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Bergson: Conscience, automatisme et choix

Publié le 18/04/2009

Extrait du document

bergson
«Qu'arrive t-il quand une de nos actions cesse d'être spontanée pour devenir automatique ? La conscience s'en retire. Dans l'apprentissage d'un exercice, par exemple, nous commençons par être conscients de chacun des mouvements que nous exécutons, parce qu'il vient de nous, parce qu'il résulte d'une décision et implique un choix ; puis à mesure que ces mouvements s'enchaînent davantage entre eux et se déterminent plus mécaniquement les uns des autres, nous dispensant ainsi de nous décider et de choisir, la conscience que nous en avons diminue et disparaît. Quel sont d'autre part les moments où notre conscience atteint le plus de vivacité ? Ne sont-ce pas les moments de crise intérieure, où nous hésitons entre deux ou plusieurs parties à prendre, où nous sentons que notre avenir sera ce que nous l'aurons fait ? Les variations d'intensité de notre conscience semblent donc bien correspondre à la somme plus ou moins considérable de choix ou, si vous voulez, de création, que nous distribuons sur notre conduite. Tout porte à croire qu'il en est ainsi de la conscience en général. Si conscience signifie mémoire et anticipation, c'est que conscience est synonyme de choix.» Bergson, L'énergie spirituelle
  • Structure du texte

 On distingue dans ce texte deux parties :  • de la ligne 1 à la ligne 9 : Bergson explique pourquoi les actes accomplis automatiquement sont des actes accomplis inconsciemment (nul besoin de la conscience).  • de la ligne 9 à la fin : Par contre, Bergson souligne l'intensité de la conscience dans les moments difficiles de choix. Choisir, c'est agir. —« La première partie du texte pourrait s'intituler « la conscience endormie « et la seconde partie « la conscience exacerbée «.

  •   THESE

 • L'enjeu de ce texte : qu'est-ce que la conscience ? Est-elle toujours semblable ? invariable ?  • Bergson répond : la conscience n'est pas uniforme, elle varie. Mais à quoi sont dues ces variations ? Elles sont dues à l'intensité de la conscience : lorsque la conscience est endormie, l'intensité est e, elle agit machinalement, comme inconsciemment ; mais lorsque la conscience est en éveil, elle est vive, active.  —> Bergson sous-entend ici que plus nous choisissons plus notre conscience est éveillée. La conscience, qui est choix, mesure aussi notre degré de liberté et d'action.  

bergson

« pensée et sa conduite.

Ainsi, les actions des hommes sont-elles le fruit de cette lutte que se livrent conscience etinconscient. II.

Comment provoquer l'éveil de la conscience ? Provoquer n'est pas un verbe neutre.

Provoquer c'est éveiller mais de manière vive, peut-être brutale.1) Il n'y a pas de prise de conscience sans obstacle.

Une conscience éveillée est une conscience qui a réussi àprendre une nouvelle attitude : —> en découvrant l'obstacle—» en cherchant à le surmonter—> en prenant conscience de la difficulté à le surmonter —» en se surmontant soi-même —> en surmontantl'obstacle.« La conscience est l'acte d'outrepasser ce qui la limite et quand cette limite lui appartient, l'acte de s'outrepassersoi-même » dit Hegel. 2) « Les moments de crise intérieure » dont parle Bergson sont propices à l'éveil.

Mais la découverte de l'Art, de lascience provoquent également une transformation de la représentation du monde, donc un éveil intense de laconscience confrontée à de nouvelles visions. 3) Mais peut-être que l'éveil total de la conscience est provoqué par la prise de conscience de ce qu'il faut faire :j'ai pris conscience, ma conscience est en éveil, je sais que mon avenir dépend de mes choix.

Être éveillé,intensément éveillé, c'est comprendre que liberté et morale sont indissociables, et agir en le sachant : « Laconscience est toujours implicitement morale ; et l'immoralité consiste toujours à ne point vouloir qu'on pense, et àajourner le jugement intérieur.

On nomme bien inconscients ceux qui ne posent aucune question d'eux-mêmes àeux-mêmes.

Ce qui n'exclut pas les opinions sur les opinions et tous les savoir-faire, auxquels il manque la réflexion,c'est-à-dire le recul en soi-même qui permet de se connaître et de se juger ; et cela est proprement la conscience» (Alain). 1.

Articulation des idées Bergson part d'une observation : la conscience qui accompagne nos actions spontanées disparaît dans les actesautomatiques.

il propose ensuite des exemples :- la situation d'apprentissage : quand nous apprenons quelque chose, nous sommes conscients de ce que nousfaisons (de l'apprentissage), nous y faisons attention, nous nous concentrons sur cela (nous faisons donc un choixdans ce qui nous entoure et dans nos pensées), tandis que lorsque nous savons parfaitement faire cette chose,nous exécutons nos actes machinalement, sans en avoir conscience.- la situation de choix crucial : lorsque nous avons un choix important à faire (qui met en jeu notre avenir), notreconscience est très aiguë.

Il énonce enfin une conclusion : être conscient, c'est avant tout choisir.

Et, parce que choisir c'est anticiper lefutur (ce que sera le résultat de notre choix) à partir d'un présent qui devient aussitôt un passé et à partir de notreexpérience passée, être conscient, c'est se souvenir et anticiper.

La conscience est donc bien à la fois mémoire etanticipation. 2.

Intérêt philosophique du texte L'intérêt philosophique de ce texte tient évidemment à ce qu'il tente de donner une définition de cette réalitémystérieuse qu'est la conscience en la caractérisant par son activité centrale, choisir, et donc en la posant commeliberté.Une réflexion critique pourra donc s'engager sur ce thème, où l'on confrontera la conception bergsonienne de laconscience aux diverses autres positions possibles, notamment à celle, diamétralement opposée, du monisme et del'épiphénoménisme, qui réduit la conscience à n'être qu'un reflet de la réalité organique et peut ainsi la dépouiller detoute liberté en la soumettant au déterminisme mécanique de la réalité physique.. »

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