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Afin d'être heureux ne faut-il faire que ce que l'on veut ?

Publié le 27/02/2008

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  La forme du sujet, à savoir qu'il s'agit d'une phrase interro-négative, oriente notre réponse. En effet elle implique une réponse négative, non le bonheur ne réside pas dans une volonté qui ne serait pas empêchée. Pour autant, il faut se garder de répondre trop hâtivement au problème posé. L'interrogation philosophique exigeant d'envisager la question sans présupposés. Le sujet porte sur la relation entre le bonheur et la volonté. Il faut alors s'interroger sur la définition de ces deux notions et voir dans quelle mesure elles s'opposent ou au contraire se concilient.   Si le bonheur suppose que notre volonté ne soit pas empêchée, autrement dit que nos actions puissent s'accomplir sans être confrontées à des obstacles, alors la volonté dont il est question est une volonté libre, la liberté serait au fondement de notre bonheur. Cependant la liberté dont nous parlons serait d'une nature particulière, puisqu'il s'agirait d'une liberté illimitée, sans contraintes. Une telle liberté existe-t-elle ?   D'autre part si nous approfondissons le concept de volonté et celui de bonheur, on remarque que ce qu'il faut entendre derrière l'expression « faire ce que l'on veut » est plus proche du désir que de la volonté, elle-même, qui,guidée par la raison, intègre la notion de contrainte.   Pour répondre à cette problématique il nous faudra procéder en trois étapes afin de décider si « faire ce que l'on veut » est la condition du bonheur. La première étape tâche de comprendre dans quelle mesure le bonheur réside dans l'assouvissement de nos désirs et de notre volonté. La deuxième approfondit la relation entre la volonté et le bonheur, et s'interroge sur leur hétérogénéité ou leur homogénéité. Enfin il s'agira dans la dernière partie de donner la résolution, à partir des éléments mis en évidence, de la problématique.

« II- Y a-t-il hétérogénéité entre volonté et bonheur ? Faire ce que l'on veut est la condition d'un certain type de bonheur : le bonheur personnel.

Cela suppose que nos actions ne soient pas empêchées par celles d'autrui.

La réalisation de cette condition ne coïncide pas avec lebonheur de la communauté, celui-ci supposant que chacun limite sa liberté pour permettre l'expression de toutes leslibertés.

« Les maximes de la vertu et celles du bonheur personnel sont, quant à leur principe pratique suprême, tout à fait hétérogènes, et que, loin de s'accorder, quoiqu'elles appartiennent à un même souverain Bien afin de lerendre possible, elles se limitent beaucoup et s'entravent mutuellement dans le même sujet.

» Cette position kantienne, énoncée dans la Critique de la raison pratique , nous permet de prendre conscience de ce qui se cache derrière l'expression « faire ce que l'on veut » : il s'agit de la réalisation de notre faculté de désirer que nous avonsconfondue avec la volonté. Un autre argument qui vise à contester l'homogénéité de la volonté et du bonheur est le fait que la première intègre la notion de contrainte.

« Ainsi peut-on nommer vertu la faculté morale d'exercer une contrainte sur soi, et action morale (éthique) l'action qui résulte d'une telle intention (du respect pour la loi).

» [2] La volonté est autonomie, c'est-à-dire le fait de se donner à soi-même une loi. Dans la Critique de la raison pratique, Kant montre que le bonheur individuel, recherché par tout un chacun suivant ses propres penchants, nepeut être une finalité morale.

La recherche du bonheur peut fournir desmaximes personnelles d'action, mais non des lois à la volonté, même si l'onprend pour finalité le bonheur de tous.

La définition générale du bonheur estsubjective, donc variable et changeante.

On pourrait au mieux en tirer desrègles générales, mais jamais des règles universelles (valables toujours etnécessairement), car la base en est l'expérience et ce que l'on en ressent.

Larecherche du bonheur ne peut donc aboutir à une éthique comportant desrègles pratiques communes à tout être raisonnable.A la différence de ces éthiques eudémonistes (eudaimonia : bonheur) qui s'enremettent à la subjectivité de chacun pour apprécier le bonheur, la loi moraledoit être valable pour toute volonté raisonnable.

La morale repose sur des loisuniverselles et nécessaires (valables pour tous et que l'on ale devoir derespecter).

A la question que dois-je faire ?, la morale répond : le devoir, etuniquement le devoir.

Le souverain bien n'est pas le bonheur, mais la bonnevolonté, c'est-à-dire la bonne intention, désintéressée, l'intention de faire lebien pour le bien, ou encore de faire le bien par devoir.

Elle repose sur unimpératif catégorique ("tu dois parce que tu dois") et non hypothétique ("si tuveux obtenir tel résultat, fais ainsi").

Sans condition, il ne repose sur rien desensible.

L'action n'est pas bonne suivant ses résultats, mais bonne en soiquand elle est faite par devoir.

"Agis uniquement d'après la maxime qui fait que tu peux vouloir en même temps qu'elle devienne une loi universelle." Par ailleurs, le devoir commande le respectde la personne, de l'être raisonnable en tant que valeur absolue : l'humanité, que ce soit la sienne ou celle d'autrui,doit toujours être respectée comme une fin absolue, et jamais traitée simplement comme moyen.

Seule cettevolonté morale est autonome dans le sens où elle répond à la loi de raison qu'elle trouve en elle (et qui exige denous plier à l'universalité), et non à des exigences sensibles, naturelles et empiriques, qui nous rendent dépendants,hétéronomes : en ce cas, c'est l'expérience qui commande et non la volonté rationnelle. Cette deuxième étape de notre réflexion aboutit à la détermination de deux sphères : celle du bonheur qui coïncide avec l'assouvissement de notre désir et celle de la volonté en accord avec notre raison.

Doit-on enconclure que la réalisation de notre volonté ne conditionne pas notre bonheur ? III- La volonté comme tension vers le bonheur.

La volonté et le désir ont été opposés précédemment, l'une appartenant à la sphère rationnelle l'autre à la sphère du désir.

Pourtant il s'avère difficile d'en rester à cette position.

En effet la volonté, comme le désir, estmoteur de l'action.

Ils sont, tous les deux, tensions vers quelque chose qu'ils ont pour finalité d'atteindre.

Cetterelation entre le désir et la volonté et le fait qu'ils ne peuvent être séparés si facilement ont été soulignés parAristote dans l' Ethique à Nicomaque : « Aussi peut-on dire indifféremment que le choix préférentiel est un intellect désirant ou un désir raisonnant, et le principe qui est de cette sorte est un homme.

» Le bonheur n'est pas quelque chose que l'on possède une fois pour toutes.

Au contraire il est une finalité que l'on tend à atteindre.

Or si atteignons le bonheur c'est notre action qui n'a plus de moteur.

Nous sommes mus par lemanque, c'est lui qui nous pousse à agir.

La volonté se définit comme une tension et le bonheur, comme fin,suppose qu'il soit l'objet d'une visée.

« Tout art et toute investigation, et pareillement toute action et tout choix tendent vers quelque bien » [3] . Conclusion. »

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