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LES BONS ENFANTS

Publié le 11/10/2010

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Lecture - Maman.

Maman, c'est à douze ans que j'ai commencé à te comprendre... C'est à douze ans que j'ai commencé à te voir.

Maman, tu es toute petite, tu portes un bonnet blanc, un corsage noir et un tablier bleu. Tu marches dans notre maison, tu ranges le ménage, tu fais la cuisine et tu es maman. Tu te lèves le matin pour balayer, et puis tu prépares la soupe, et puis tu viens m'éveiller. J'entends tes pas sur les marches de l'escalier. C'est le jour qui arrive avec l'école, et je ne suis pas bien content. Mais tu ouvres la porte : c'est maman qui vient avec du courage et de la bonté. Tu m'embrasses, et je passe les bras autour de ton cou et je t'embrasse... Tu es mie bonne divinité qui chasse la paresse. Tu entrouvres la fenêtre, et l'air et le soleil, c'est toi, et tu es encore le matin et le travail...

Maman tu es travailleuse. Le travail de mon père est celui qui nous donne la vie, et ton travail consiste à l'ordonner. Tu veux que rien ne manque, et tout ton corps, et tes mains et tes cheveux et tes jambes s'occupent à ce soin, et je sens que tu en as fait les serviteurs de notre vie... Il y a la vaisselle, il ,y a le ménage, il y a la cuisine. Il y a le balai et la lessive. Il y a les commissions chez l'épicier, chez le boucher et chez tous les marchands. Il y a le raccommodage et la confection. Ce sont des travaux simples qui s'étendent devant ta vie et que tu accomplis sans cesse. Après chacun d'eux, tu regardes le suivant et tu pars où il te conduit, docile et calme.

Je te vois avec tes joues tendres où mes baisers s'enfoncent. Je vois tes mains un peu rugueuses que la vie a frottées avec tous ses travaux...

Maman, lorsque tu es assise à la fenêtre, tu couds et tu penses. Je sais bien à quoi tu penses... Tu penses à la chemise que tu couds, à un gilet, à un pantalon ou à la soupe du soir.

Tu penses à hier, à aujourd'hui, à demain...

Mais surtout tu penses à moi. Tu veux vivre, non pas tant pour me voir grandir que pour m'aider à cela. Ton coeur est plein de forces et tu veux toutes les employer... Alors, maman, tu n'es plus une simple femme qui coud et qui pense, tu es la mère d'un enfant de douze ans, tu te recueilles, toi qui prépares un homme

D'après Charles-Louis PHILIPPE - La Mère et l'Enfant. Nouvelle Revue Française

 

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