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Est-on libre si les autres ne le sont pas ?

Publié le 08/09/2005

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  Deuxième partie : La liberté naît de la contrainte Ne peut-on pas dire que la liberté passe avant tout par la contrainte ? On ne peut être libre que par rapport à d'autres personnes. C'est là que s'exerce le rapport maître/esclave. Le maître est libre par rapport à l'esclave ainsi dans cette relation la liberté du maître dépend de la servitude de l'esclave. Si l'esclave décide de devenir libre et se révolte le rapport est annulé car le pouvoir du maître n'a de valeur que s'il s'exerce sur quelqu'un. On constate ici que s'il n'existe pas une confrontation des libertés il n'y a aucune liberté. Montesquieu, De l'esprit des lois : "Il faut se mettre dans l'esprit ce que c'est que l'indépendance et ce que c'est que la liberté. La liberté est le droit de faire tout ce que les lois permettent : et, si un citoyen pouvait faire ce qu'elles défendent, il n'aurait plus de liberté, parce que les autres auraient tout de même ce pouvoir." La liberté s'annule du fait que chacun la détient sans limite. L'affirmation indéfinie de la puissance, dans la sécurité et la certitude, devient elle-même une aliénation : « Qui se tient pour le maître d'autrui est lui-même un esclave (.

Ma liberté s'arrête là où celle des autres commencent. Cette phrase tente de prouver que la liberté d'un individu n'entre pas en relation avec celle des autres. Ainsi la liberté est individuelle et non collective. Mais comment la liberté peut-elle s'exercer sur un seul individu ? Car pour savoir si un individu est libre il faut que sa liberté s'exerce en opposition avec celle des autres. Il faut qu'une liberté soit confrontée à une autre. Si la liberté des autres est un barrage à la nôtre, - car vivre avec les autres c'est les respecter et le respect oblige dans un sens à l'auto-censure- on pourrait dire que vivre avec autrui c'est renoncer en partie à une totale liberté d'action.

« Qu'est-ce que la liberté? Pour beaucoup, être libre c'est faire ce que l'on veut.

C'est ce que l'on peut appeler le sens commun dumot.

A partir de cette définition, il s'avère que la seule situation dans laquelle l'homme trouve la liberté est la solitude.

Cependantcertains philosophes se sont livrés à une critique sévère de cette conception de la liberté et ont défini un nouveau concept de liberté quisemble faire à peu près l'unanimité des philosophes.

C'est ainsi que Rousseau a défini la liberté de l'individu vis-à-vis d'autrui et Freudla liberté de l'individu vis-à-vis de lui-même.

Nous allons donc reconsidérer cette affirmation : « le seul homme libre est l'homme seul »en fonction de ces deux dernières définitions. Il s'agit tout d'abord de bien préciser ce que l'on entend par homme seul.

Il apparaît évident que l'homme seul est l'homme placé horsde toutes relations humaines de quelque nature qu'elles soient.

Cela suppose la possibilité de simple juxtaposition des individus : lasolitude dans la foule.

Diverses situations peuvent se présenter.

Considérons tout d'abord l'homme face à la Nature tel que l'a définiRousseau.

Bien sûr, les sociologues ne manqueront pas de s'élever contre ce terme d«< état de nature », mais rappelons toutefoisqu'il s'agit d'une simple hypothèse de travail de Rousseau, une « mise entre parenthèses » du fait social pour mieux l'expliquer.

Si cethomme est seul, hors de toutes relations humaines, il jouit d'une liberté absolue au sens commun du terme : il a la possibilité de fairece qu'il veut.

Mais il peut être confronté à autrui et, ainsi qu'on le verra plus loin, il y a lutte (ce qui constitue évidemment une relationhumaine) et c'est le plus fort qui gagne : liberté absolue pour lui, aucune liberté pour le vaincu, le plus faible.

Donc, d'une manièregénérale, pas de liberté dans l'état de nature et de confrontation avec autrui.

Considérons maintenant l'homme en société.

S'il est seul: pas de relations humaines a priori mais pourtant il est un citoyen, c'est-à-dire qu'il est lié à chaque citoyen par ce que Rousseau a appelé le « Contrat Social » qui constitue assurément une relation humaine constante.

L'hommeseul n'existe pas en société.

D'autre part, cet homme, apparemment seul, est soumis, commetous les citoyens, à des règles collectives et coercitives (ces deux caractères étant lescaractères essentiels du fait social pour le sociologue Durkheim) : les lois.

Donc tout citoyen,membre d'une société, est soumis aux lois et à un certain nombre de devoirs sociaux : il nepeut faire ce qu'il veut : pas de liberté.

Par conséquent .

le seul homme libre est l'homme seuldans l'état de nature.

Mais certains philosophes et, en particulier, Rousseau et Freud avancentun certain nombre d'arguments de réfutation de cette affirmation.

Pour Rousseau, l'homme seul(dans l'état de nature puisqu'il ne peut être seul en société) est assurément libre et sa libertéest absolue.

Mais c'est une liberté négative qui est continuellement menacée par la réalitéextérieure : la Nature.

Face à l'hostilité de la nature, l'homme seul doit donc lutter poursurvivre.

Sa « liberté » est bien aléatoire, continuellement en danger.

On ne peut la considérercomme une réelle liberté.

La Théorie de l'inconscient de Freud a montré que l'homme étaitl'esclave de ses pulsions et que le Moi, l'être véritable de l'homme, était tyrannisé par le ça, «marmite des passions ».

Il apparaît donc que, de même qu'il y a une liberté de l'individu vis-à-vis de lui-même et qui n'est pas réalisée chez l'homme à l'état de nature, ainsi l'homme seuln'est pas libre au sens de Rousseau et de Freud.

Mais alors, en quoi consiste la libération del'homme, et est-elle possible? Nous allons bien sûr trouver une réponse à cette question dansRousseau et Freud! En étant seul, je vis en conformité avec moi-mêmeLa société des hommes ne cesse de m'influencer.

Je dois me plier à mille contraintes.

Dès lors que je m'attache à une personne, mevoilà dépendant d'elle.

C'est pourquoi Épictète conseille à celui qui veut être libre de n'avoir «ni attrait ni répulsion pour rien de ce quidépend des autres» (Manuel).

Seul, je respecte ma propre nature et n'obéis qu'à elle. L'enfer c'est les autresSartre, dans Huis-clos, déclare: «L'enfer, c'est les autres.» Ce sont toujours les autres quilimitent la réalisation de mes désirs, et donc ma liberté. Sur la question d'autrui, Sartre souligne que seul Hegel s'est vraiment intéressé à l'Autre, entant qu'il est celui par lequel ma conscience devient conscience de soi.

Son mérite est d'avoirmontré que, dans mon être essentiel, je dépends d'autrui.

Autrement dit, loin que l'on doiveopposer mon être pour moi-même à mon être pour autrui, « l'être-pour-autrui apparaît commeune condition nécessaire de mon être pour moi-même » : « L'intuition géniale de Hegel est deme faire dépendre de l'autre en mon être.

Je suis, dit-il, un être pour soi qui n'est pour soi quepar un autre.

»Mais Hegel n'a réussi que sur le plan de la connaissance : « Le grand ressort de la lutte desconsciences, c'est l'effort de chacune pour transformer sa certitude de soi en vérité.

» Il restedonc à passer au niveau de l'existence effective et concrète d'autrui.

Aussi Sartre récupère-t-ille sens hégélien de la dialectique du maître et de l'esclave, mais en l'appliquant à des rapportsconcrets d'existence : regard, amour, désir, sexualité, caresse.

L'autre différence, c'est que si,pour Hegel, le conflit n'est qu'un moment, Sartre semble y voir le fondement constitutif de larelation à autrui.

On connaît la formule fameuse : « L'enfer, c'est les autres ».

Ce thème estdéveloppé sur un plan plus philosophique dans « L'être & le néant ».

Parodiant la sentencebiblique et reprenant l'idée hégélienne selon laquelle « chaque conscience poursuit la mort del'autre ».

Sartre y affirme : « S'il y a un Autre, quel qu'il soit, quels que soient ses rapports avecmoi, sans même qu'il agisse autrement sur moi que par le pur surgissement de son être, j'ai un dehors, une nature ; ma chute originelle, c'est l'existence de l'autre...

»J'existe d'abord, je suis jeté dans le monde, et ensuite seulement je me définis peu à peu, par mes choix et par mes actes.

Je deviens« ceci ou cela ».

Mais cette définition reste toujours ouverte.

Je suis donc fondamentalement libre « projet », invention perpétuelle de. »

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