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Énonciation et dramatisation

Publié le 27/03/2015

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En outre, les personnages situent leur action ou leur parole dans un espace plus ou moins large, plus ou moins précis, tantôt réaliste, tantôt symbolique : « Je vous aime de loin, d'en bas, du fond de l'ombre « (Ruy Blas); «Nul n'a plus de six pieds de haut dans le cercueil « (Marion Delorme) ; « Ah ! pays damné ! terre du dédain ! sois maudite à jamais ! « (Chatterton); « (...) je jette la nature humaine à pile ou face sur la tombe d'Alexandre « (Lorenzaccio).

« E X P 0 S É S F C H E S L'espace et le temps Dans le système énonciatif du drame romantique qui refuse les unités de lieu et de temps, les indices spatio-temporels prennent une importance réelle.

Les personnages inscrivent leur action ou leur parole dans un temps donné Lorenzo use tour à tour du passé, du présent ou du futur ; Ruy Blas éclaire le pré­ sent des sombres menaces du passé ; la vie de Chatterton est suspendue au futur d'une réponse.

Autant de situations d'énonciation qui appellent une utilisation extrêmement diversifiée des temps, mais aussi des modes.

En outre, les personnages situent leur action ou leur parole dans un espace plus ou moins large, plus ou moins précis, tantôt réaliste, tantôt symbolique : « Je vous aime de loin, d'en bas, du fond de l'ombre» (Ruy Blas);« Nul n'a plus de six pieds de haut dans le cercueil » (Marion Delorme) ; « Ah ! pays damné ! terre du dédain ! sois maudite à jamais ! » (Chatterton) ; « ( ...

) je jette la nature humaine à pile ou face sur la tombe d'Alexandre» (Lorenzaccio).

Modalisateurs* et évaluatifs* Le discours du drame romantique est fortement marqué par la subjectivité.

Aussi les termes de la modalisation y sont-ils nombreux : verbes et adverbes ex­ priment la position du personnage, son approche mentale ou affective, ses doutes, ses certitudes ...

Particulièrement nombreux dans les tirades, ils soulignent avec force l'état d'esprit des héros et des héroïnes.

Ces modalisateurs sont, bien sûr, inséparables des évaluatifs qui expriment davantage encore la subjectivité d'un discours dramatisé par les sentiments (la passion, la peur, la haine, la colère, la révolte, le mépris ...

).

Le discours dramatique recourt à des noms, à des adjectifs ou à des verbes révélateurs: «Vous êtes mon lion superbe et généreux» (Hernani); « je serre les poings de rage en remuant dans ma poche quatre ou cinq méchantes pièces d'or» (Lorenzaccio) .

....

Ill -VERS OU PROSE : UNE ALTERNATIVE SIGNIFICATIVE ? Le discours dramatique emprunte aussi bien la forme du vers que celle de la prose.

Vigny, pourtant poète, écrit Chatterton en prose.

Musset opère le même choix pour Lorenzaccio.

Hugo, qui s'est déclaré partisan du vers dans la Préface de Cromwell, écrit la plupart de ses drames en alexandrins.

Hernani, Ruy Blas, Ma­ rion Delorme, Le rois 'amuse appartiennent à ce théâtre versifié, tandis que Lu­ crèce Borgia, Marie Tudor ou Angelo, tyran de Padoue choisissent la prose.

À cette même prose de Henri Ill et sa cour (Dumas) font écho en contraste les alexandrins de Cyrano de Bergerac (Rostand).

Le choix du vers ou de la prose est-il pour autant significatif 'I L'alexandrin subit un traitement si particulier chez Hugo (le fameux « vers éclaté » d' Hernani ou de Ruy Blas) qu'il perd son identité formelle à travers la cascade des répliques courtes qui le morcellent et le décomposent.

On remarquera qu'aucun auteur n'a essayé, à l'imitation du modèle shakespearien, de mêler dans un même drame romantique vers et prose.

Or, là se trouvait une des voies possibles pour une nou­ velle écriture et une nouvelle parole dramatique.

Conclusion: L'individu s'exprime pleinement dans ce système énonciatif riche et complexe.

Le discours dramatique obéit à une véritable rhéto­ rique des sentiments : l'éloquence y oublie rarement le lyrisme, l'em­ phase est souvent sauvée par l'éclat d'un verbe généreux.

LE DRAME.ROMANTIQUE =:Iill. »

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