SAINT-ÉVREMOND : Lettres
Publié le 25/09/2012
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A bien des égards, Saint-Évremond représente le type même du libertin agnostique que Pascal aurait souhaité convertir : fin , spirituel, ouvert, conscient de l'extrême diversité des attitudes qu 'on peut adopter devant la vie, et doué d'un tact social exquis. Malheureusement, dans sa tentative de conversion, le janséniste se serait heurté à une difficulté insurmontable : le goût marqué de notre épicurien pour les divertissements, et sa conception radicalement différente de leur nature. (...) SaintÉvremond ne croit pas que les divertissements détournent l'homme de l'essentiel , à savoir son salut.
«
Charles de Mar guetel de Saint-Denis , sei
g neur de Saint-É vre
mond ( 1614 -1 703), s'illustra d'abord dans le méti er d es armes.
Contraint à l'exi l ( 1661) pour avo ir critiqué la poli
tique de Mazarin, il
n e put jamais reven ir
en
France, où ses écrits (essais, traités, poésies, lellr es)
étaient très appr éciés.
Le livre
Un épistolier en vogue
L
a plupart des deux cents lettres qui sub sis tent de la
correspondance de Saint-Évremond ont été écrites pendant
le s années d'exi l, en Hollande et surt out en Angleterre.
L'exi l
n 'avait pas que des inconvénients ; il permettait
à cet esprit non
conformiste une liberté de pensée que la censure royale n'aurait
pas tolérée (certaines lettres ont d
'ailleurs été édu lcorées par
l es
premiers éditeurs).
Les correspondants étaient des amis
de
l'écrivain ainsi que des relations illustres : Corneille, La
Fontaine , Ninon
de Lenclos , et surtout la duchesse Mazarin,
nièce du cardina l, à qui
il vouait un profond attachement, et dont
la mort (1699) assombrit ses dernières années.
Ces lettres étaient
considérées par les contemporains comme
des chefs-d'œuvre
d '
espr it et de bon goût, tantôt écrites dans le style l éger du
badinage mis
à la mod e par Voiture , et entrecoupées de vers
ga lants , tant ô
t, sur un ton plus grave, prodiguant des conseils
sur l
'art de vivre ou exposant des idées philosophiques et des
jugement s littéraires.
Épic urisme modéré
S
aint-Évremond se rattache à un courant de pen sée qu'on a
appe lé libertinage érudit, repré senté par quelques marginaux
(Théophile de Viau , Gasse ndi) qui s'arrogent le droit de rejeter
le s dogmes religieux et la mor ale officielle.
Lui même est
un
esprit sceptiq ue et agnostique .
Il juge impossible d 'obtenir une
certitude intellectuelle en matière religieuse , d
'où ses raillerie s
envers la prétention de De sca rtes de vouloir démontrer
l'immortalité de l 'âme.
Les querelles théologiques lui paraissent
absurdes.
Il suggère de se conformer extérieurement
à la religion
de son pays , pour éviter les ennu i
s, tout en préserv ant sa liberté
intérieure .
Disciple
d'Épicure , il s'attache avant tout à bien
vivre , ce qui , pour lui, sig nifie le rejet de toute s le s pas sions ,
so urce s de trouble s.
Il apprécie
l'amitié et les plaisir s de la
conversation entre gens de bonne compagnie et préconise
un usage modéré de to us les plais ir s du corps et de l'es prit ,
l 'essentie l étant de vivre chaque
instant avec intensité : «d'un
jour je fais un mois, et d' un moi s une année »..
»
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