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LE SCEPTICISME

Publié le 30/10/2009

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Les doctrines stoïcienne et épicurienne représentent des dogmatismes rivaux. Il est facile d'opposer terme à terme le matérialisme atomistique (selon Epicure) et le finalisme providentaliste (des stoïciens), la théorie épicurienne du « clinamen « et du libre arbitre, la théorie stoïcienne du destin, la morale épicurienne du plaisir prudent, la morale stoïcienne de la volonté héroïque. Le fondateur du scepticisme, le Grec Pyrrhon d'Élis (365-275), célèbre au point que le mot pyrrhonisme fut longtemps un équivalent répandu du mot scepticisme, était un contemporain des philosophes qui fondèrent les deux grands systèmes du stoïcisme et de l'épicurisme. Témoin de leurs contradictions, il leur substitua un point d'interrogation.  Énigmatique figure à l'arrière-plan de l'école sceptique, tout comme Socrate à l'arrière-plan de la tradition platonicienne, Pyrrhon n'a rien écrit. Nous savons qu'il avait accompagné son maître, le démocritéen Anaxarque en Asie, lors de l'expédition d'Alexandre. Il semble bien que Pyrrhon fut impressionné par les sages hindous. Il ne comprit pas leur langage mais garda le souvenir de leur impassibilité et de leur détachement étranges. Pyrrhon lui-même, à cause de sa simplicité et de sa valeur morale autant que pour sa doctrine, connut la gloire dès son vivant, fut nommé à son retour d'Asie grand-prêtre d'Élis et reçut des Athéniens le droit de cité. Son disciple Timon de Phlionte mit sa doctrine par écrit. Chez Pyrrhon — comme chez Timon — le scepticisme est une propédeutique au détachement. Parce que toutes les opinions s'équivalent, parce que nos sensations ne sont ni vraies, ni fausses, parce que les doctrines des sages se contredisent, il faut ne rien affirmer, se détacher de tout, et par le silence (aphasia) mériter l'ataraxie. Le souverain bien est cette paix de l'âme qui, chez le sage, résulte de la suspension de tout jugement. La source de nos troubles n'est-elle pas dans ces jugements absolus et téméraires que nous portons sur la malice ou la bonté des choses ? Pratiquons l'« époché «, la suspension du jugement, nous aurons la paix et la sagesse.

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