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La philosophie est-elle un désir de mort ?

Publié le 07/10/2005

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philosophie
Pour eux, la vraie vie n'est pas là où elle se montre au premier coup d'oeil. -         On peut cependant dès lors se demander s'ils sont réellement dans le vrai. Ils affirment l'être, mais dès lors, pourquoi ne sont-ils pas tous d'accord entre eux ? Pourquoi le bien se cacherait-il pour ne se montrer qu'à quelques-uns ? Pourquoi serait-il si difficile de savoir ce que c'est que vivre, alors que nous sommes tous embarqués dans la vie ? Comment rendre compte du fait que notre vie ne soit pas une évidence à nous-mêmes ? -         Par conséquent, peut-être les philosophes ne sont-ils que des prestidigitateurs qui s'illusionnent eux-mêmes sur ce qu'est la vie mais qui sont en réalité inspirés par le désir de mort ?     Problématisation : On ne peut nier qu'il existe un problème quand celui qui veut nous enseigner de quelle manière il faut vivre le fait en nous expliquant que bien vivre exige d'apprendre à mourir. En effet, pour apprendre à nager, il n'est nullement nécessaire d'apprendre à se noyer, et on se contente plutôt d'apprendre à ne pas se noyer. Dès lors, comment ne pas se demander si le professeur ne serait pas quelque peu morbide ?

Analyse du sujet :

-         La philosophie se pense avant tout sur le mode de la recherche morale, comme un apprentissage de la vertu, comme une interrogation éthique questionnant notre destination véritable. En tant que telle, elle apparaît comme un désir de vivre, puisque la problématique éthique peut se résumer en ces termes : « qu’est-ce que bien vivre ? « Or, il faut désirer vivre pour se demander ce que c’est que « bien vivre «.

-         Cependant, il faut noter que la référence fondatrice de la philosophie, à savoir Socrate, affirme que « philosopher, c’est apprendre à mourir. « Comment dès lors ne pas douter du désir de vie de la philosophie ? Comment ne pas se demander si la philosophie n’est pas qu’un pur désir de mort ?

-         On sait par ailleurs que le philosophe est quelqu’un qui apparaît toujours comme étant « en dehors de la vie «, et il semble qu’une vie consacrée à la philosophie soit une vie sacrifiée tant les philosophes apparaissent désintéressés des biens de ce monde.

-         Cela étant, les philosophes ne portent pas ce point de vue sur leur propre existence. Même ceux qui optent pour l’ascétisme le plus radical le font parce qu’ils pensent que c’est de cette manière qu’il faut vivre pour vivre bien. Ils ne se détournent pas d’une vie normale parce qu’ils pensent qu’il ne faut pas vivre, mais justement parce qu’ils considèrent que ce n’est pas vivre pleinement que de vivre une vie normale. Pour eux, la vraie vie n’est pas là où elle se montre au premier coup d’œil.

-         On peut cependant dès lors se demander s’ils sont réellement dans le vrai. Ils affirment l’être, mais dès lors, pourquoi ne sont-ils pas tous d’accord entre eux ? Pourquoi le bien se cacherait-il pour ne se montrer qu’à quelques-uns ? Pourquoi serait-il si difficile de savoir ce que c’est que vivre, alors que nous sommes tous embarqués dans la vie ? Comment rendre compte du fait que notre vie ne soit pas une évidence à nous-mêmes ?

-         Par conséquent, peut-être les philosophes ne sont-ils que des prestidigitateurs qui s’illusionnent eux-mêmes sur ce qu’est la vie mais qui sont en réalité inspirés par le désir de mort ?

Problématisation :

On ne peut nier qu’il existe un problème quand celui qui veut nous enseigner de quelle manière il faut vivre le fait en nous expliquant que bien vivre exige d’apprendre à mourir. En effet, pour apprendre à nager, il n’est nullement nécessaire d’apprendre à se noyer, et on se contente plutôt d’apprendre à ne pas se noyer. Dès lors, comment ne pas se demander si le professeur ne serait pas quelque peu morbide ? Comment ne pas voir poindre en lui un désir de mort caché ? La recherche du « bien vivre « peut-elle s’accompagner d’un apprentissage du « bien mourir « ?

 

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« son âme.

Si nous sommes plus proches du monde intelligible, c'est parce que nous procédons de ce monde.

Nous enprocédons à l'aide de notre âme, qui constitue notre essence réelle.

Celle-ci ne fait que s'incarner dans le corpsmais, à l'image du monde intelligible, l'âme est immortelle et éternelle.

Dans la mort dont les hommes ont peur, cen'est que le corps qui est supprimé.

L'âme subsiste au-delà du corps puisqu'elle est immortelle.

Ainsi que Platon lefait dire à Socrate dans L'apologie de Socrate : « On est mort, quand le corps, séparé de l'âme, reste seul, à part, avec lui-même, et quand l'âme, séparée du corps, reste seule, à part, avec elle-même.

» De la sorte, celui quiconnaît cet enseignement n'a plus peur de la mort puisqu'elle n'est pour lui qu'un moment parmi d'autres de son âme.Il sait que sa vraie vie commence lorsque son âme se sépare de son corps et il n'est donc plus effrayé par cemoment.

Il peut donc vivre mieux toute sa vie, car il peut la vivre sans peur.

Ainsi, « apprendre à mourir », c'estégalement apprendre à vivre.

Transition : Cependant, cette théorie dualiste qui oppose un monde sensible et un monde intelligible, une âme et un corps, n'est-elle pas qu'un cache-misère ? La foi en la raison est une foi morbide.

2. a) Pour accepter le point de vue socratique, encore faut-il accepter la séparation du monde en monde sensible etmonde intelligible et celle de l'être humain en corps et âme.

Ce dualisme considère que la vérité est forcément ducôté du monde intelligible et de l'âme, tous deux considérés comme lieu d'expression de la raison.

Mais c'est peut-être accorder une trop grande confiance à la raison et à notre logique.

Après tout, on peut considérer avec Nietzsche que « Le monde nous paraît logique parce que nous avonscommencé par le rendre logique.

» ( Volonté de puissance , Tome 1, Livre 1, §135) Il se pourrait parfaitement que nous projetions notre raison sur lemonde parce que c'est notre arme la plus puissante pour résister au chaos dumonde : « Il faut ramener l'instinct de la connaissance à un instinctd'appropriation et de conquête » écrit Nietzsche dans la Volonté de puissance (Tome 1, Livre 2, §534).

Ainsi le « monde intelligible », rempli d'abstractionset de concepts vides, n'est peut-être qu'une invention de notre esprit et seulexisterait réellement le « monde sensible ».b) Dans un tel cas, le primat philosophique donné à la raison pourrait n'êtrequ'un moyen pour le philosophe de se cacher quelque chose à lui-même.

Cequ'il veut se cacher, c'est son incapacité à vivre en accord avec le monderéel.

En effet, si le monde réel est tel que nous le décrit Nietzsche, et tel quefinalement il nous apparaît par les sens, - c'est-à-dire un monde dans lequelrègne le chaos et où la vie n'obéit à aucun ordre sinon à la profusiondésordonnée de puissance et d'énergie -, si tel est le cas, alors le philosopheest quelqu'un qui se réfugie dans un univers imaginaire où les choses sontfixes et immuables pour échapper au flux incessant de la vie.

Inconsciemmentet malgré lui, le philosophe serait donc quelqu'un qui s'inventerait un « arrière-monde » (selon l'expression nietzschéenne) pour échapper au monde réel.c) Cette volonté inconsciente d'échapper au monde réel, et donc au mondede la vie, pourrait être interprétée comme un désir inconscient de mort.

Eneffet, si la vie est profusion permanente d'énergies toujours changeantes qui s'enfuient dans la roue du temps pourréapparaître ailleurs, alors le monde rationnel, ce monde qui est fait de concepts abstraits, fixes et éternels, incarnel'exact contraire de la vie.

Par conséquent, on peut affirmer qu'il est le monde de la mort.

Aussi, désirer ce mondeainsi que le faisait Socrate, c'est désirer la mort.

Transition : Mais se peut-il vraiment qu'un individu, consciemment ou non, désire la mort ? La philosophie est le champ de bataille de la vie et de la mort.

3. a) Toutefois, on peut se demander pour quelle raison un individu qui désirerait la mort prendrait tant la peine devivre et de survivre dans ce monde de la vie qui lui paraît hostile.

Il se peut que ce que désire cet individu, ce nesoit pas la mort en tant que telle, mais la mort comme moyen de survivre à un monde qui le fait trop souffrir.Finalement, cette forme de mort n'est peut-être qu'un moyen pour le philosophe de ne pas mourir de la vie, c'estdonc son système de survie à lui.

Comme l'ascétisme, qui est une forme dérivée du mode de vie philosophique etrationnel, la philosophie témoignerait de « l'instinct prophylactique d'une vie en voie de dégénérescence qui cherche par tous les moyens, à subsister, qui lutte pour son existence » (Nietzsche, Généalogie de la morale , troisième dissertation, §13).

Le philosophe ne serait alors qu'un être pris au piège de la vie, et qui cherche dans la mort lesmoyens de prendre le dessus sur cette vie.b) Si tel est le cas, on peut alors considérer que le philosophe cherche malgré tout à vivre, et que le désir quil'anime est désir de vie.

Simplement, l'homme étant inadapté au monde dans lequel il vit, il est forcé et contraint dechercher ailleurs que dans la vie elle-même les outils qui lui permettent de survivre.

Ces outils, il les trouve dans lamort qui est ce qui s'oppose à la vie.

Son désir de vivre est donc contraint de désirer la mort pour s'exprimer.

Lephilosophe désire donc la mort en tant que celle-ci est le carburant de son désir de vivre.

La mort n'est qu'unmoyen, et seule la vie est une fin en soi.c) La philosophie peut finalement être conçue comme étant le lieu humain de ce champ de bataille entre la vie et lamort.

C'est l'endroit abstrait où l'homme fait se rencontrer la mort et la vie pour décider de l'issue.

La philosophie. »

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