ARISTOTE, Éthique à Nicomaque, I, chap. 7.

Expliquer le texte suivant :

Ce qui est digne d'être poursuivi par soi, nous le nommons plus parfait que e qui est poursuivi pour une autre chose, et ce qui n'est jamais désirable en vue d'une autre chose, nous le déclarons plus parfait que les choses qui sont dési¬rables à la fois par elles-mêmes et pour cette autre chose, et nous appelons par¬lait au sens absolu ce qui est toujours désirable en soi-même et ne l'est jamais en vue d'une autre chose. Or le bonheur semble être au suprême degré une fin le ce genre, car nous le choisissons toujours pour lui-même et jamais en vue l'une autre chose : au contraire, l'honneur, le plaisir, l'intelligence ou toute Tenu quelconque sont des biens que nous choisissons assurément pour eux-nêmes (puisque, même si aucun avantage n'en découlait pour nous, nous les :hoisirions encore), mais nous les choisissons aussi en vue du bonheur, car c'est )ar leur intermédiaire que nous pensons devenir heureux. Par contre, le bon-leur n'est jamais choisi en vue de ces biens, ni d'une manière générale, en vue l'autre chose que lui-même.

ARISTOTE, Éthique à Nicomaque, I, chap. 7.

Avant de commencer

·   Principales notions abordées

La conscience; l'inconscient; autrui (L et ES); le désir; la société (L)/la société et

les échanges (ES); la liberté; le devoir; le bonheur.

·    Repères utilisés

Absolu/relatif ; abstrait/concret; en acte/en puissance; cause/fin; obligation/

contrainte.

·    Analyse du sujet

— La première moitié du texte est extrêmement abstraite: tâchez de rechercher un maximum d'exemples concrets qui illustrent cette partie et de comprendre le mécanisme qui relie ce qui est « poursuivi par soi « et « ce qui est poursuivi pour une autre chose «.

— Ce texte traite du bonheur, mais aussi plus généralement de ce qui a une valeur en soi-même, indépendamment des avantages que cela procure en vue d'autre chose : qu'y a-t-il d'autre que le bonheur, chez l'homme, qui ait une valeur indépendante de son utilité?

pré­sente en chacun de nous, elle ne se réalise pleinement que si nous la cultivons pour lui permettre de se développer, d'exister concrètement. Idem pour le plaisir, qui n'est pas vraiment humain tant que nous ne nous efforçons pas de l'éduquer et de le raffiner.

D'où d'autres exemples de vertus, au sens d'Aristote dans le texte: le goût esthétique, la disposition à l'amitié, le sens du bien commun (politique), l'amour du langage, la pratique de la philosophie.

2.  Thème: le bonheur et ce qui est désirable dans l'exis­tence humaine.

Thèse: le plus désirable est ce qui a une valeur en soi, indé­pendamment de toute utilité, et le bonheur correspond à cette définition : il est donc suprêmement désirable.

Plan: Du début du texte à « ... en vue d'une autre chose «, Aristote procède à une comparaison entre les différents objets ou activités qui peuvent motiver notre désir et il les hiérarchise : les plus désirables sont aussi les plus indépen­dants de l'utilité.

Ceci lui permet de déduire, dans toute la seconde moitié du texte, que le bonheur est un objet des plus désirables puisqu'il est justement recherché pour lui- même et non pour autre chose à quoi il servirait ensuite de moyen.

3.  Problèmes auxquels le texte tente de répondre :

Qu'est-ce qui est désirable dans l'existence humaine ? Pourquoi certaines choses sont-elles plus désirables que d'autres ? Comment établir une hiérarchie des biens à atteindre? Quelle est la fin suprême de l'homme, son objec­tif ultime dans l'existence ?

Problèmes que le texte soulève :

Le bonheur est-il la seule fin suprême de l'homme ? Comment atteindre le bonheur? Est-il la meilleure forme d'accomplissement de l'être humain ? Ne risque-t-il pas d'y avoir une contradiction, ou du moins une tension, entre le bonheur et la morale, la recherche d'une fin en soi et le res­pect de l'autre comme fin en soi?