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« Percevoir, a dit Bergson, signifie immobiliser. »

Publié le 15/09/2014

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bergson

A. Le rôle de l'intelligence. — Pour le sens commun et pour la phi­losophie classique, l'intelligence — en désignant par ce terme l'ensemble des fonctions de connaissance — a pour rôle essentiel de nous faire con­naître les choses : c'est là la théorie intellectualiste de l'activité de l'es­prit. BERGSON n'admet pas cette conception, et nous avons en lui un des principaux partisans de la théorie pragmatiste : l'intelligence est ordonnée à l'action et non à la connaissance; elle a pour but de nous permettre d'agir sur les choses et non de nous en donner une représentation fidèle; « nous tenons, dit-il, l'intelligence humaine pour relative aux nécessités de l'ac­tion... L'intelligence vise d'abord à fabriquer n. (E. C. 133, 154. Cf. 138-110.)

 

Aussi, d'après BERGSON, ne sommes-nous pas naturellement portés à voir les choses comme elles sont, en curieux avides de savoir et de com­prendre : c'est leur utilisation pratique qui nous intéresse et la façon de les prendre qui nous préoccupe.

bergson

« LA SE:\'SA TIO: ET LA PERL~EPTIO'.\' si·ieuce, p.

Si-\Jl (anciennes édit.): L'évolution créatrice, chap.

n: au chap.

111, l'inteliiyence et l'instinct, fonction naturelle de l'intel[iuence !ancienne édit., l'· 14'.J-lï9; édit.

récentes.

p.

l3S-lüti); ~latière et ~lémoire au chap.

1v, Perception et matière, )'.

20";-2;1:1, et Conclusion, p.

2;;;; !anciennes édit.) La pensée et le rnounrnt.

art.

sw· " la perception du changement " et p.

38-3\J, Sli-\JO (anciennes i'ditio1n) ou p.

30-31, ;:3.;;-, (édit.

récentes).

:\.-B.

- Le te.rie des diffc'rcntcs 1'ditions des œ11rrcs de Beruson est identique, 111ais la pagination des éditions postérieures à l\l40, d'un caractère plus petit, est sensiblement différente : ainsi la première édition de L'évolution créatrice avait 403 pages, la li' édition (l\Jlti) n'en compte plus que 3i2; La pensée et le mouvant J"IS>'e de .323 p.

Ù 2êi3).

l:·nnonccno;;.

- Tout se meut dans l'uni\·ers.

A l'échelle humaine déjà il se produit bien des mouvements qu'enregistrent nos appareils senso­ riels; mais la science nous révèle au-delà des données immédiates de nos sens, dans l'inflniment petit aussi bien que dans l 'infiniment grand, une agitation et des vitesses qui nous déconcertent : rp1 'on songe aux loin­ taines galaxies par rapport auxquelles le système auquel nous apparte­ nons se déplace à des centaines de kilomètres par seconde, aux révolu­ tions· des électrons de l'atome autour du noyau, aux ondes lumineuses ...

Or, au dire de RERGSO:I', nous serions· incapables de percevoir ces mou­ vements, car, assure-t-il, « percevoir signifie immobiliser '" Affirmation qui heurte le sens commun et dont les conséquences seraient graves, car si nous percevons immàbile un monde qui est essentiellement mou­ vement, nos représentations sont trompeuses et les constructions de la science illusoires.

Aussi, après nous être efforcé de bien comprendre la pensée du grand philosophe, nous la discuterons.

I.

- EXPOSÉ.

A.

Le rôle de l'intelligence.

- Pour le sens commun et pour la phi­ losophie classique, l'intelligence - en désignant par ce terme l'ensemble des fonctions de connaissance - a pour rôle essentiel de nous faire con­ naitre les choses : c'est là la théorie intellectualiste de l'activité de l'es­ prit.

BERGS0:-1 n'admet pas cette conception, et nous avons en lui un des principaux partisans de la théorie pragmatiste : 1 'intelligence est ordonnée à ! 'action et non à la connaissance; elle a pour but de nous permettre d'agir sur les choses et non de nous en donner une représ~ntation fidèle; "nous tenons, dit-il, l'intelligence humaine pour relative aux nécessités de ! 'ac­ tion ...

L'intelligence vise d'abord à fabriquer)), (E.

C.

Hl3, 11\4.

Cf.

138-1 IO.) Aussi, d'après BERGSON, ne sommes-nous pas naturellement portés à voir les choses comme elles sont, en curieux avides de savoir et de com­ prendre : c'est leur utilisation pratique qui nous intéresse et la façon de les prendre qui nous préoccupe.

C'est donc que perceYoir consiste à· détacher, de l'ensemble des objrts, l'action possible de mon corps sur eux.

La perception n'est alors qu'une sélec­ tion.

E:Je ne crée rien; son rôle est, au c-0nlraire, d'éliminer d\l l'ensemble des images toutes celles sur -lesquelles je n'aurais aucune prise, puis rie chacune •les images retenues elles-mêmes, tout œ qui n'intéresse pas les besoins de l'image que j'appel!e mon corps.

r.lf •.

Il, p.

2'56.). »

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