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Avons-nous besoin des mythes ?

Publié le 10/01/2004

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mythes
En un sens, les mythes peuvent servir à donner des réponses toutes faites à toutes sortes de préoccupations, à fournir des explications sur des points obscurs ou même à préconiser des attitudes morales. De ce point de vue, le mythe assure une cohésion sociale et culturelle que l'intelligence aurait plutôt tendance à dissoudre. Se passer des mythes reviendrait alors à mettre en péril un certain équilibre humain. Mais s'il n'est pas recommandé (« peut-on » au sens de « est-il permis de ») de se passer des mythes, le peut-on effectivement ? II - La fonction fabulatrice : Bergson et la nécessité du mythe Dans les Deux sources de la morale et de la religion, Henri Bergson entend montrer comment, d'une manière générale, les mythes trouvent leur source dans la vie et ses exigences de perpétuation et de création. En ce sens, il s'agit bien de faire surgir le mythe comme fonction biologique de l'homme, indissolublement lié à sa manière d'être. Une des deux formes principales de religiosité - qui  a recours au mythe - s'exprime dans la religion statique, qui n'est rien d'autre que la manifestation de l'instinct sommeillant en l'homme. En effet, sur le chemin de l'évolution biologique, l'homme correspond à l'émergence de l'intelligence. Or, loin d'être un pas avant, ce surgissement marque un coup d'arrêt dans l'évolution. En proie à la réflexion, l'homme cesse d'agir et de créer pour réfléchir.

Pendant des millénaires, le mythe a occupé une place très importance dans la structuration de nos sociétés. Mais aujourd'hui, après l'essor de la pensée scientifique et le projet technique de maîtrise de la nature, le "stade mythique" semble être passé en arrière plan. Mais est-il vraiment dépassé ? A ce passage en arrière plan correspond le déclin des religions, annoncé par Nietzsche ("Dieu est mort"). Mais que penser alors des sectes, et du besoin d'enchantement des populations ? Avons-nous vraiment franchi une étape dans notre mode de pensée, ou les anciens mythes sont-ils remplacés par des mythes à visage moderne, à caractère nouveau ? L'homme peut-il, en somme, se passer des mythes, ou alors en a-t-il besoin ? Nous devrons, pour répondre à cette question, saisir le mythe dans ce qu'il est, et nous demander dans quelle mesure la "pensée mythique" s'oppose à la modernité.

mythes

« Dans les Deux sources de la morale et de la religion , Henri Bergson entend montrer comment, d'une manière générale, les mythes trouvent leursource dans la vie et ses exigences de perpétuation et de création.

En ce sens,il s'agit bien de faire surgir le mythe comme fonction biologique de l'homme,indissolublement lié à sa manière d'être. Une des deux formes principales de religiosité – qui a recours au mythe – s'exprime dans la religion statique , qui n'est rien d'autre que la manifestation de l'instinct sommeillant en l'homme.

En effet, sur le chemin de l'évolutionbiologique, l'homme correspond à l'émergence de l'intelligence.

Or, loin d'être unpas avant, ce surgissement marque un coup d'arrêt dans l'évolution.

En proie àla réflexion, l'homme cesse d'agir et de créer pour réfléchir.

L'instinct n'a doncd'autre moyen que de ruser afin d'assurer la pérennité de la vie. C'est ainsi que surgit ce que Bergson appelle la « fonction fabulatrice », mise au service de la préservation de l'espèce.

Les premières croyancesreligieuses qu'exemplifient les mythes permettent ainsi d'assurer la cohésion dela communauté.

Comme le dit Bergson, « la religion est une réaction défensivede la nature contre le pouvoir dissolvant de l'intelligence ».

Si l'homme peutprendre conscience de sa mortalité, la construction de fables et de récitseschatologiques (qui lui assurent la vie dans l'au-delà, par exemple), c'est-à-dire de mythes structurant, lui permet de conjurer cette angoisse. Le mythe apparaît alors comme une fonction naturelle, dont l'efficace ressortit à l'évolution de l'espèce humaine elle-même. III – Le mythe : un problème anthropologique De larges développements ont été consacrés aux mythes dans le cadre de l'anthropologie, c'est-à-dire – étymologiquement – de l'étude de l'homme.

La récurrence des mythes au sein des cultures montre en effet queceux-ci révèlent des préoccupations communes aux hommes telles que la recherche du sens de l'existence, le soucid'expliquer la création du monde (cosmogonies), les origines de la vie ou de l'humanité, le besoin de conjurer lesangoisses des hommes face à une nature hostile, la maladie, la souffrance ou la mort ; songeons encore à la fuitehors du monde ou du temps, la communion avec le divin, etc. Largement constitués par la projection des contraintes économiques, des structures politiques, des règles de la parenté ou des usages sociaux, ils ont une finalité bien établie: de la justification et de la codification desinstitutions politiques ou religieuses aux rites et tabous, en passant par les interdits moraux ou sociaux, voire laconstitution d'une mémoire collective, des généalogies et des événements marquants propres à une culture. C'est à partir de telles constatations que le structuralisme, que représente C.

Lévi-Strauss, à mis au jour la détermination des mythes les uns par les autres, c'est-à-dire le fait qu'ils trouvent en eux-mêmes leur vérité (dansleur structure commune), bien davantage que par leur contexte. Essentiellement, l'interprétation des mythes peut alors suivre deux pistes de recherche : 1° Si les mythes ont un sens, celui-ci ne peut tenir aux éléments qui entrent dans leur composition, mais à la manière dont ces élémentsse trouvent combinés.

En somme, que le récit soit fictif n'est pas un problème : ce qui compte, c'est, par exemple,les rapports que tel mythe suppose entre les hommes et les dieux.

2° Le mythe relève de l'ordre du langage : ilfonctionne grâce à des symboles, qui, d'un sens premier, renvoie à un sens second.

En bref, le mythe n'est pas àprendre au pied de la lettre. Conclusion : Le mythe n'est donc pas un réservoir d'erreurs et d'imaginations creuses, mais un récit structuré (qui emprunte des schémas de construction précis) et structurant (qui règle les rapports de l'homme aux autres hommes, au monde et aux choses).

Il s'origine, selon Bergson, dans une exigence propre à la vie ; quoi qu'il en soit, il s'atteste dansnombre de cultures.

Le lien entre elles n'est pas le contenu des mythes eux-mêmes, mais leur fonction . Ainsi, le mythe concerne les divers aspects de l'existence humaine, qu'il structure, régit et aide à organiser.

Il sedéveloppe de manière symboliquement, dégageant un sens plus profond à ce qui se donne au premier abord.

De cefait, le mythe n'est pas un simple récit forgé par les hommes pour se distraire, mais l'expression d'une exigence plusfondamentale d'organisation du monde.

De ce point de vue, le mythe n'est pas l'opposé de la raison et il paraît biendifficile de s'en passer. CITATIONS:. »

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