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Ce qui appartient a l'histoire est-il par la même inactuel ?

Publié le 15/08/2005

Extrait du document

histoire
·         Prenons l'exemple de l'action politique : si le passé peut servir de fond culturel et cognitif, il ne semble pas que l'histoire offre la possibilité, de par son objet, de résoudre un problème présent, tout spécifique et inédit qu'il se présente à l'homme d'action, tourné vers le futur et non pas vers le passé. L'objet de l'histoire est donc inactuel, c'est-à-dire hors de propos dans cette nouvelle situation présente qui n'est pas réductible avec une situation passée qui lui ressemblerait. ·         Le présent ne peut pas, pour progresser, être engluer dans l'histoire : il faut bien qu'il soit tout entier tourner vers l'avenir, puisque c'est ce même présent qui fait l'avenir, et non pas le passé. C'est donc le poids de l'héritage historique qui doit être relativisé au risque sinon de préférer le passé à l'action présente et de rester dans la contemplation  passive au détriment de l'activité opérante et créatrice d'avenir. ·         De la même manière, ce qui appartient à l'histoire à en ce sens inactuel en cela qu'il n'est jamais purement objectif. En effet, l'historien ne peut jamais être totalement objectif tout comme les témoignages du passé ne peuvent pas l'être non plus. Ce subjectivisme rend donc totalement inactuel, c'est-à-dire inopérant, l'histoire sur le présent, puisqu'elle est réalité biaisée particularisée et déformée par un regard particulier.   II-                L'histoire comme ce qui est la condition de possibilité de tout progrès possible     ·         Pour autant, il ne faut pas minimiser le rôle de l'histoire quant au présent, et à la nécessité du devoir de mémoire inhérent à la constitution de la notion de progrès de l'humanité. ·         En effet, si l'on jugeait d'emblée ce qui appartient à l'histoire comme étant purement et simplement inactuel, alors on voit difficilement comment on pourrait se prémunir contre les erreurs commises par le passé. Rien ne nous empêcherait, dans cette perspective, de refaire indéfiniment les mêmes erreurs et les mêmes actes de barbaries que par le passé.

·         Eléments de définition

 Histoire = du grec historia, qui signifie recherche, chercher à savoir, rapporter ce qu’on sait.

1° Transformation dans le temps des sociétés humaines ; succession des états par lesquels passe une réalité (individu, pays, civilisation, théorie, champ culturel, etc.)

2° Discipline scientifique qui est l’étude de l’histoire en ce premier sens et qui a pour objet  sa reconstitution et son explication.

 Inactuel = Le contraire d’actuel qui signifie ce qui est en acte, qui a lieu présentement. Inactuel qualifie donc ce qui n’est pas actuel ou d’actualité. Il peut ainsi être synonyme d’inadapté, inadéquate, voire inactif. Il faut donc distinguer d’un côté un sens de non présent, de périmer, et un second sens d’inadapté, inadéquate quant au propos ou à la situation.

·         Angles d’analyse

 Il s’agit ici de s’interroger sur le statut de l’histoire comme discipline portant sur le passé. En effet, se demander ce son objet est inactuel, c’est mettre à la question la valeur de l’histoire, notamment à travers le problème de l’objectivité de l’historien, toujours en proie à des jugements de valeurs qui constituent sa culture présente à partir de laquelle il juge le passé. On comprend qu’il s’agit ici du sens d’inopérant et d’inadéquat du terme « inactuel «.

 Pour autant, et de manière tout aussi essentielle, il faudra attarder notre réflexion sur le sens d’inactuel comme non présent, passé, et périmé, c’est-à-dire non valide dans le présent. C’est donc ici la question du devoir de mémoire qui peut être posé de façon centrale, car si en réalité l’objet de l’histoire est périmé et inadéquate à la saisie d’une réalité présente, alors l’histoire perd sa valeur de leçon, valeur qui prétend prémunir l’humanité contre la tendance à la répétition des mêmes erreurs.

 C’est donc dans cette double acception du terme inactuel qu’il va falloir trouver le nœud problématique : d’ailleurs, il faut d’emblée remarquer que ces deux sens sont consubstantiels l’un à l’autre puisque ce qui est périmé n’a par conséquent aucune opérativité dans le présent.

 Sa donc la place de l’histoire qui est ainsi mise à la question, et a fortiori son rôle quant au présent. Est-il utile pour l’humanité dans le présent, ou n’est-il que pur subjectivisme ?

Problématique

            Comment définir l’objet de l’histoire en tant qu’elle est science du passé en tant que tel ? L’objet de l’histoire a-t-il une valeur opérante pour comprendre le présent ou s’est-il périmé et évanoui en même temps que la période qui l’a vue naître ? On s’aperçoit dès lors que c’est l’effectivité de l’histoire en tant qu’elle peut jouer un rôle dans le présent qui est ici mise à la question. Peut-elle avoir prétention à aider l’humanité à ne pas recommencer les mêmes erreurs passées ainsi découvertes et expliciter par la discipline ? Le présent n’est-il pas toujours le résultat de faits passés qui le constituent comme tel et qui du même coup le conditionne directement ? C’est donc aussi le travail de la mémoire qui est ainsi interroger.

 

histoire

« jamais purement objectif.

En effet, l'historien ne peut jamais être totalement objectif tout commeles témoignages du passé ne peuvent pas l'être non plus.

Ce subjectivisme rend donc totalementinactuel, c'est-à-dire inopérant, l'histoire sur le présent, puisqu'elle est réalité biaiséeparticularisée et déformée par un regard particulier. II- L'histoire comme ce qui est la condition de possibilité de tout progrès possible · Pour autant, il ne faut pas minimiser le rôle de l'histoire quant au présent, et à la nécessité du devoir de mémoire inhérent à la constitution de la notion de progrès de l'humanité. · En effet, si l'on jugeait d'emblée ce qui appartient à l'histoire comme étant purement et simplement inactuel, alors on voit difficilement comment on pourrait se prémunir contre les erreurscommises par le passé.

Rien ne nous empêcherait, dans cette perspective, de refaire indéfinimentles mêmes erreurs et les mêmes actes de barbaries que par le passé.

C'est donc la notion de leçonque l'on peut tirer de l'histoire que l'on invoque ici. · Le présent n'est tel qu'il l'est dans les faits que parce qu'il est le résultat d'événements passés qui ont marqué le devenir de l'humanité.

Nier l'effectivité de l'histoire, c'est a fortiori nier l'idéed'une possibilité de progrès de l'humanité – négation qui viderait toute action, notammentpolitique, de tout son sens et de toute sa substance. · On ne peut donc pas impunément ignorer le passé : ce qui appartient à l'histoire est en un sens tout à fait actuel, c'est-à-dire présent et effectif en cela qu'il nous donne les clés de laréussite d'une action, ou en tout cas les clés de compréhension nécessaire à la conduite del'homme d'action : l'histoire nous donne le recul nécessaire pour que toute action devienneeffective. · La notion de devoir de mémoire est à ce propos centrale ici : on se doit, parce qu'il en va du progrès moral de l'humanité, de ne pas oublier les atrocités commises dans le passé, de ne pasoublier les crimes perpétués contre l'humanité par l'humanité elle-même.

Or, dans le présent,nombre de faits peuvent, à bien des égards, rappeler des faits historiques passés…Pas si passésque ça en définitive.

Si une situation est toujours par définition inédite et unique, la prise encompte des ressemblances, comme des dissemblances, par rapport à ce qui appartient à l'histoireest opératoire quant à la prise de décision dans le présent : il permet recule et conscience de cequi peut arriver. · L'objet de l'histoire est donc tout à fait actuel, c'est-à-dire d'actualité : quand des situations présentes renvoient malheureusement à des faits passés ; tout à fait actuel aussi en sensd'opératoire, en cela qu'il permet d'adopter un point de vue distancié par rapport à la réalitéprésente que l'on doit gérer. III- Un présent qui doit prendre en compte l'histoire sans se laisser emprisonner · Nous risquons en réalité, et c'est ce que notre analyse nous conduit à penser, de tomber dans deux dangers importants : à savoir d'une part celui d'un négationnisme, et de l'autre d'unhistoricisme étouffant. · En effet, refuser la qualité d'actualité à ce qui appartient à l'histoire, c'est au fond risquer de remettre en cause la valeur même de l'histoire comme pur subjectivisme, sans fondement donc.C'est donc du côté du négationnisme que l'on peut basculer, c'est-à-dire dans l'attitude qui amèneà minimiser l'héritage historique en le renvoyant à une contingence et à un parti pris absolu, qui nepeut rien nous apporter dans le présent, et qui n'est pas apte à éclairer notre lecture de l'avenir. · A l'inverse, accorder une actualité absolue au fait historique, c'est risquer d'étouffer l'action présente comme proprement créatrice d'avenir, et donc de l'étouffer dans un historicisme total.Cette attitude historiciste désigne en effet les théories qui prétendent déceler dans lechangement social et dans l'histoire soit des lois inconditionnelles de succession donnant àl'histoire une direction, un sens, soit des évolutives cyclique, des régularités rythmiques.

Cetteposition, on le voit clairement, conduit à une attitude fataliste qui nous fait voir dans les faitshistoriques la réalisation d'un destin de l'humanité que finalement les hommes ne contrôleraient pasréellement.

L'historicisme étouffe donc le présent et empêche toute prise décisionnelle de manièreautonome quant à l'héritage historique d'une nation.

Elle abolit, ou en tout cas amoindrit, la notionde liberté humaine en ce qui concerne la création de l'avenir. · Devoir de mémoire donc, devoir de prise en compte des faits passés, mais non pas pour les imposer et les calquer sur la situation présente, mais pour les digérer, les faire siens, pour êtredonc plus à même de gérer une situation présente de manière conscience et réfléchie, c'est-à-direde manière libre. Conclusion Ce qui appartient à l'histoire semble inactuel en cela qu'il appartient en propre à des faits passés qui, en tant quetels, ne peuvent avoir d'effectivité dans une situation présente nécessairement unique et inédite.

Pour autant, on ne peut pas faire comme si nous n'avions pas d'héritage historique : le devoir de mémoire est un. »

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