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Bien des écrivains ont goûté et célébré la solitude. Avez-vous vous-même éprouvé l'utilité et le charme de la solitude ?

Publié le 17/06/2009

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INTRODUCTION. - L'homme est un animal social. Il ne se développe que dans la société de ses semblables et c'est dans ses rapports avec eux qu'il éprouve les satisfactions les plus élevées. Aussi, pour le punir, recourt-on à diverses sanctions qui consistent, en définitive, à suspendre son droit de communiquer avec les autres : qu'il suffise de citer les arrêts, l'internement, la mise en quarantaine. Il faut toutefois le reconnaître : ce n'est pas en lui-même que cet isolement est essentiellement pénible. Si la plupart regimbent contre lui, c'est parce qu'il leur est imposé et, estiment-ils d'ordinaire, imposé injustement. Bien plus, certains s'en accommodent et l'utilisent avec avantage : que d'agitateurs politiques. ont profité de leurs. années de prison pour compléter leur culture, préciser leur doctrine et mettre au point des écrits qu'ils n'auraient pu composer dans le feu de l'action ! Si la solitude est souvent un mal qui diminue et fait souffrir celui qui s'y trouve condamné, souvent aussi elle constitue un bienfait et conditionne de précieux enrichissements. J'ai eu bien des fois l'occasion de l'observer et la lecture des expériences consignées par de grands écrivains m'ont aidé à prendre une conscience plus nette de ce que j'avais expérimenté moi-même.

« volontaire chez un penseur comme DESCARTES qui l'organise systématiquement; mais il est le plus souventinvolontaire et subi comme celui dont parle le poète dans la pièce où revient comme leitmotiv : « L'exilé partout estseul ! ».

Ajoutons que l'exil ne consiste pas toujours à être banni de son propre pays : il est aussi des exilés del'intérieur qui, vivant au milieu de leurs semblables, ou même ayant avec eux des rapports d'affaires ou de travail, neparviennent pas à se créer des relations vraiment humaines.Cette diversité des formes que prend la solitude nous le suggère : il serait, par trop simpliste de s'enthousiasmerpour la vie solitaire, si pénible à tant d'hommes. II.

— LES CHARMES DE LA SOLITUDE SONT BIEN LIMITÉS J'ai goûté, comme mes camarades, les pages dans lesquelles tant d'écrivains ont fait valoir la bienfaisance de lasolitude.

Néanmoins leurs descriptions et leurs analyses ne peuvent pas me faire oublier combien, dans diversescirconstances, il me fut pénible d'être seul. La solitude morale est souvent douloureuse... Il m'est arrivé de me sentir seul par suite d'une exclusion systématique ou d'un refus délibéré : non seulementpersonne ne manifestait le moindre désir d'entrer en relations avec moi, mais encore mes avances étaient éludées,mes questions restaient sans réponses ou on y répondait de manière à couper court à toute poursuite d'entretien.Les groupes étaient faits, fermés sur eux-mêmes, et il m'était impossible de me faire agréer par l'un d'eux, impossiblede trouver un ami ou même un camarade.

Cette solitude, qu'éprouvent certains pensionnaires quand ils arriventdans un nouvel établissement, est bien plus pénible que l'isolement du prisonnier dans sa forteresse.

Celui-ci estenfermé dans des murs de pierre dont il ne peut attendre qu'ils s'intéressent à lui : leur indifférence ne saurait leblesser; bien plus, les mesures mêmes qui sont prises pour empêcher son évasion, peuvent lui donner le sentimentde sa valeur.

Aussi cette solitude est-elle souvent tonifiante et donne le courage de tenter des évasions périlleuses.Il est débilitant, au contraire, de se heurter à un mur d'indifférence quand ce mur est fait de consciences entrelesquelles on constate un étroit réseau de rapports dont on est exclu.On souffre moins de la solitude morale quand elle résulte, non de la dureté de ceux au milieu desquels on vit, maisde circonstances indépendantes de la volonté d'autrui ou des exigences du devoir professionnel; à la longuecependant elle devient pénible.

Ainsi le début d'un séjour dans une ville où je ne connais personne peut m'être fortagréable, mais bientôt j'éprouve le besoin de me faire quelques relations et, je je ne le puis pas, la nostalgie meprend.

De même le factionnaire qui monte la garde ne jouit guère de la solitude à laquelle il est condamné; il compteles minutes et s'impatiente lorsque la relève ne vient pas. ...et parfois malfaisante. Sans doute, c'est dans la solitude que se trempent les âmes fortes et que se forment les esprits originaux.

Maisl'homme moyen a besoin du stimulant de la vie en société.

Dans la solitude il redescend la pente que lui avait faitpéniblement monter l'éducation.Les forts eux-mêmes ne sont pas toujours améliorés par une existence solitaire.

A force de vivre loin des hommes,on risque de se déshumaniser et pour vouloir ne converser qu'avec soi-même, on en vient à perdre la conscience desoi qu'avivent les rapports avec autrui.

C'est ce qui arriva dans une certaine mesure à l'orgueilleux auteur de Lamort du loup.

« A force de considérer les hommes et les choses et ses propres sentiments comme des amistrompeurs, il avait fini par se créer partout une vaste solitude, qu'il retrouvait au fond de soi, et où il vivait, dansl'impossibilité et de la supporter.

et de la peupler, et de la fuir.

» La solitude physique est ordinairement pénible... Il n'est pas naturel d'aimer être seul.

L'enfant pleure quand il ne voit plus sa mère; il a peur quand il doit dormir dansune chambre isolée.

Plus tard, sans doute, l'homme cherche l'isolement, mais beaucoup moins par amour de lasolitude que pour se trouver dans des conditions plus favorables à l'accomplissement de son travail : c'est ainsiqu'on se retire au fond du jardin pour n'être pas dérangé dans sa lecture.Le goût de la solitude a été répandu par la sentimentalité romantique.

En effet, la vie collective dissipe et empêched'éprouver la tristesse de vivre : le mal du siècle est une maladie de solitaire.

La solitude, d'autre part, nous coupede la société corruptrice; elle nous permet, sinon de revenir à l'état du bon sauvage, du moins de nous retremperdans une nature authentique et de communiquer avec elle. Mais la nature est là qui t'invite et qui t'aime... J'avoue ne pas partager cet amour romantique de la solitude qui me paraît se réduire presque à un amour de têtesinon de convention.L'évocation que fait CHATEAUBRIAND, dans ses Mémoires d'outre-tombe, de la solitude de son enfance au châteaude Combourg, ne manque pas de poésie.

Comme les autres, je me suis laissé prendre au charme austère de cesjours monotones, de ces landes silencieuses, de ce donjon d'où on n'entendait que le sifflement du vent dans lesarbres.

Mais ce charme n'est guère, me semble-t-il, à la réflexion, que rétrospectif : l'existence à Combourg baignaitdans l'ennui et la tristesse.

L'auteur se complaît à revivre ces années parce qu'elles lui permettent d'exploitercertains thèmes romantiques; mais cette complaisance d'après coup diffère essentiellement de l'expérienceimmédiate.C'est après coup également, dans son bureau et au milieu d'une grande ville, qu'un ROUSSEAU a fait valoir les. »

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