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Le travail, son sens humain, sa valeur morale ?

Publié le 27/02/2008

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Le travail est apparu, dans l'antiquité, comme un malheur ; la tradition juive en fait la conséquence de la faute originelle; de même, pour les Grecs, le travail est le fait non de l'homme libre mais de l'esclave ; le terme « travailler « porte en lui ses propres stigmates, il vient du latin « tripaliare « qui signifie torturer.

Aujourd'hui, au contraire, le travail est considéré comme une valeur positive ; la pensée chrétienne ne l'envisage plus uniquement comme la conséquence du péché mais comme un moyen normal et naturel de sanctification ; pour la pensée hégélienne et marxiste, le travail, loin d'être une servitude, est l'instrument par lequel l'humanité réalise sa propre essence et accède à sa liberté, c'est « l'acte par lequel l'homme se produit lui-même «, Hegel).

Est-ce à dire qu'un te! renversement de perspective soit définitivement acquis ? Non sans doute car, si le monde moderne a découvert les dimensions proprement humaines du travail, le pessimisme antique en avait souligné — de manière exclusive, certes, mais valable — les aspects dégradants et toujours actuels. Le travail humain est ambigu ; ce sont les deux aspects de cette ambiguïté qu'il nous faut mettre en lumière.

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« Sans doute ne sommes-nous pas sans moyens d'organiser de façon plus rationnelle, c'est-à-dire plus humaine, letravail mécanique : détente des rythmes, introduction de temps morts, variation des tâches, organisation d'unitésfonctionnelles, etc., mais, d'une part la mécanisation du travail se trouve liée à l'usage même de la machine ou à l'organisation réglée du travail collectif, d'autre part elle est développée par les impératifs de la productivité et du profit ; c'est un second point qu'il faut à son tour aborder. 2° L'aliénation sociale du travailleur.

— Le travailleur, du moins le travailleur salarié, n'est pas son maître mais est assujetti à un maître.

Il y a là les conditions d'une seconde aliénation qui compose avec la première. Il est inévitable en effet que le travailleur, du moins tant qu'il n'est pas reconnu ou ne s'est pas fait reconnaîtrecomme homme, soit tenu pour une simple « force de travail » : l'intérêt économique de l'employeur sera d'obtenir du salarié le maximum de résultat pour le minimum d'argent ; on sait quelles furent, au début de l'ère industrielle,alors que la pression de l'employeur sur le « marché du travail » ne connaissait aucune limite légale, les cruelles conséquences de cette dialectique pour les travailleurs, hommes, femmes, enfants, et quelles elles restent là où lessalariés n'ont pas encore réussi à obtenir des lois garantissant leurs intérêts matériels. Mais l'aliénation sociale du salarié ne saurait être supprimée par la seule amélioration des conditions matérielles detravail (salaire, nombre d'heures de travail, sécurité de l'emploi, loisirs, etc.), car, même dans de telles conditions, letravailleur, comme simple producteur de tâches, reste séparé du produit de son travail, il ne s'y réfléchit pas, ne s'yproduit pas ; l'aliénation ne peut être supprimée que dans la mesure où le travailleur participe à l'organisation, à lagestion, à l'utilisation de son travail ; le travail alors n'est plus un simple instrument indispensable à la subsistancedu travailleur ou de sa famille, il devient le moyen normal de son expression humaine, de son épanouissementindividuel ou collectif.

On voit comment une « civilisation du travail », c'est-à-dire une civilisation où le travail a une fonction civilisatrice, met en cause, de proche en proche, non seulement les structures de l'emploi, mais aussicelles de la vie économique et politique tout entière. CONCLUSION On saisit maintenant la raison de l'équivoque qui pèse sur la valeur du travail, son sens humain et sa valeur morale. Dans son principe il est humanisant et moralisateur ; en fait, principalement dans ses formes salariales etindustrielles, il est engagé dans une double servitude, celle de la mécanisation et celle de l'exploitation. Les anciens avaient donc raison, car le risque est perpétuel d'enliser le travailleur dans l'anonymat de la matière qu'il se propose d'humaniser, ou de le rejeter hors du corps social dont en fait il soutient l'existence. Si le travail est, dans son essence, humanisant, il ne peut l'être effectivement et se réaliser comme travail que parla libération technique et sociale du travailleur.. »

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