Devoir de Philosophie

Peut-on résister à la vérité ? Et si oui, pourquoi ?

Publié le 21/01/2020

Extrait du document

des erreurs collectives, la situation est tout autre, précisément parce que l’existence d’une erreur collective désigne fréquemment une ignorance réelle, c’est-à-dire l’absence de la vérité qui devrait remplacer l’erreur. Ce n’est donc qu’à long terme, lorsque la vérité aura été découverte, qu’on pourra rétrospectivement constater qu’il y avait bien une erreur. Il nous est facile, aujourd’hui, de considérer que les astronomes du xiie siècle étaient dans l’erreur en admettant le géocentrisme. Il va de soi qu’ils ne pouvaient ni connaître, ni corriger leur erreur. Dans ce cas, mieux vaut parler d’ignorance que d’erreur. Mais la possibilité de l’ignorance vient nous rappeler que la vérité scientifique ne s’élabore que très lentement, qu’elle est une construction intellectuelle dépendant de recherches souvent complexes, et que rien dans la nature ne nous propose spontanément des vérités qu’il nous serait alors possible d’accepter ou de refuser. L’ignorance n’est pas une résistance à la vérité, puisque cette dernière n’est pas encore élaborée.

« !' CORRIGÉ24 met en cause notre capacité à éviter le vrai ou à lui résister.

La vérité est massivement admise comme une valeur positive, et il paraît surprenant que l'esprit ne soit pas automatiquement fasciné par sa révélation.

Peut-on résister à la vérité ? Et si oui, pourquoi ? [I.

le quotidien et le mensonge] Je sais bien, et depuis longtemps, que l'expression «le soleil se lève» ou « se couche » ne correspond pas à la vérité astronomique.

Cela ne m'empêche pas de l'utiliser fréquemment.

Non par hostilité à l'égard de la vérité, ou parce que je la méprise, mais plus simplement parce que, poilr mes sens, le soleil continue à se lever, même si je sais par ailleurs que ce n'est pas vrai : à la vérité scientifique vient s'opposer une pseudo­ vérité sensible qui me suffit dans ma vie quotidienne.

L'existence banale est ainsi riche en occasions où la vérité, même connue, est légèrement dédaignée ou peine à s'imposer.

D'abord parce que le langage de la quotidienneté est approximatif et n'a pas besoin d'être d'une rigueur extrême.

Il arrive en conséquence, et très fréquem­ ment, qu'une conversation soit émaillée de semi-vérités ou même de contre-vérités qu'il suffirait de signaler aux interlocuteurs pour qu'ils les corrigent aussitôt : c'est que, pour l'objet de leur discussion, ils n'avaient pas besoin de se référer uniquement à des vérités à propos de tout ce qu'ils pouvaient évoquer.

Plus grave est sans doute le cas du mensonge, puisqu'il suppose la volonté délibérée de cacher la vérité, ou de la travestir.

Le mensonge révèle du même coup que la vérité n'a pas nécessairement en elle-même la force de s'imposer, qu'elle ne peut interdire l'exercice de notre liberté: si j'ai décidé de mentir, ce n'est pas le fait de connaître la vérité qui pourra m'en empêcher (c'est bien plutôt ce qui me permet de mentir !).

Si je m'interdis de mentir, ce sera pour des raisons morales, et non pour des raisons logiques : la vérité n'est pas en elle-même une valeur morale.

[Il.

l'ignorance] Lorsque le jeune enfant écrit « 2 + 2 = 5 », il fait une erreur, qu'il apprendra aisément à corriger : on lui montrera le résultat juste, et on lui enseignera qu'il s'agit d'une vérité universelle, admise depuis bien long­ temps.

S'il la répète ensuite comme tout le monde, ce n'est pas par conformisme, ou pour faire plaisir à ses parents, c'est parce qu'il ne trouve aucun intérêt à s'obstiner dans son erreur, et qu'il lui semble plus satisfaisant de se ranger parmi ceux« qui savent».

La vérité peut donc triompher aisément, à condition d'être connue depuis longtemps, et d'être inscrite dans une mentalité.

Mais il ne s'agis­ sait dans cet exemple que d'une erreur individuelle.

Lorsqu'on considère 117. »

↓↓↓ APERÇU DU DOCUMENT ↓↓↓

Liens utiles