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Samson et le lien de filiation : Comment la quête affective et l'incapacité d'individuation viennent ils faire échos à un défaut de filiation ?

Publié le 14/01/2013

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..« toute personne humaine, aussi démunie soit elle a quelque chose à dire de sa position subjective ?..«. Simone Korff-Scausse Introduction : J'ai choisi cette année d'effectuer mon stage de master 1 de psychopathologie clinique dans une Maison d'Accueil Spécialisée. La M.A.S reçoit 36 résidents adultes répartis sur quatre unités de vie. Cette institution accueille des personnes qui souffrent d'une déficience intellectuelle profonde sévère, associée ou non à une déficience motrice ou sensorielle, ils sont tous atteints de troubles divers nécessitant une prise en charge spécifique... Le premier jour à l'institut ma référente de stage qui est psychologue clinicienne, m'a attribué un groupe d'observation, un groupe que l'on nommera le groupe « Perce-neige « tout en me précisant que j'avais la possibilité d'étendre mon observation à l'institution entière si je le souhaitais. Au cours de ce stage de quatre mois et que j'ai débuté tardivement car je l'ai commencé en janvier, j'ai participé à de nombreuses activités et ateliers de façon ponctuelle, mais l'essentiel de ma participation s'est orientée vers deux groupes thérapeutiques : le groupe psychocorporel et l'atelier conte qui appartient aux ateliers du Foyer de Vie...le but étant d'explorer les activités propres au foyer de vie. Ce qui ne m'a empêché d'apporter mon attention à l'institution de manière générale. Cependant ma motivation s'est trouvée accrue par l'effet d'une rencontre clinique avec un jeune homme de 35ans qui est par ailleurs le sujet de mon mémoire. J'ai essayé au fil des séances d'appréhender les problématiques de Samson grâce à mon matériel clinique et à la relation vécu avec Samson. C'est dans cet univers de déficience mentale, de troubles psychotiques, de troubles autistiques et de souffrance psychique que je venais les lundis, et vendredi de chaque semaine. Ce mémoire sera pour moi l'occasion d'exposer les différents questionnements et sentiments soulevés par cette rencontre avec Samson. Tout d'abord je ferais une présentation de mon lieu de stage. Ensuite j'exposerai le déroulement du stage par l'illustration concrète de missions que j'ai assumées, en m'attardant sur la façon dont j'ai rencontré Samson et en me penchant plus précisément sur les éléments qui m'ont permis d'élaborer ma problématique et mes hypothèses. Je poursuivrais ensuite par l'exposition de la méthodologie et la dynamique relationnelle. Et enfin je présenterai le matériel clinique qui m'a orienté dans la formulation de ma problématique, pour terminer dans une troisième partie par une discussion théorico-clinique qui ferait état de la littérature sur la problématique privilégiée. I- Dispositif de recherche : 1.1.Présentation du lieu de stage : J'ai ainsi effectué mon stage de master 1 de psychopathologie clinique dans une Maison d'Accueil Spécialisée. Cette institution accueille, comme je l'ai précisé auparavant, des polyhandicapés avec troubles associés, ils sont, tous atteints de troubles divers nécessitant une prise en charge propre. Cette Maison d'accueil spécialisée est gérée par l'Association Croix-Rouge française et reçoit 36 résidents adultes répartis sur quatre unités de vie. Ces personnes souffrent d'une déficience intellectuelle profonde sévère, associé ou non à une déficience motrice ou sensorielle. N'ayant pu acquérir un minimum d'indépendance et d'autonomie, leur état de santé nécessite des soins et une surveillance constante. L'équipe pluridisciplinaire qui prend en charge les résidents, regroupe les professionnels suivants : médecins généraliste, infirmière, aide soignants, psychologue, kinésithérapeute, ergothérapeute et psychomotricien, des moniteurs-éducateurs, A.M.P, aide de vie. Elle élabore et met en oeuvre les projets individualisés de chaque résident. De plus un élément non négligeable dans le fonctionnement de cet établissement et qui a attiré mon attention c'est la façon dont le projet d'établissement a été rédigé et constitué par l'équipe professionnelle et de plus l'essence de la mission de ce projet d'établissement s'alimentent au quotidien de sept concepts qui sont le soin, la sécurité physique et psychique, l'épanouissement, l'autonomie, l'indépendance, la socialisation enfin l'insertion (qui est toute relative). Pendant plusieurs mois, je quittais la MAS épuisé d'être restée une longue journée en présence d'adultes bruyants ou agités ou au contraire murés dans un mutisme un calme apparemment imperturbable. Parfois, le soir, en analyse ou lors de rencontres à la faculté, j'essayais de raconter mes journées. L'état dans lequel j'étais était une vraie sidération psychique face à un univers qui m'était complètement inconnu, il a fallu que je me familiarise avec ce nouvel univers empreint de handicap, de physique différent, de dysmorphies, d'odeurs, de réactions, de bruit et de langage non verbale. Lorsque l'on s'intéresse à la littérature psychanalytique, il est frappant de voir qu'il existe moins de textes renvoyant à une psychopathologie spécifique du sujet déficient mental et handicapé. Il apparait surtout que la dimension psychanalytique est secondaire et ce qui prime ce sont souvent des considérations éducatives, d'organisation matérielle de la vie de la personne handicapée, d'appareillages, de rééducation, on parle plus en terme de besoin et non de désir. Ainsi le champ de l'éducatif, du rééducatif, à tendance à chasser celui du thérapeutique. Il m'apparait que pour ces populations on leur parle plus en termes de pragmatisme, de réalité qu'en termes d'émotions et d'affects. On aborde toujours la personne en incluant son handicap dans la relation que l'on établit avec elle mais on ne s'adresse pas vraiment à cette personne. On voit d'abord le handicap et cela fausse un rapport honnête, détendu, dégagé de tout présupposé. Cela pose donc la question de la subjectivité, la notre et celle de la personne handicapée. En effet, si nous personnes dites « normales «ou non porteuses d'handicap nous revendiquons notre subjectivité, notre « moi «, notre « je «, notre « identité « nous le faisons car nous avons quelque chose à dire de nous même, on peut se poser la question de savoir ce qu' il en est de la personne handicapée  ou déficiente mentale en partant de l'hypothèse que fait Simone Korff-Scausse dans son ouvrage ..« toute personne humaine, aussi démunie soit elle a quelque chose à dire de sa position subjective ?..«. 1.2. Ma rencontre avec Samson : Ainsi le sujet de mon étude concerne un jeune homme de trente quatre ans : Samson qui présente une déficience intellectuelle de type retard mental sévère avec troubles associés, Samson est également diagnostiqué psychotique du fait de son comportement : balancement, automutilation, retrait, fuite du contact, qui peuvent évoquer un tableau psychotique. Il présente aussi une grande carence éducative et affective. A la déficience mentale s'ajoute, en premier lieu, un corps marqué par un syndrome dysmorphique associé à un retard psychomoteur. Nicolas ne parle pas. Il est âgé de trente quatre ans bientôt trente cinq en décembre 2011. Il est donc né le 24 décembre 1976 et a été placé à sa naissance, sous saisine de justice, il a été mit sous sauvegarde de justice, le dossier indique que ses parents sont tous les deux alcooliques. Il est ensuite placé à la pouponnière de Laval, puis dans un foyer DDASS pendant 1an et demi avec famille d'accueil, puis à trois ans est placé dans une autre pouponnière dans une ville voisine. Enfin à 4ans, il rentre à l'IMP de St A ... où est déjà placé son frère ainé. Il y'aura des retours en famille pour les vacances. Les contacts avec la famille ont toujours été très difficiles. En novembre 1994, il eut un dernier weekend avec la famille, le bilan de la prise en charge a été désastreux. Depuis plus de contact avec la famille. En 1996, à vingt ans Samson entre à la Maison d'Accueil Spécialisée de St A... . Samson a deux frères et trois soeurs dont l'une est décédée. Il est le deuxième de la fratrie. Aujourd'hui Samson mesure 1,50m, il est de petite taille, il a le teint pale, le front bombé, le nez écrasé, la chevelure clairsemée, il est toujours en mouvement, il porte des couches, le jour et la nuit.il est couvert d'ecchymoses. Comme je l'ai évoqué Samson n'a pas le langage verbal. Partant de ce constat, la mise en place d'un cadre différent est nécessaire pour élaborer une rencontre, cette première rencontre avec Samson s'est faite dans un espace de rencontre spécifique à l'institution, il s'agit un dispositif thérapeutique qui est désigné par l'institution comme l'atelier psychocorporel. Ma première rencontre avec Samson se fera donc sur le mode d'une médiation groupale. Habituellement sont présents à cet atelier, la psychologue, la psychomotricienne et deux autres résidents de la MAS. Néanmoins, depuis le début du stage la place de la psychomotricienne est vacante car elle avait déjà démissionné lorsque j'ai entamé le stage, une nouvelle psychomotricienne vient d'être embauchée et participe désormais aux séances. Ainsi jusque la les séances étaient animées par la psychologue et je l'accompagnais autant que je peux. Les éléments de l'entretien clinique ou la rencontre clinique avec un sujet handicapé et déficient intellectuel se déroule différemment d'un entretien avec un sujet qui a la parole, ici il s'agit d'un entretien non-verbale et le travail de médiation groupale est important, il est donc nécessaire de recourir à d'autres formes de communication dans ces cas la. Ainsi, le but de l'atelier psychocorporel est une ouverture à la sensorialité, on est du coté de l'ouverture des sens, de l'ouverture de l'autre, la place du corps y est essentiel. Pour se faire, on propose aux résidents faisant partis de l'atelier, différents objets sensoriels, jouets, peluche, ballons, objets lumineux, vibrants, sonores, de différente taille et de différente matière, des instruments de musique, des matelas au sol. Par ailleurs il est prévu un lecteur CD, un CD de musique de relaxation, et un diffuseur d'huile essentielle. Le déroulement de la séance se fait de la façon suivante nous accompagnons les résidents à la salle de psychomotricité : les résidents restent installés dans leur fauteuil, debout ou assis sur une chaise ou peuvent s'installer sur les tapis que nous mettons en début de séance. La psychologue prend le temps de rappeler ce qui s'est passé pour chacun lors de la séance précédente, de leurs semaines passées et elle verbalise les réactions au moment d'aller les chercher ce jour, sur leur groupe. Nous leurs proposons comme je l'ai souligné précédemment différentes médiations (jeu sensoriels, instruments de musique, etc.) de manière individuelle ou groupale. La psychologue verbalise la fin de la séance tout en rangeant le matériel et annonçant la prochaine séance à venir avant de les raccompagner sur leur groupe respectif. Nous nous réunissons suite à la séance pour prendre notes des observations et réfléchir aux orientations de travail pour chaque résident et pour le groupe. Les éléments qui sont au centre de ce groupe psychocorporel sont nombreux tel que l'épanouissement. En effet, on continue à rechercher les sources de plaisir et de bien-être corporel. On pense également à rechercher d'autres médiateurs et diversifier les situations sensorielles de détente, et leurs proposer des moments de relation privilégiée (mode ludique, etc.), On leurs proposer également de se déplacer, les amener à être acteur trouver des modes d'accompagnement pour apaiser leurs tensions. Un autre objectif de cette activité c'est la socialisation: on attire leur attention sur l'environnement qui les entoure (résidents et matériels), proposer des situations sensorielles diverses et variées, continuer de proposer des moments de relation privilégiée, proposer différentes médiations en relation individuelle et/ ou en jeu de groupe. L'indépendance est également une notion importante, on les encourage, on leurs donne envie de se mettre en action, on leurs proposer d'utiliser différents objets, on les encourage à investir l'espace, les valoriser, continuer de leur proposer de marcher de l'unité à la salle de psychomotricité. Enfin, la sécurité, est un élément essentiel c'est pourquoi on poursuit la réassurance et la contenance corporelle, en verbalisant leurs réactions, en les entourant, et en les soutenant dans la marche. 1.3.Le choix de Samson comme sujet d'étude : Au fil des séances, l'observation et l'implication dans les séances m'a permit de recueillir des éléments, des observations, des détails, Samson exprime de nombreuses choses, ma présence au sein du groupe occasionnent de nouvelles réactions et des manifestations de plaisir et de déplaisir chez Samson. Il ya une relation triangulaire qui s'est progressivement mise en place et cela pose la question de ma place (fonction du nom du père, la fonction du tiers). Il m'est apparu également que la place du corps est essentielle dans cet échange. Samson est quelqu'un qui a besoin de sentir et d'évaluer ces limites corporelles, il attire également l'attention par l'automutilation qu'il inflige à ce corps, il cherche l'intérêt de chacun par les attaques qu'il fait à l'encontre de son corps, il s'approche physiquement de nous pour montrer son désir d'être en notre compagnie, il manifeste de plus en plus d'intérêt pour moi au fil des séances, ce n'est pas pour autant qu'il joue avec moi mais il aime rester près de moi car il approche sa chaise près de moi. Au début ce n'était pas mon désir premier d'effectuer mon stage auprès de polyhandicapés et je ne souhaitais pas non plus m'intéresser à Samson. En effet ma première rencontre avec Samson pourrait se traduire par mon manque d'intérêt à son égard dans un premier temps, car son physique m'a rebuté et son apparence m'a rappelé « Guillaume «le sagouin de François Mauriac, un être dont transpire tellement de choses, de la sueur mais aussi une souffrance criante, ses cris, ses gémissements, ses « chouinements « ses pleurs, son odeur. Son apparence, ce qu'il renferme et qu'il ne peut pas exprimer me sont étrangers. Le monde du polyhandicap et de la déficience mentale me sont inconnus, il a été difficile pour moi de m'identifier à ces personnes, il a fallu que je me familiarise, ce fut un univers inquiétant pour moi les premiers temps. Ainsi comment rentrer en contact avec Sam...

« la façon dont j’ai rencontré Samson et en me penchant plus précisément sur les éléments qui m’ont permis d’élaborer ma problématique et mes hypothèses.

Je poursuivrais ensuite par l’exposition de la méthodologie et la dynamique relationnelle. Et enfin je présenterai le matériel clinique qui m’a orienté dans la formulation de ma problématique, pour terminer dans une troisième partie par une discussion théorico-clinique qui ferait état de la littérature sur la problématique privilégiée. I- Dispositif de recherche : 1.1.Présentation du lieu de stage : J'ai ainsi effectué mon stage de master 1 de psychopathologie clinique dans une Maison d’Accueil Spécialisée.

Cette institution accueille, comme je l’ai précisé auparavant, des polyhandicapés avec troubles associés, ils sont, tous atteints de troubles divers nécessitant une prise en charge propre. Cette Maison d’accueil spécialisée est gérée par l’Association Croix-Rouge française et reçoit 36 résidents adultes répartis sur quatre unités de vie.

Ces personnes souffrent d’une déficience intellectuelle profonde sévère, associé ou non à une déficience motrice ou sensorielle.

N’ayant pu acquérir un minimum d’indépendance et d’autonomie, leur état de santé nécessite des soins et une surveillance constante.

L’équipe pluridisciplinaire qui prend en charge les résidents, regroupe les professionnels suivants : médecins généraliste, infirmière, aide soignants, psychologue, kinésithérapeute, ergothérapeute et psychomotricien, des moniteurs-éducateurs, A.M.P, aide de vie.

Elle élabore et met en œuvre les projets individualisés de chaque résident.

De plus un élément non négligeable dans le fonctionnement de cet établissement et qui a attiré mon attention c’est la façon dont le projet d’établissement a été rédigé et constitué par l’équipe professionnelle et de plus l’essence de la mission de ce projet d’établissement s’alimentent au quotidien de sept concepts qui sont le soin, la sécurité physique et psychique, l’épanouissement, l’autonomie, l’indépendance, la socialisation enfin l’insertion (qui est toute relative).

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