SCHLUMBERGER Jean: critique et analyse de l'oeuvre

SCHLUMBERGER Jean (1877-1968). L’œuvre de Schlumberger, peu étudiée, reste encore largement ignorée. On sait qu’il fut mêlé à l’aventure de la Nouvelle Revue française, on retient qu’il fut critique (Plaisir à Corneille, 1936) et romancier, mais on connaît mal le rôle qu’il joua dans le monde des lettres. Le fait qu’il descende de Guizot, qu’il soit issu d’une famille protestante d’industriels alsaciens, tout cela a contribué à donner de lui une image austère bien peu conforme à la vérité : son œuvre est, en fait, souvent baignée d’humour.

 

Schlumberger a raconté dans Éveils (1950) les premières années de sa vie jusqu’à la guerre de 1914. Il sut se dégager du conformisme familial, de la religion, pour se déterminer seul. Son amitié pour Gide, qui, assez longue à prendre forme, s’établit solidement après son mariage, lors d’un séjour en Italie en 1903-1904, donne une idée de son désir de regarder au-delà de toutes les frontières.

 

En fait, ce prétendu solitaire s’est intéressé très tôt à la vie publique. Encore mineur, il est un des signataires de la pétition lancée par l’Aurore pour réclamer la révi-

sion du procès de Dreyfus. Il est également l’un des fondateurs des universités populaires. Et, plus tard, on le retrouve dans le journalisme, à Vendredi (de novembre 1935 à avril 1936), puis au Figaro (à partir de décembre 1937).

 

Il fut un passionné de théâtre, ce qui sans doute témoigne, sur un autre plan, de son goût pour les activités collectives. Il participa à la fondation du Vieux-Colombier. Mais comme auteur dramatique, il ne rencontra que des déceptions : les deux pièces de lui que monta son ami Jacques Copeau, les Fils Louverné, en 1913, et la Mort de Sparte, en 1921, n’eurent aucun succès.