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Avoir des opinions est-ce penser ?

Publié le 23/07/2005

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Suggestion de plan :     Première partie : l'opinion ne pense pas.   L'opinion est synonyme de préjugé, d'idée toute faite, elle est colportée par l'échange courant et banal entre les individus. Elle ne présuppose donc aucune information, aucune pensée véritable, elle ne repose souvent que sur l'habitude, la tradition, voire le vide. « Le mensonge et la crédulité s'accouplent et engendrent l'Opinion. » Mélange (1939) Paul, Valéry. L'opinion n'étant le fruit, ni de la réflexion, ni d'une médiation approfondie, elle n'appartient donc pas à la catégorie de la pensée, elle semble bien plus affective que méditative : « Ce n'est pas l'esprit qui fait les opinions, c'est le coeur. » Essai sur les causes qui peuvent affecter les esprits et les caractères Montesquieu. En ce sens, elle ne correspond pas à la même démarche de l'esprit humain : « L'opinion pense mal; elle ne pense pas : elle traduit des besoins en connaissances. En désignant les objets par leur utilité, elle s'interdit de les connaître. On ne peut rien fonder sur l'opinion : il faut d'abord la détruire. » Ces considérations de Bachelard montrent que l'opinion n'est pas la résultante de la pensée et qu'avoir des opinions et penser sont bien deux mouvements opposés de l'esprit. La première est l'émanation d'un jugement hâtif et souvent superficiel tandis que le savoir oblige, par un cheminement assidu et logique, à trouver réponse à une interrogation laissée suspendue. Ainsi, si penser c'est avoir des opinions, alors il n'y a en vérité pas de réelle pensée.

Si l'opinion est précisément pour les philosophes un des obstacles principaux dans la recherche de la vérité, c'est bien parce qu'elle ne pense pas. Elle ne fait que suivre un courant, suivre une mode. Ainsi celui qui pense s'inscrit dans la volonté de se défaire des préjugés et de l'opinion commune afin de lutter contre une pensée de masse, au profit d'une pensée individuelle.

« • Introduction — Premier temps : l'enjeu.

Le rôle des opinions dans la conduite de l'existence.— Deuxième temps : situer la question.

Comment se forment les opinions ? Ne faut-il pas viser une certaine exigence avant d'adopter telle ou telle opinion ?— Troisième temps : présenter explicitement la question.

Est-il nécessaire de penser pour avoir des opinions ? • Développement (chaque partie du développement est numérotée : D1, D2, D3, D4). — D1.

Explicitation du sujet et mise au point de la démarche de réflexion. 1.

Analyse — avoir # se faire => 2 types de rapports à l'opinion.— nécessaire : au regard de quoi ? en vue de quoi ? (Qualifier le type d'exigence auquel il est fait allusion).

Ce qui ne peut pas ne pas être (pas d'opinionsans pensée ?).— penser : « dialogue avec soi-même, examiner, etc.

» (cf.

Platon), activité réflexive (opposée ici en simple donné des opinions « toutes fortes ») entenduecomme préalable au jugement énoncé.— opinion : énoncé d'un jugement.

« Fait de tenir quelque chose pour vrai » (cf.

Kant). 2.

Signification d'ensemble du sujet. On s'interroge sur l'origine des opinions.

L'hypothèse envisagée est celle de la formation d'opinions ne mettant pas en jeu l'activité de la pensée, du moinsen une première acception de l'expression « est-il nécessaire ».En une seconde acception, si l'on admet l'existence de telles opinions, ne faut-il pas envisager le rôle de la pensée dans la formation d'opinions quirépondront à une certaine exigence (de vérité, de rigueur, etc...) ? 3.

Démarche de réflexion. (D2) Comment rendre compte de l'existence d'opinions qui ne résultent pas de la pensée ?(D3) Quelle exigence conduit à soumettre à la pensée la formation des opinions ?(D4) L'enjeu de la question : comment concevoir la pensée comme autonomie du jugement ? — D2.

Comment rendre compte de l'existence d'opinions qui ne résultent pas de la pensée ? Il s'agit de réfléchir, notamment, sur les facteurs de conditionnement dont relève l'existence d'opinions non réfléchies.

Quelques points de repère pourl'étude de ce problème.

Descartes : l'enfance, « âge des préjugés » (soumission au témoignage des sens, à l'autorité des précepteurs, aux impressions d'unvécu singulier).Marx : le rôle des idées dominantes, des valeurs idéologiques véhiculées par la conscience collective et l'éducation.

Freud : résistances et valorisationsinconscientes liées à la biographie personnelle, aux culpabilisations, etc. Thème de synthèse : l'ignorance déguisée en savoir ; le préjugé aveugle à sa propre cause.

« Ignorance non consciente d'elle-même.

» J'ai 'en moi desopinions qui sont autant de réponses à des questions que je ne me suis jamais posées... — D3.

Quelle exigence conduit à soumettre à la pensée la formation des opinions ? S'il appartient à chaque homme de conduire sa propre existence, ne lui faut-il pas être maître de ses opinions, opinions dont découlent les choix pratiquesfondamentaux ?« Ose penser par toi-même » (Kant.

Idéal des Lumières).Aux antipodes du principe d'autorité (admettre une opinion parce qu'elle est établie, ou officielle), le principe de raison donne à la pensée, comme activité derelation, d'examen, et de dialogue avec soi (cf.

Platon, Descartes, Hamilton, Lo- cke, Hume, Pascal) le rôle fondamental dans la formation des opinions.Cette pensée en acte sera d'abord rupture avec ce qui se donne pour vrai (le vraisemblable, le familier) et prend généralement la forme du savoir (cf.

lescontrefaçons de savoir, les illusions, dont parle Socrate) —> l'ignorance consciente d'elle-même est en ce sens le premier point marqué par la pensée (cf.Apologie de Socrate et Ménon, de Platon, cf.

aussi la critique de l'opinion non maîtrisée). — D4.

Comment concevoir la pensée comme autonomie du jugement ? Il s'agit donc, pour chacun, d'exercer sa pensée pour se faire des opinions, et non plus reprendre à son compte des opinions toutes faites.Pour cela, une attitude critique pour se délivrer de l'emprise des préjugés est requise : le doute, d'abord existentiel (on m'a déçu sur un point) devientméthodique (provisoirement, je n'admets rien pour vrai que je ne le connaisse comme tel.

Cf.

Descartes : premier précepte de la méthode) voiresystématique et hyperbolique (l'esprit, trop accoutumé au préjugé, doit en saper radicalement l'ascendant et la ténacité) : on doute même de ce qui semblele plus évident, et l'on va même jusqu'à imaginer un dieu trompeur qui se jouerait de nous (illusion - illudere.

Et si le monde n'était qu'une vaste illusion ?).A cette attitude critique s'opposent bien des obstacles : la facilité du « prêt à penser », les intérêts affectifs, les illusions qui réconfortent, lesgénéralisations abusives, etc.

Il faut rompre avec l'opinion toute faite (cf.

Bachelard) et peut-être même avec le simple culte de l'opinion (philo-doxa) dontparle Platon.

« J'ai ma petite opinion...

Ah oui ! mais d'où la tiens-tu ? » Il ne s'agit pas « d'avoir des opinions », mais de s'affranchir de la contingencepropre au domaine épars de l'opinion (cf.

la différence entre opinion droite et connaissance discursive ou science au sens général : Platon, Ménon, XXXIX,éd.

Garnier Flammarion).

Si l'opinion doit se soumettre à la pensée et, en fin de compte, dériver d'elle, c'est que, sans cela, elle ne saurait rendre raison dece qui la fonde.

Le principe de son existence lui resterait extérieur.

Le jugement autonome, au contraire, a en lui-même, le principe de son existence.

Uneopinion peut dériver de motifs subjectifs ; mais pour être réellement fondée, elle doit reposer sur des raisons, clairement saisissables et formulables : lapensée discursive, mûe par une exigence de vérité, conditionne l'autonomie du jugement, la maîtrise des opinions. • Conclusion – BilanOn ne peut contester l'existence d'opinions « toutes faites », qui n'ont pas été produites par la pensée.

Celles-ci, assimilables aux préjugés, tendent ànormer l'existence, bref, à l'assujettir.

Une double exigence nous est apparue : s'en délivrer, et leur substituer l'activité rationnelle de la pensée.

Seule eneffet une telle activité permet aux hommes d'être « majeurs », selon le mot de Kant, c'est-à-dire d'exercer leur jugement de façon autonome. – Ouverture Il reste que l'emprise des conditions de vie, mais aussi des formes de conditionnement idéologique, compromet trop souvent la possibilité d'une telleautonomie de jugement.

Ne faudrait-il pas dès lors solidariser la perspective éducative (faire en sorte que chacun puisse accéder à l'exercice de la penséerationnelle) d'une lutte contre l'injustice et les multiples formes d'obscurantisme qui l'accompagnent ?. »

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