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La raison doit-elle se contenter de calculer les moyens d'atteindre une fin donnée, ou bien peut-elle aussi assigner des fins à notre action ?

Publié le 24/05/2012

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Resterait à savoir, en effet: d'une part, pourquoi Dieu nous assigne une fin déterminée : d'autre part, pourquoi nous devons obéir à Dieu. Si nous pouvons nous poser ces questions et y répondre, c'est parce que nous sommes doués de raison, en sorte que le dernier mot revient à la raison et non à Dieu. Or, nous l'avons dit, la raison perçoit des faits et des rapports ; elle n'impose rien. C'est pourquoi en fondant l'obligation sur l'autorité divine, ...

« la logique passionnelle se glisse parmi les opérations de la logique rationnelle.

Pour raisonner correctement, la raison doit donc se défen­ dre de viser à autre chose qu'à cette correction, à l'observation des exigences formulées par la logique formelle ou par les théoriciens de la déduction.

D'ailleurs, même en donnant au mot "raison" l'acception élargie qu'il a dans l'usage courant, en le prenant comme syno­ nyme d'intelligence, il ne lui appartient pas davantage d'assigner des fins ; son rôle se réduit à proposer les moyens aptes à conduire à des fins fixées par ailleurs.

Grâce à l'intelligence nous comprenons la nature des choses, les causes des phéno­ mènes observés, les raisons de certains comportements de nos semblables comme aussi de nous-mêmes.

Or, nous n'assignons évidemment aucune fin à la machine ou à l'organisme dont nous avons expliqué le fonctionnement.

Pas davantage à l'homme dont nous avons compris la conduite.

Sans doute, en observant les hommes et en nous observant nous-mêmes, nous distinguons des tendances vers certaines fins.

Ces tendances, nous les constatons, ce n'est pas nous qui les avons implantées en nous ; ces fins nous attirent sans que nous nous les soyons assignées, et souvent malgré notre vrai vouloir.

Nous pouvons, il est vrai, grâce à l'intelligence ou à la raison, comparer entre elles ces tendances et ces fins, établir une hiérarchie, déterminer celles qui sont préférables ...

Mais d'après quel critère se fera cette détermination ? Nous le savons par l'histoire des doctrines : suivant qu'on interroge Epicure ou Marc Aurèle, Durkheim ou Bergson, la réponse sera bien diffé­ rente; signe qu'elle ne vient pas de la seule intelligence, laquelle devrait aboutir à une vérité identique pour tous.

D'ailleurs, à supposer que l'intelligence ou la raison par­ viennent à fixer une hiérarchie des fins admise par tous les esprits, i 1 resterait à nous assigner la fin qui devrait diriger notre action.

Car " assigner" dit plus que " constater "· L'indi­ vidu à qui on assigne une résidence, n'est pas libre de s'établir ailleurs.

L'assignation oblige.

Or, à supposer que nos puissances cognitives puissent déterminer quelle est la fin la plus conforme à notre nature ou même la plus désirable, on ne voit pas com­ ment elles pourraient nous obliger à y tendre.

Dans le domaine moral, comme d'ailleurs dans les autres - technique, économique, politique ...

-, le rôle des fonctions. »

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