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Qu'est-ce que parler veut dire ?

Publié le 27/02/2005

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On croit ordinairement, il est vrai, que ce qu'il y a de plus haut, c'est l'ineffable. Mais c'est là une opinion superficielle et sans fondement; car, en réalité, l'ineffable, c'est la pensée obscure, la pensée à l'état de fermentation, et qui ne devient claire que lorsqu'elle trouve le mot. Ainsi le mot donne à la pensée son existence la plus haute et la plus vraie. »   Le fonds que nous cherchions, Hegel le trouve dans la pensée. Si la pensée aboutie est d'emblée verbale, alors le parler est pensant. En d'autres termes, on ne peut plus considérer le parler comme une simple extériorisation. En effet, l'ineffable n'est pas l'intime que le parler traduit en mots, mais l'inabouti, appelé déjà à se faire verbe, c'est-à-dire à être parlé. On pourra réfléchir ici à la notion de discours intérieur : lorsque je me parle à moi-même, je parle déjà. Cela ne signifie pas, formellement, que le pôle de l'écoute soit, dans cet exemple, supprimé : toute parole s'adresse à un auditeur au moins possible, jusqu'au discours intérieur lui-même. Cela signifie que le fonds de la parole n'est pas l'adresse et non l'adresse à un auditeur.

      La forme du sujet est très simple, et ne présente aucun piège. Sa particularité est l'emploi de la locution vouloir dire, par opposition à un verbe plus clair, comme signifier, par exemple. Il faudra donc utiliser cette indistinction pour donner de la richesse au questionnement. Lorsqu'on se demande ce qu'un phrase, ou une thèse, veulent dire, on demande leur signification, leur sens, on cherche à l'expliquer. Lorsqu'on demande ce qu'un acte, ou un phénomène, veulent dire, on questionne, tout aussi bien que son sens, sa valeur, ou plutôt, en son sein, quel différentiel, en lui, permet l'évaluation. Par exemple, si l'on demande ce que tel geste, telle initiative veut dire on questionne aussi la valeur qui, comme geste, ou comme initiative, les détermine. Il y a des gestes inconsidérés, réflexes, et des gestes muris, lourds de sens. Et c'est ce différentiel qui les évalue comme geste ou initiative. On pourrait donc penser à proposer, comme repère des valeurs immanent à la notion de geste, les catégories opposées du réflexe et du geste intentionnel, par exemple. Ainsi, il faut bien comprendre ce qui est attendu de la dissertation : il faut, certes, déterminer le sens, la signification du parler, mais aussi, à partir de là, déterminer ce que nous appellerons son repère de valeur.

« part, sa fin : être employée de concert avec d'autres. ● Nous avons esquissé quelques figures du parler, et ce qui frappe est la forte division du phénomène : du prisonnier que le bourreau tente de faire parler aux deux amis désoeuvrés qui parlent pour passer le temps, ilsemble y avoir deux phénomènes et deux charges de sens opposés.

Faut-il donc renoncer à penser le parlerdans son indivision ? Ceci ne nous amènerait qu'à une description extérieure du parler : exprimer du sens,communiquer, bref, autant de définitions qui montrent le parler comme une extériorisation.

Le parler nereçoit-il donc son sens que de ce qu'il dit? C'est pourquoi il nous faut tâcher de comprendre les relationsentre le parler et l'intériorité : parler ne veut-il dire que traduire des pensées en mots? Ceci nous ramène à lapré-compréhension du parler dans laquelle l'homme vit toujours déjà : signifie-t-elle que la pensée soittoujours déjà traduisible en mots? Ou au contraire que la parole pense? Enfin, afin de comprendre ce que, del'intériorité, le parler exprime, il nous faudra comprendre qui parle, c'est-à-dire ce qui, de nous et en nous,parle. Proposition de plan I Parler et communiquer Ferdinand de SAUSSURE Cours de linguistique générale « La langue est un ensemble de conventions nécessaires adotées par le corps social pour permettre l'usage de la faculté du langage chez les individus [définition].

La faculté du langage est un fait distinct de la langue, mais qui ne peut s'exercer sans elle.

Par la parole , on désigne l'acte de l'individu réalisant sa faculté au moyen de la convention sociale qui est la langue.

» Henri BERGSON La pensée et le mouvant « Or, quelle est la fonction primitive du langage ? C'est d'établir une communication en vue d'une coopération.

Lelangage transmet des ordres ou des avertissements.

Il prescrit ou il décrit.

Dans le premier cas, c'est l'appel àl'action immédiate ; dans le second, c'est le signalement de la chose ou de quelqu'une de ses propriétés, en vue del'action future.

Mais, dans un cas comme dans l'autre, la fonction est industrielle, commerciale, militaire, toujourssociale.

Les choses que le langage décrit ont été découpées dans le réel par la perception humaine en vue du travailhumain.

Les propriétés qu'il signale sont les appels de la chose à une activité humaine.

Le mot sera donc le même,comme nous le disions, quand la démarche suggérée sera la même, et notre esprit attribuera à des choses diversesla même propriété, se les représentera de la même manière, les groupera enfin sous la même idée, partout où lasuggestion du même parti à tirer, de la même action à faire, suscitera le même mot.

Telles sont les origines du motet de l'idée .

» Il faut lire ce texte en gardant à l'esprit le premier.

Bergson ne dit pas que parler c'est communiquer, mais qu'il s'agitlà de la fonction du langage.

Or Saussure définit le parler comme le passage à l'acte d'une faculté, le langage.

C'esten assimilant cette faculté à un outil de communication que Bergson nous permet d'avancer cette hypothèse :parler veut dire communiquer. Transition Mais cette première hypothèse, si elle semble rendre compte de la majorité des parler, n'est acceptable qu'à condition de passer sous silence une certain nombre de cas limites, par exemple le monologue du solitaire, ou laparole du dormeur.

Nous devons donc chercher un fonds plus originaire au parler que la communication.

Pour cefaire, nous interrogerons les rapports entre le parler et le penser.

En effet, en-deça de la communication, le parlersemble achopper à la pensée.

S'il est plus originaire que son expression, où, au voisinage de la pensée, faut-ilchercher le parler? II Penser et parler. »

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