Alain: Les deux avenirs...
Publié le 13/04/2005
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doit admettre que l'action humaine risque de changer aisément de sens.C'est pourquoi la confiance apparaît si importante : faisant partie des « faits » qui concernent l'homme, elle donne àses actions une coloration particulière — mais son absence est évidemment, sinon fatale, du moins très grave.
D'oùl'invitation à une sorte d'optimisme systématique :puisque notre avenir dépend de notre moral, il s'agit d'avoir bon moral à tout prix — et des formules que l'on pourraitrapprocher de la célèbre « méthode Coué » : « Si je crois que je vais tomber, je tombe ; si je crois que je ne puisrien, je ne puis rien ».
Le texte frôle l'encouragement à l'autopersuasion collective.
[III – Un optimisme peu dialectique]
On peut d'abord se demander si la différence affirmée par Alain n'est pas un peu trop systématique.
S'il est vrai quela science s'effectue « avec des yeux secs », il l'est peut-être moins que nous ne modifions jamais « les choses duciel ».
Le progrès technoscientifique commence à autoriser, non seulement la prévision de l'orage, mais, au moinsdans certains cas, son détournement.
Et la « résignation » n'est sans doute plus la seule attitude de l'homme faceaux phénomènes naturels : son entreprise consiste aussi, en prévoyant le déroulement de ces derniers, à seprotéger de leurs effets nocifs (cf.
les normes antisismiques introduites dans la construction au Japon).Complémentairement, l'invitation à la confiance fait peu de cas des rapports dialectiques existant, dans l'ordrehumain, entre ce qui a déjà été accompli et ce qui reste possible.
S'il peut être vrai que croire que l'on ne peut rienstérilise le désir d'agir, il l'est tout autant, et sans doute bien davantage, que l'action dépend largement desconditions présentes et des possibilités qu'offre la réalité.
Que la « confiance », ou son absence, puisse modifier laconception que l'on a des conditions présentes ne signifie pas, hélas, qu'elle modifie ces conditions elles-mêmes...S'il suffisait, pour programmer l'avenir de l'ordre humain, de volonté et d'optimisme, on comprendrait mal qu'unesociété puisse se trouver incapable de résoudre, par exemple, ses problèmes de chômage, sauf à imaginer uneperversion très particulière de sa volonté collective.
C'est donc que le réel, dans ses structures et sa constitutionmême, peut définir des situations contre lesquelles la seule volonté, aussi teintée d'optimisme qu'on la veuille, estimpuissante.
[Conclusion]
Ce texte d'Alain est symptomatique d'une attitude philosophique qui, pour atteindre une certaine clarté dansl'exposé et tenir compte de la seule dimension « psychologique » ou « morale » de l'homme, ignore la complexité duréel, mais aussi l'existence des relations dialectiques unissant la science et la nature d'une part, la volonté humaineet la réalité sociohistorique de l'autre..
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