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alain et l'astronomie

Publié le 23/03/2009

Extrait du document

alain
« J'ai vu la lune dans des lunettes; et ce n'était pas désagréable. Pourtant la vue de ces montagnes éclairées par le soleil ne m'a pas instruit. Car il y a un ordre à suivre et je n'en étais point là, mais plutôt à suivre la vagabonde d'étoile en étoile, et à bien marquer son chemin. Et, malgré tant d'observations, qui me rendaient peu à peu vraiment attentif à ce qui importe, la chose ne m'est pas encore familière. Autant à dire du soleil, des étoiles, des planètes; je les veux loin. La curiosité animale me pousserait à les voir grossies ou rapprochées; mais la curiosité humaine veut s'en tenir encore aux premières apparences, afin que les rapports les plus simples ne soient pas troublés. Le fameux Tycho-Brahé (1) ne voulait point se servir de lunettes; il s'en tenait aux réglettes orientées et aux fils tendus. Si les bergers Chaldéens (2) avaient eu nos puissants télescopes, ils n'auraient rien appris de la science maîtresse. Il n'est pas bon que le pouvoir d'observer se développe plus vite que l'art d'interpréter. » ALAIN (1) Tycho-Brahé est un astronome à la fin du xvi siècle. (2) Ce peuple de l'Antiquité passe pour avoir fondé l'astronomie.

•    Pourquoi Alain écrit-il : «La vue de ces montagnes éclairées par le soleil ne m'a pas instruit «? •    Pourquoi les veut-il « loin «? •    Différence(s) — selon Alain — entre la curiosité animale et la curiosité humaine ?

•    Pourquoi — selon Alain — si les bergers chaldéens avaient eu nos puissants téléscopes ils n'auraient rien appris de la science maîtresse? —    Rapport entre « loin « et « rapports les plus simples «? —    Quel est le nom de cette « science maîtresse «? —    Pourquoi « science maîtresse «? •    Qu'est-ce que Alain veut faire apparaître? —    Qu'en pensez-vous ?

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La question de la procédure dans l’apprentissage, notamment dans la démarche scientifique ou connaissante a toujours été d’une très grande importance. L’homme est un individu qui ne se contente pas de vivre dans le monde, mais il cherche aussi la vérité, la réponse aux questions pourquoi et comment. L’homme a une conscience, ce qui le met à distance du monde. Il n’est plus une chose parmi les choses, mais il se place devant le monde et lui pose des questions. De fait, puisque la vérité se pose comme un but aux hommes, il s’agit de poser les méthodes et les critères pour y arriver. La connaissance est alors une entreprise humaine à laquelle il faut réfléchir mais qu’il faut pouvoir guider. C’est bien ici le propos d’Alain, dit Emile Chartrier, dans ce texte extrait des Propos sur l’éducation. Celui-ci se double d’une réflexion plus moderne sur les relations à l’observation. Avec l’introduction de la méthode « moderne « introduite par Galilée, l’observation prend une grande place dans la découverte mais tous ne sont pas d’accord sur son importance, sa primauté. Les philosophes empiristes ont bien sûr défendu l’observation comme base de toute connaissance. Il s’agirait d’observer le plus grand nombre de faits, de les collecter et d’en déduire des lois générales sur le fonctionnement du monde. Alain, ici, cherche à comprendre comment l’observation peut être utile, les limites à lui assigner. L’utilisation de l’astronomie n’est d’ailleurs pas anodine puisqu’elle est le symbole même des sciences d’observation. Pourquoi Alain ici, rejette l’astronomie ? A quelle idée ou démarche l’observation est-elle ici subordonnée ?

 

 

alain

« pouvait véritablement nous rend des habitués.

Il faudrait pouvoir faire véritablement l'expérience des choses, enêtre les usagés.

Le terme même de « familier » renvoie à une intimité mais aussi à des rapports fréquents, à unehabitude qui vient de la pratique.

Il ne saurait y avoir une pratique des astres à travers une lunette.

De faitl'observation des astres n'abolit nullement la distance qui il y a entre eux et moi.

II Une progression nécessaire dans le savoir 1.

L'esprit progresse par étapes La principale raison aussi pour laquelle l'observation des astres n'instruit pas Alain, c'est parce qu'elle n'intervientpas au bon moment.

Il affirme dès la deuxième phrase qu'il y « a un ordre à suivre ».

Nous ne pouvons pas nouslancer dans le savoir et la découverte comme cela, sans méthode.

C'est d'ailleurs le propos du livre dont est extraitle texte.

Alain tend à donner les principes d'une véritable éducation.

Il a observé la lune alors que dans sonparcours, cela venait trop tôt.

Lui n'était, écrit-il, qu'à suivre le chemin des étoiles.

Alain affirme donc que l'esprit nepeut s'élever d'un coup à la connaissance.

On le remarque avec les enfants : on ne peut commencer à apprendreles théorèmes de mathématiques si les nombres et les opérations simples n'ont pas été vu avant.

De même, on nepeut tout livrer d'un seul coup mais élever les élèves petit à petit vers une expérience.

Il faut donc bien prendreconscience de ce cheminement nécessaire à l'esprit et ne pas faire intervenir l'observation trop tôt.Sans connaissances antérieures, il est vrai que ce que voit le non-scientifique dans la lunette, n'est pas telle étoileou telle constellation mais un amas de points brillants.

Sa vue est chaotique, sans ordre.

De même, par exemple,pour une observation d'oiseaux.

Un spécialiste identifiera tout de suite l'espèce.

Les profanes n'y verront que desoiseaux certes différents mais ne saura capable d'aucune véritable discriminations. 2.

Science et interprétation Pourquoi maintenant les Chaldéens n'apprendraient rien avec la lunette astronomique.

D'une part, sûrement parcequ'il ne saurait pas s'en servir mais d'autre part, surtout parce qu'ils n'auraient pas su lire l'image obtenue.

Alain liedans la dernière phrase la capacité à observer à la capacité d'interprétation.

Il nous dit que la première ne doit passe développer plus vite.

L'utilisation du terme même d'interprétation peut sembler paradoxale dans le domainescientifique.

En effet, au sens propre, l'interprétation désigne l'art de rendre clair ce qui était obscur.

Maisl'interprétation est d'abord lié aux écritures sacrées.

Saint-Thomas d'Aquin définit l'interprétation comme ladécouverte de la signification cachée d'un texte et Spinoza en donne les méthodes.

L'interprétation se situe doncplus dans un rapport aux textes et dans un second temps aux pratiques et activités humaines qui sont liés à uneintention, à une signification.

Pourquoi alors parler d'interprétation dans l'observation ? 3.

L'organisation de la perceptionPour Alain, la perception n'est pas une donnée brute.

Nous ne saurions en effet véritablement percevoir un dé alorsque la sensation ne nous donne que des tâches, des arêtes, des couleurs, le tout de manière parcellaire etfragmentée.

Il y a donc une activité du sujet qui ordonne les sensations et donne sens au monde.

En ce sens, nouspouvons dire que nous interprétons le réel pour le rendre ordonné et clair.

Les propos de ce texte sous-entendentdonc une conception particulière de la perception.

L'auteur considère en effet la perception comme activité del'entendement d'ordonnancement plutôt que comme une pure réceptivité par les organes ses sens.

Alain s'opposedonc au sens commun et à une conception philosophique défendue notamment par Epicure dans La lettre à Hérodote Le monde n'est pas là devant attendant simplement d'être enregistré tel quel.

Dans le fait de percevoir un objet, notre entendement travaille d'abord à l'isoler comme « un » et à le concevoir en tant qu' « objet ».

Et onpeut penser qu'un objet inconnu n'est pas isoler comme tel et ne distingue pas véritablement du fond sur lequel ilapparaît.

De fait, les Chaldéens munit d'une lunette astronomique n'aurait pas pu interpréter, c'est-à-dire organiser ce qu'ilvoyait.

Dans la science, l'intermédiaire des instruments demande l'interprétation des résultats donnés par eux.

Dansle cas de la lunette, cette dernière trouble si on peut dire notre rapport au monde.

III Les instruments scientifiques transforment le monde 1.

Les instruments changent et transforment leur objet L'utilisation des lunettes troublent le rapport au monde, en ce sens qu'elles pervertissent les distances réelles.Quand Alain nous dit, qu'il veut que les étoiles et le soleil soient et restent loin, il semble bien qu'il récuse l'utilisationd'instruments qui modifient notre rapport aux choses.

Les lunettes rapprochent les astres alors que ceux-ci sont àdistance.

Peut-être aussi que les chaldéens n'auraient pas su intégrer cette vision à leur vision, la vision réelle desastres.

Comment en effet comprendre que ce que je vois, dans la lunette, proche de moi correspond à la lune silointaine dans l'expérience immédiate ? Dans ce contexte, on peut donc donner une autre interprétation de la non-familiarité de l'observation faite par Alain.

L'observation des astres, à travers la lunette, ne peut être familière parcequ'elle se positionne contre l'expérience quotidienne.En réalité, Alain critique ici sur le fait que l'astronomie basée sur des instruments sort des sciences d'observationpure puisqu'en un sens, elle change l'objet qu'elle étudie.

Il affirme dans Eléments de philosophie que la « vraie astronomie c'est celle des chaldéens, avec les yeux seulement.

» L'observation pure nous apprend à former uneméditation, une idée sur les choses sans intervenir.

Or, les instruments de la science moderne sont trop occupés àchanger l'événement et ne comprenne donc plus les mêmes objets que nous.

C'est peut-être en ce sens qu'Alainparle d'une curiosité animale : l'objectif serait alors d'intervenir sur la nature dans l'optique simplement de la survieet non d'un savoir sur les choses.Il semble bien alors que ce qu'il faut privilégier ce sont les rapports simples.

Les rapports sont des relations établisentre deux objets distincts par l'esprit.

En ce sens, les lois sont des rapports constants entre une chose( la cause)et une autre( son effet).

Alain préconise ici donc la connaissance de ces relations entre les choses qui sont. »

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