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Analyser les rapports de la philosophie avec les autres sciences.

Publié le 05/06/2011

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philosophie

Exorde. — On a pu dire de la philosophie qu'elle était la science universelle, qu'elle embrassait l'ensemble des connaissances humaines. En effet, elle exerce une sorte de suprématie sur les autres sciences, et, sans se confondre avec celles-ci, elle les domine et les éclaire toutes, comme l'attestent ces expressions : Philosophie de l'histoire, Philosophie du droit, Philosophie des beaux-arts, Philosophie des sciences, etc. Cette suprématie est légitime, puisque c'est la philosophie qui vérifie les bases des autres sciences, c'est-à-dire les principes sur lesquels reposent les sciences, puisque c'est elle qui contrôle et perfectionne leurs méthodes. Outre ces rapports généraux qu'elle présente avec les autres sciences quand on l'envisage comme la science des principes, elle a aussi avec elles des rapports particuliers, quand on la considère comme une science particulière, qui a un objet propre et déterminé, l'âme humaine.

philosophie

« influence. Ainsi toutes les sciences morales ont besoin du concours de la philosophie.

Il en est surtout quelques-unes qui ontaven cette science des rapports tout à fait intimes; c'est ce qu'il est facile d'établir pour l'histoire, l'éloquence, lagrammaire, etc. 1° L'historien qui ne se contente pas de raconter les faits, mais qui, comme Thucydide et Polybe, veut les expliquerpar les vertus et les vices des hommes, qui ne cherche pas la cause des révolutions humaines, comme Hérodote,dans une force étrangère et supérieure, doit connaître l'homme, ses passions, les motifs qui sollicitent sa volonté;c'est dire qu'il doit connaître la psychologie.

— L'historien a également besoin des secours de la logique afin de nepas s'égarer dans la recherche de la vérité, de ne pas prendre pour cause ce qui n'est pas cause.

En outre, lacritique historique est soumise à des règles qui relèvent de la logique, science des méthodes.

— L'histoire a étéappelée la conscience du genre humain; elle punit le mal par le blâme et récompense le bien par l'éloge; elle prendtoujours le parti de la justice, celui de Socrate contre ses juges, celui des chrétiens contre Néron, des victimes dela Terreur contre leurs bourreaux.

Or, il ne suffit pas à l'historien, pour juger avec sûreté, de s'en rapporter à saconscience; celle-ci gagne à être éclairée et réglée par la science de la morale.

— Enfin, on ne saurait comprendreles révolutions morales et politiques sans la connaissance des idées et des systèmes philosophiques qui lesprécèdent, les préparent et les expliquent.

Ainsi, l'empire romain n'a subsisté pendant de longues années, malgré lescrimes des empereurs, que grâce à l'influence des idées stoïciennes sur le droit romain; en effet, une école dejurisprudence s'était fondée à Rome qui faisait profession d'appliquer les idées du stoïcisme et introduisit dans lalégislation des principes de justice et d'égalité inconnus aux Romains de la république.

De même, on ne peutcomprendre la révolution de 1789 si l'on ne connaît pas l'histoire de la philosophie au xviii° siècle. 2° Les mêmes rapports intimes unissent l'éloquence à la philosophie.

Tous les orateurs qui ont donné des préceptessur l'art oratoire, Cicéron, Quintilien, Fénelon, ont insisté sur la nécessité, pour l'orateur, de cultiver la philosophie.En effet, la logique est nécessaire pour produire la conviction, qui exige des raisonnements exacts; et lapsychologie, c'est-à-dire la connaissance du coeur humain et des passions qui l'émeuvent, est nécessaire pour lapersuasion.

En outre, l'orateur doit faire servir la conviction et la persuasion au triomphe de la justice, il doit doncêtre un homme de bien, suivant la vieille définition de Caton : " Orator est vir bonus dicendi peritus " ; mais il ne luisuffit pas d'avoir des moeurs honnêtes; il faut que la méditation réfléchie des principes de la morale donne à sonéloquence plus de force et de sûreté.

« L'orateur véritable est un homme juste, versé dans la connaissance deschoses justes », a dit Platon, et ce philosophe exige de l'orateur qu'il soit dialecticien, c'est-à-dire qu'il étudie lalogique, qu'il connaisse l'âme, c'est-à-dire la psychologie, et qu'il soit savant dans la justice, ce qui est l'objet de lamorale.

Aussi tous les grands orateurs ont étudié la philosophie.

Démosthène dut en partie le secret de soninvincible éloquence aux leçons de Platon, ce maître dans l'art de la dialectique; Périclès ne l'emporta sur tous lesautres orateurs que parce qu'il avait suivi les leçons d'Anaxagore ; enfin, Cicéron et Bossuet ont ajouté à la gloirede l'éloquence le mérite philosophique, car la philosophie leur a inspiré de beaux ouvrages. 3° Cette science est également indispensable au grammairien.

En effet, le langage servant à exprimer la pensée, onne peut en bien connaître les éléments que si l'on connaît les lois de la pensée, et tout problème relatif au langagene trouve sa solution que dans l'étude attentive de la pensée.

Veut-on savoir, par exemple, pourquoi les languessont d'abord synthétiques et deviennent ensuite analytiques? c'est seulement dans l'étude des transformations de lapensée que l'on peut trouver l'explication de cette transformation du langage. B.

— Les sciences physiques et naturelles étudient les corps, et parmi eux le corps humain.

Or, on sait quel lienétroit unit le corps à l'âme, qui semble suivre toutes les modifications de l'autre substance, faible quand le corps estdébile, vigoureuse quand celui-ci est robuste.

Cette dépendance est telle que les matérialistes l'ont invoquéecomme un argument pour nier l'existence de l'âme; s'ils ont eu tort d'exagérer ainsi, il n'en est pas moins vrai qu'unlien étroit unit les deux substances.

Aussi la philosophie qui étudie l'âme ne saurait-elle se séparer complètementdes sciences qui étudient le corps, et qui reçoivent à leur tour de la philosophie un secours précieux.

De même que,entre le corps et l'âme, il y a une réciprocité d'action, de même la psychologie et la physiologie peuvent se rendrede mutuels service.

Ainsi, le médecin ne peut ignorer que l'efficacité de certains remèdes dépend de l'état de l'âme;au moyen âge, où l'on traitait le corps avec une sévérité excessive, l'esprit se ressentait de ces mauvaistraitements, et les souffrances infligées au corps avaient quelquefois pour conséquence un trouble intellectuel; lamédecine aliéniste imposait à ses malades un traitement barbare qui rendait le mal incurable; de nos jours elle a faitdes progrès parce qu'elle voit des âmes malades dans les infortunés qu'elle soigne.

— En outre, les sciencesphysiques et naturelles interviennent dans la théodicée, soit pour fournir des objections tirées du mal physique, soitpour y répondre; l'antique preuve de l'existence de Dieu par les merveilles de la nature a puisé une force nouvelledans les récents progrès des sciences, et la connaissance scientifique du monde n'a fait qu'augmenter l'admirationpour son auteur. C.

— Les sciences exactes ont aussi avec la philosophie d'étroits rapports.

En effet, bien que la philosophie étudieune réalité et ne s'enferme pas, comme les mathématiques, dans un monde de constructions idéales, lesmathématiques et la philosophie s'occupent également d'idées abstraites, elles se prêtent un mutuel secours par. »

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