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Alain: qu’est-ce qu’un inconscient ?

Publié le 05/01/2020

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Dégagez l’intérêt philosophique de ce texte en procédant à son étude ordonnée.

Qu’est-ce qu’un inconscient ? C’est un homme qui ne se pose pas de question. Celui qui agit avec vitesse et sûreté ne se pose pas de question ; il n’en a pas le temps. Celui qui suit son désir ou son impulsion sans s’examiner soi-même n’a point non plus occasion de parler, comme Ulysse, à son propre cœur, ni de dire Moi, ni de penser Moi. En sorte que, faute d’examen moral, il manque aussi de cet examen contemplatif qui fait qu’on dit : « Je sais ce que je sais ; je sais ce que je désire ; je sais ce que je veux. >> Pour prendre conscience, il faut se diviser soi-même. Ce que les passionnés, dans le paroxysme, ne font jamais ; ils sont tout entiers à ce qu’ils font ou à ce qu’ils disent ; et par là ils ne sont point du tout pour eux-mêmes. Cet état est rare. Autant qu’il reste de bon sens en un homme, il reste des éclairs de penser à ce qu’il dit ou à ce qu’il fait ; c’est se méfier de soi ; c’est guetter de soi l’erreur ou la faute. Peser, penser, c’est le même mot ; ne le ferait-on qu’un petit moment, c’est cette chaîne de points clairs qui fait encore le souvenir. Qui s’emporte sans scrupule aucun, sans hésitation aucune, sans jugement aucun ne sait plus ce qu’il fait, et ne saura jamais ce qu’il a fait.

Alain

« Dire Moi », « penser Moi », c’est encore procéder à un examen simultanément « moral » et « contemplatif ». Le Moi se perçoit comme sujet actif et par là même responsable : il assume ses gestes et ses conduites, parce qu’il a le recul nécessaire pour savoir ce qu’il fait. Mais le Moi se perçoit aussi comme sujet spéculatif : il a bien une connaissance — à la fois de ce qu’il sait, de ce qu’il désire et de ce qu’il veut. (Il est clair ici qu’Alain se situe — et sans doute volontairement — dans une méconnaissance complète de l’enseignement freudien, pour lequel le sujet, par définition en quelque sorte, est au contraire condamné à ne pas savoir ce qu’il croit savoir, à ignorer ce qu’il désire et à méconnaître ce qu’il veut.) Un tel Moi est donc totalement transparent à lui-même : il ne recèle aucune zone obscure, et s’offre à une autoconnaissance exhaustive.

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