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Bergson et l'art

Publié le 10/01/2004

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bergson
A quoi vise l'art, sinon, à nous montrer, dans la nature et dans l'esprit, hors de nous et en nous, des choses qui ne frappaient pas explicitement nos sens et notre conscience ? Le poète et le romancier qui expriment un état d'âme ne le créent certes pas de toutes pièces ; ils ne seraient pas compris de nous si nous n'observions pas en nous, jusqu'à un certain point, ce qu'ils nous disent d'autrui. Au fur et à mesure qu'ils nous parlent, des nuances d'émotion et de pensée nous apparaissent qui pouvaient être représentées en nous depuis longtemps, mais qui demeuraient invisibles : telle l'image photographique qui n'a pas encore été plongée dans le bain où elle se révélera. Le poète est ce révélateur. mais e part la fonction de l'artiste ne se montre aussi clairement que dans celui des arts qui fait la plus large place à l'imitation, je veux dire la peinture. Les grands peintres sont des hommes auxquels remonte une certaine vision des choses qui est devenue ou qui deviendra la vision de tous les hommes.
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« Cependant, si l'on s'en tenait à ce seul aspect de la création, le travail de l'artiste apparaîtrait comme le résultatd'une fantaisie arbitraire, close sur elle-même et entièrement coupée de la réalité. Contre une conception gratuite de l'oeuvre d'art, BERGSON souligne le rapport profond et paradoxal que l'oeuvred'art entretient avec le réel. Il y a bien, à un niveau qui échappe au premier regard, une "vérité" de l'oeuvre, une adéquation entre l'oeuvre et leréel.

Mais cette adéquation n' est pas une simple répétition du réel. "L'art, écrivait Paul KLEE, ne reproduit pas le visible, il rend visible". C'est ce "rendre visible" qui sous-tend le texte de BERGSON.

Il existe un fond inconnu ouméconnu de l'existence humaine, "des nuances d'émotion et de pensées (...) qui demeuraientinvisibles", qui sont présentes mais qui ont besoin de l'artiste pour devenir conscientes. On songera, pour illustrer cette thèse, à l'art dont les développements s'annoncent à l'époquede BERGSON : après l'impressionnisme et le fauvisme, le cubisme mène à son terme latransposition subjective du réel qui tout à la fois recueille le réel dans son apparition, et révèlel'humanité sans laquelle le réel resterait inerte et invisible. B - On aperçoit, derrière l'analyse de BERGSON, le désir de réconcilier l'art et la philosophie, enappréhendant l'oeuvre d'art comme un moyen différent mais tout aussi essentiel de faire advenir une vérité. Ce désir est aussi ancien que la philosophie, et il est à l'origine d'un non moins ancien et douloureux déchirement :depuis PLATON, qui détruisit ses premières tragédies et projeta d'exclure les poètes de la cité idéale, l'art apparaîtsouvent à la philosophie comme un parent honteux, une tentative avortée avantageusement supplantée par lascience et la philosophie. Qu'il s'agisse de KANT - qui montre que l'oeuvre d'art n'est pas soumise à une exigence de vérité et d'adéquation, etqu'elle ne vise qu'au plaisir de la contemplation - ou de HEGEL - qui circonscrit la pertinence de l'oeuvre d'art, dupoint de vue de l'expression de la vérité, à des contenus historiquement dépassés -, la philosophie semble répétersur tous les modes la sentence platonicienne. C'est de cette tradition que se démarque l'analyse de BERGSON, semblable en cela aux développementscontemporains de l'analyse phénoménologique de l'oeuvre d'art, illustrée par HEIDEGGER et par MERLEAU-PONTY. Pour ces auteurs comme pour BERGSON, l'oeuvre d'art est un mode d'accès spécifique et irremplaçable à laconstitution même du réel : MERLEAU-PONTY montre ainsi, à propos de CEZANNE - et cette analyse pourrait illustrerle texte de BERGSON - que l'oeuvre du peintre saisit, comme ne saurait le faire le discours, l'image en train de seconstituer. Elle "révèle" - pour reprendre le terme de BERGSON - le travail du regard et de la conscience dans lequel se donne laconstitution du réel. V - DES REFERENCES POSSSIBLES - PLATON, La République , Livre X - HEGEL, Esthétique - MERLEAU-PONTY, L'Oeil et l'Esprit VI - LES FAUSSES PISTES Il était important de ne pas se laisser désarçonner par la formulation apparemment peu rigoureuse de BERGSON, etessayer d'identifier, derrière le "mouvant" du style et de la structure argumentative, toute la "pensée" de l'auteur. VII - POINT DE VUE DU CORRECTEUR Le texte est difficile, et même peu clair.

Il risquait d'ouvrir la voie aux développements les plus rhétoriques et lesplus confus. Il fallait donc veiller à être d'autant plus rigoureux que le texte et le thème traités étaient plus "glissants".. »

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