Devoir de Philosophie

Peut-on résister à la vérité ?

Publié le 17/01/2022

Extrait du document

► Résister est un terme ambigu. La résistance peut être voulue à proprement parler, donc choisie, comme c'est le cas de la résistance durant la Seconde Guerre mondiale, mais elle peut aussi désigner un refus plus ou moins conscient - voire totalement inconscient: c'est en ce sens que Freud nomme «résistance«, en psychanalyse, le fait d'empêcher les pensées inconscientes d'accéder à la conscience. Dans tous les cas, la résistance renvoie à une opposition active. ► La vérité désigne traditionnellement l'adéquation de la pensée ou du discours à la réalité.

« [III.

L'illusion du vrai] Encore faudrait-il pouvoir montrer en quoi l'efficacité scientifique est une valeur absolue, dès lors préférable auxvaleurs des Papous.

Démonstration dont on sait que les ethnologues la tiennent pour impossible.

Notre adhésion àce que nous tenons pour vrai ne serait-elle fondée que sur un ensemble d'illusions ? Certains philosophes ont osé lepenser. Lorsque Marx analyse les consciences de classe telles qu'il peut lescomprendre à son époque, il remarque ainsi que la conscience de labourgeoisie est radicalement dans l'erreur parce qu'elle ne veut rien connaîtrede la lutte des classes.

Dès lors, elle admet que ses valeurs sontnécessairement universelles (par exemple : que la Déclaration des droits del'homme et du citoyen concerne bien tous les hommes, alors que, selon Marx,elle ne concerne que les membres de la bourgeoisie), que sa vision deschoses est forcément la bonne, que sa compréhension de l'histoire ne peutêtre discutée, que sa conception de la propriété est « naturelle », etc.

Celan'entraîne pas, de la part de Marx, une condamnation massive : si labourgeoisie a une telle mentalité, c'est qu'elle ne peut faire autrement, enraison même des conditions matérielles de son existence.

En revanche, labourgeoisie devient condamnable (du point de vue de Marx s'entend) si, aprèsque Marx a révélé le fonctionnement de son idéologie, elle continue à s'ensatisfaire, et à ne pas admettre que la transformation du mode de propriétédes moyens de production est une nécessité historique.Les dénonciations nietzschéennes sont encore plus amples et plusambitieuses, puisque, pour l'auteur d'Ainsi parlait Zarathoustra, c'est toute laculture européenne qui s'est constituée depuis Socrate d'une énormerésistance à la vérité.

Parce que la morale des esclaves a remplacé celle desmaîtres, un durable renversement des valeurs a eu lieu.

La philosophie elle-même, comme exploration de la signification possible de la vie, n'en finit pas de valoriser des notions (l'âme, la générosité, les valeurs chrétiennes : l'amour, la pitié, l'entraide, etc.) qui ne sontrien de plus que le contraire de ce qu'exige la vie.

Ainsi, c'est toute la construction intellectuelle de l'homme,héritière aussi bien de la philosophie platonicienne que de la morale chrétienne, qui lui interdit d'accéder à la vérité.Mais on doit ajouter que l'homme occidental se complaît dans son erreur - et qu'il y a donc chez lui une authentiquerésistance à la vérité - parce qu'elle flatte la faiblesse, l'avachissement de la masse, et qu'elle l'autorise à s'abêtirtoujours un peu plus.La position de Nietzsche a au moins l'avantage d'indiquer que la vérité peut nous effrayer, parce qu'elle nous estdevenue insupportable. [Conclusion] La vérité, quelque conception qu'on en ait, n'est pas un pouvoir conquérant : on peut l'ignorer.

On peut aussi larefuser, lorsque nos intérêts se trouvent en jeu - individuels ou culturels.

C'est par habitude que nous affirmons quenotre devoir est de la reconnaître dans la version - scientifique notamment - que nous en préférons.

Mais il restetoujours possible de mettre en question la confiance que nous mettons en elle : à ce prix est la liberté de l'esprit.. »

↓↓↓ APERÇU DU DOCUMENT ↓↓↓

Liens utiles