imagine, je le vise là où il ne m'est pas donné.

Dès lors je le saisis « comme un néant pour moi ».

Ainsi donc imaginer est un acte négatif : c'est poser une thèse d'irréalité, à savoir simultanémentisoler et anéantir un objet.

Mais poser l'objet comme un néant par rapport au monde, c'est la même chose que poser le monde comme un néant par rapport à l'image.

Car « poser une image c'estconstituer un objet en marge du réel, c'est donc tenir le réel à distance, s'en affranchir, en un mot le nier ».

L'imagination permet donc de se détacher du monde, de le dépasser : sans elle, laconscience serait « engluée dans l'existant ».

C'est pourquoi l'imagination est liberté.Imagination et créationPrenons l'exemple du jeu chez l'enfant : il modèle le réel au gré de ses désirs et de ses pensées.

L'imagination nous révèle en lui un esprit qui se cherche et qui, pour se trouver, impose ses desseinsaux choses.

Comme forme de la conscience, elle vise un objet absent (de l'ordre du passé ou du projet) tout en le rendant actuel.

Si l'ensemble de la réalité devient un espace de jeu pour l'enfant,c'est qu'en jouant, et donc en imaginant, il découvre le pouvoir de créer des possibles.

« Faire comme si » est donc l'indice d'un pouvoir supérieur de l'homme sur le réel.

« Manquer d'imagination »signe le défaut d'une part essentielle de la vie de l'esprit.

Imaginer, c'est envisager des hypothèses.

L'esprit ne prend plus le réel uniquement pour ce qu'il paraît : il lui prête une forme possible.Ainsi, l'art comme la science exigent le recours à l'imagination.

Le mot s'attache, chez le savant et chez l'artiste, à cette capacité particulière d'inventivité et de créativité qu'ils manifestent dans leursactivités.

René Thom, mathématicien contemporain, dit que l'esprit scientifique doit « prolonger le réel par l'imaginaire, et éprouver ensuite ce halo d'imaginaire qui complète le réel ».Le réel est récupéré au profit d'un dessein spirituel : l'imagination témoigne alors de cet effort singulier de la pensée humaine, qui ne peut comprendre que ce qu'elle peut reconstruire par sespropres moyens.

Ce n'est plus seulement compléter ou reproduire le réel, que de créer des « mondes imaginaires » ou des fictions.

C'est le densifier, lui donner une épaisseur qu'il n'avait pas.

C'esten cela que l'imagination est le signe même de notre liberté et autorise à concevoir un progrès incessant de la pensée humaine. [L'imagination appartient autant à l'homme librequ'à celui qui est emprisonné.

Elle n'est donc pas un refuge,mais une illusion.

Être libre, c'est pouvoir parler, se mouvoir, agir sur le monde.] L'imagination ne remplace pas la liberté concrèteSi l'imagination était vraiment un refuge, les hommes qui sont privés de liberté accepteraient plus facilement leur condition.

C'est plutôt le contraire qui se produit.

Les esclaves se révoltent, les peuples tyrannisés se soulèvent.L'imagination ne suffit pas à satisfaire le désir de liberté des hommes.Celui qui vit dans l'illusion n'est pas libreL'homme est libre mm parce qu'il détermine consciemment et volontairement son existence.

C'est aussi parce qu'il peut agir sur le milieu naturel qu'il s'en affranchit peu à peu.

L'imagination, «cette maîtresse d'erreur et de fausseté», ditPascal (Pensées), aliène l'homme, le prive de tout moyen réel lui permettant de conduire sa vie et de modifier son environnement.L'imagination déforme la réalité L'imagination est la plus grande puissance d'erreur qui se puisse trouver en l'homme, et dont il ne peut se défaire.

Si elle était toujours fausse, il suffirait d'en prendre le contre-pied pourtrouver la vérité, mais nous ne savons jamais si ce qu'elle nous représente est réel ou irréel.

N'étant pas la règle infaillible du mensonge, elle ne peut l'être de la vérité.

Elle représente le vraiet le faux avec la même indifférence.

Sa puissance de persuasion est infinie, même auprès des hommes les plus sages et les plus raisonnables.

Elle emporte l'assentiment par surprise et sansdifficulté.

Les plus beaux discours de la rhétorique ne sont pas ceux qui parlent à notre raison mais à notre coeur.

La raison calcule, soupèse, compare, mesure, établit des rapports, mais elle estincapable de "mettre le prix aux choses".

C'est l'imagination qui nous fait estimer, blâmer, aimer ou détester, et non pas la raison dont elle se joue sans efforts.

L'imagination a produit enl'homme une seconde nature : "Elle remplit ses hôtes d'une satisfaction bien autrement pleine et entière que la raison."«Imagination.

— C'est cette partie décevante dans l'homme, cette maîtresse d'erreur et de fausseté, et d'autant plus fourbe qu'elle ne l'est pas toujours, car elle serait règle infaillible de véritési elle l'était infaillible du mensonge.

Mais, étant le plus souvent fausse, elle ne donne aucune marque de sa qualité, marquant du même caractère le vrai et le faux».

(Pensées, II, 81)Parmi les facultés de l'homme [voir notion «la conscience»], la raison permet en principe la connaissance objective, mais les hommes cèdent le plus souvent à leur imagination.

Celle-ci estd'autant plus redoutable qu'elle ne se laisse pas reconnaître comme telle.

Pour échapper à l'imagination, il faudrait raisonner, mais comment puis-je distinguer si je raisonne véritablement ousi j'imagine que je raisonne? Manière de dire que les hommes — y compris ceux qui se croient les plus rationnels — s'entretiennent en permanence dans des illusions qu'ils créent eux-mêmes.Dans la lignée de Montaigne, Pascal met donc en évidence la faiblesse de nos facultés de connaître, ce qui explique que pour lui, l'issue soit dans la foi et non dans la raison.Le texte de Pascal est une bonne référence pour mettre en question les pouvoirs de la raison [voir aussi Sextus Empiricus].

Contre l'optimisme de Descartes, confiant dans les progrès à venir dela science, Pascal déclare «Descartes, inutile et incertain ».

C'est un texte qui dit bien la finitude de l'homme, son absence de ressource intérieure puisque ce sont ses propres facultés quil'induisent en erreur.

C'est ce que Pascal appelle la «misère de l'homme sans Dieu».L'imagination corrompt nos perceptionsMettez, dit Montaigne, un philosophe dans «une cage de menus fils de fer clairsemés», suspendez-le «au haut des tours de Notre-Dame de Paris».

Bien qu'étant assuré de ne pas tomber, son imagination lui fera craindre la chute.

En effet, il «ne se saurait garder (s'il n'a accoutumé le métier de recouvreur) que la vue de cette hauteur extrême l'épouvante et ne le transisse» (Essais).L'imagination est la «folle du logis»Pour Descartes, l'imagination est la faculté passive de se représenter des images, au contraire de la raison, qui est active et créatrice. “Et pour rendre cela très manifeste, je remarque premièrement la différence qui est entre l'imagination et la pure intellection ouconception.

Par exemple, lorsque j'imagine un triangle, je ne le conçois pas seulement comme une figure composée et comprise detrois lignes, mais outre cela je considère ces trois lignes comme présentes par la force et l'application intérieure de mon esprit ; etc'est proprement ce que j 'appelle imaginer.

Que si je veux penser à un chiliogone, je conçois bien à la vérité que c'est une figurecomposée de mille côtés, aussi facilement que je conçois qu'un triangle est une figure composée de trois côtés seulement ; mais je nepuis pas imaginer les mille côtés d'un chiliogone, comme je fais les trois d'un triangle, ni, pour ainsi dire, les regarder commeprésents avec les yeux de mon esprit.

Et quoique, suivant la coutume que j'ai de me servir toujours de mon imagination, lorsque jepense aux choses corporelles, il arrive qu'en concevant un chiliogone je me représente confusément quelque figure, toutefois il esttrès évident que cette figure n'est point un chiliogone, puisqu'elle ne diffère nullement de celle que je me représenterais, si jepensais à un myriogone, ou à quelque autre figure de beaucoup de côtés ; et qu'elle ne sert en aucune façon à découvrir lespropriétés qui font la différence du chiliogone d'avec les autres polygones.

Que s'il est question de considérer un pentagone, il estbien vrai que je puis concevoir sa figure, aussi bien que celle d'un chiliogone, sans le secours de l'imagination ; mais je la puis aussiimaginer en appliquant l'attention de mon esprit à chacun de ses cinq côtés, et tout ensemble à l'aire, ou à l'espace qu'ils renferment.Ainsi je connais clairement que j'ai besoin d'une particulière contention d'esprit pour imaginer, de laquelle je ne me sers point pourconcevoir; et cette particulière contention d'esprit montre évidemment la différence qui est entre l'imagination et l'intellection ouconception pure.

»Descartes, « Méditations métaphysiques », VI.

Le plus souvent, le texte extrait d'un ouvrage de Descartes est étroitement lié au contexte, mais a aussi sa valeur en lui-même et enest dans une certaine mesure isolable.

C'est le cas ici.

Son dessein essentiel est de prouver l'existence des choses matérielles, mais, comme il le précise dans l'Abrégé desMéditations : .

Dans la Sixième, je distingue l'action de l'entendement d'avec celle de l'imagination ; les marques de cette distinction y sont décrites».

A vrai dire, la facultéd'imaginer est beaucoup plus large et complexe que celle qui définit notre texte et Descartes analyse ailleurs ce que nous appelons imagination reproductrice etimagination créatrice.Ce dont il est question en ce début de la Sixième Méditation, c'est de l'imagination en tant que la faculté de connaître s'applique à notre corps auquel elle est intimementconjointe.

Dans les Réponses aux cinquièmes objections, Descartes écrit à Gassendi : «Les facultés d'entendre et d'imaginer ne sont pas seulement selon le plus et le moins,mais comme deux manières d'agir totalement différentes.» C'est ce qu'il établit sur l'exemple de figures géométriques.

Par l'acte d'imaginer, je ne forme pas seulementl'idée du triangle comme une figure composée de trois lignes qui comprennent ou enferment un espace, mais je me les rends présentes.

Toutefois, si je considère unpolygone à de nombreux côtés, très vite le pouvoir de l'imagination marque ses limites, alors que celui de l'entendement, de l'intellection pure ou conception, ne paraît pasen avoir.

Il peut former une idée claire et distincte du polygone à mille côtés ou chiliogone aussi aisément que celle du triangle.

En revanche, s'il est dans la nature del'imagination de ne pouvoir s'appliquer à des choses corporelles sans s'en faire une image, elle sera la même pour le chiliogone ou le myriogone ou polygone à dix millecôtés, ce qui revient à dire que l'image de l'un et de l'autre sera entièrement confuse.

Et, par conséquent, la représentation imaginative ne pourra, à la différence de laconception, m'apporter la moindre connaissance sur ces figures. Pour Malebranche, elle est «la folle du logis».

Elle brouille les idées claires et distinctes.

Pour Pascal, elle «marque du même caractère le vrai et le faux» et nous induit le plus souvent en erreur.L'imagination est un produit des passionsUne imagination est une idée qui indique davantage l'état présent du corps humain que la nature d'un corps extérieur, non certes distinctement, mais confusément.» Pour Spinoza, l'imagination est une projection subjectivedéterminée par les passions du corps.

Cette idée anticipe la théorie psychanalytique du fantasme comme expression d'un sentiment inconscient.L'homme n'est pas seulement un espritPrivé de tout, plongé dans le plus profond dénuement, l'homme n'a même plus la liberté de penser.

Avant de laisser libre cours à son imagination, il doit construire sa liberté effective.

Pour cela, il lui faut penser à satisfaire ses besoinsvitaux, à tenir compte de la réalité et, primordialement, du fait qu'il a un corps.. »

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