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A quoi sert la conscience ?

Publié le 28/02/2005

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Il n'y a plus de terme supérieur à la conscience chez Husserl : la conscience se sert elle-même, à la fois moyen et fin, horizon même du monde. Elle ne vise plus que sa propre saisie, car la conscience représente la structure ultime du monde humain.   II Critique de cette fonction absolue de la conscience : Freud et Kant   -Le problème désormais c'est qu'en attribuant ainsi un rôle suprême de la conscience, on ne voit plus comment elle peut servir à quelque chose, c'est-à-dire provenir d'une situation problématique pour parvenir à un résultat optimisé. Ce n'est que si la conscience comprend en elle-même un élément qui n'est pas elle-même, une étrangeté qui pose problème, qu'elle peut traiter cette étrangeté première pour la rendre familière. C'est que Freud va exposer dans la première topique de l'appareil psychique, composée de l'inconscient, du pré-conscient et du conscient (L'Interprétation des rêves) : la conscience a pour fonction de réguler l'énergie psychique plus libre de l'inconscient, afin de permettre une vie humaine normale et structurée. La conscience part ainsi de l'étranger et du difforme (l'inconscient) pour parvenir à un résultat plus familier et formé (notre vie consciente, notre langage, nos normes sociales).   -Kant a explicité cette dimension pratique de la conscience dans la Critique de la raison pratique : la conscience est toujours en prise avec un divers empirique du monde qu'elle doit unifier dans une morale universelle. La conscience sert donc ici à déterminer le bien et le mal : elle est la forme même du service, du "devoir" qui est pour Kant la formule même de l'impératif moral. La conscience sert donc à mener une vie morale, car elle est elle-même ce qui fonde ce "service", ce "devoir" comme moyen universel de réalisation de la vie pleinement humaine.   III La conscience comme servant de façon sélective l'inconscient : Nietzsche et Bergson   -Mais n'y a-t-il pas encore quelque chose de paradoxal à vouloir que la conscience serve à quelque chose, mais que ce soit en même temps elle-même qui détermine ce service ?

La nature du phénomène même de la conscience, c'est-à-dire la manière dont elle nous apparaît naturellement, nous dissimule la fonction ou l'utilité de cet état de conscience. La conscience n'est pas conscience de sa propre utilité : elle est conscience du monde, conscience de soi, conscience de normes morales, elle apparaît donc comme un fait et un état, et non comme un moyen en vue d'une fin. Cependant, dès lors que nous sommes privés de conscience, on observe d'importants dysfonctionnements au sein de la vie humaine, dans sa dimension biologique et existentielle : une personne "inconsciente" peut être plongée dans un coma, et alors incapable des gestes habituels de notre existence, ou bien être considérée comme irresponsable, coupable d'une faute morale. C'est donc que la conscience sert à quelque chose, remplit une fonction, qui nous est la plupart du temps occultée. Mais quelle fin pourrait poursuivre cet état de conscience, qui le définirait alors comme un moyen ? Et si la conscience est un moyen, ce moyen a-t-il un statut particulier par rapport aux autres moyens ?

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« qu'un seul impératif catégorique d'où tous les impératifs du devoir peuvent être dérivés et que Kant énonce ainsi : «Agis uniquement d'après la maxime qui fait que tu peux vouloir en même temps qu'elle devienne une loi universelle ».De cette formule, Kant en déduit trois autres :• « Agis comme si la maxime de ton action devait être érigée par ta volonté en loi universelle de la nature.

»• « Agis de telle sorte que tu traites l'humanité, aussi bien dans ta personne que dans la personne de tout autre,toujours en même temps comme une fin, et jamais simplement comme un moyen.

»• « Agis toujours de telle sorte que tu puisses te considérer comme législateur et comme sujet dans un règne desfins rendu possible par la liberté de la volonté.

» III La conscience comme servant de façon sélective l'inconscient : Nietzsche et Bergson -Mais n'y a-t-il pas encore quelque chose de paradoxal à vouloir que la conscience serve à quelque chose, mais quece soit en même temps elle-même qui détermine ce service ? Nietzsche va explorer ce doute en objectant que laconscience ne décide pas elle-même le service qu'elle rend : elle est toujours "au service" d'une volonté depuissance qui s'en empare.

Ainsi, la conscience émerge pour Nietzsche de la volonté d'un créancier de rappeler sadette à son débiteur ( La Généalogie de la morale ) : par le châtiment, une mémoire de la dette se crée.

Par conséquent, contrairement à Kant, si la conscience part bien d'une étrangeté initiale (le lien créancier/débiteur), ellene parvient pas à une morale universelle mais à l'inverse elle conforte, elle accentue le divers initial.

-La conscience sert donc à sélectionner certains éléments du monde, qui affectent notre vie inconsciente, pour lesrendre plus intenses : cette thèse est explicitée par Bergson dans Matière et mémoire .

Le rôle de la conscience est sélectif et finalement provisoire, ponctuel et négatif : elle vient renouveler les éléments de la vie psychiqueinconsciente.

L'état conscient est donc condamné à disparaître pour relancer le dynamisme de la vie inconsciente,incessamment : sa fonction est donc négative, la conscience est comme un filtre qui vient faire une sélection de lapositivité de l'inconscient.

Conclusion -La conscience sert à rendre notre existence mieux adaptée à nos besoins : elle est ce qui permet de rendre notremonde familier, structuré par nos normes, connu par notre science.

-Mais cette première utilité pourrait dériver vers une abstraction qui isolerait complètement la conscience du diversdu monde, qui nous présente pourtant constamment une face inconnue : la conscience sert donc à critiquer sonpropre service.

-Par conséquent, la conscience apparaît comme un instrument humain bien particulier : elle est au service de cequ'elle n'est pas, c'est-à-dire l'inconscient, tout en prétendant de façon naturelle le dominer.

Instrument paradoxaldonc, dont la fonction est essentiellement critique, négative.. »

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