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Ce qui n'est pas rationnel est-il forcément sans vérité ?

Publié le 16/08/2005

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On distinguera soigneusement la réalité qui concerne un objet (ce cahier, cette lampe sont réels) et la vérité qui est une valeur qui concerne un jugement. Ainsi le jugement : « ce cahier est vert » est un jugement vrai ou bien un jugement faux. La vérité ou la fausseté qualifient donc non l'objet lui-même mais la valeur de mon assertion. La philosophie, parce qu'elle recherche la vérité, pose le problème de ses conditions d'accès et des critères du jugement vrai.   Rationnel    Ce qui a trait à la raison au sens 1er de la faculté. L'irrationnel serait donc ce qui est dépourvu de raison ou ce qui n'a pas à proprement parler de raisons d'être, ce à quoi on ne trouve pas ou difficilement une raison, un principe d'explication Raison : Le mot raison est polysémique : rappelons brièvement ces multiples acceptions 1° La raison est d'abord la faculté qui permet de raisonner discursivement, de combiner des concepts et des propositions - on la dit à ce titre être le propre de l'homme. 2° La raison est aussi un objet de connaissance en tant qu'il est rapport. La raison exprime ainsi l'inclusion d'un nombre par un autre. Même si ces deux acceptions sont essentielles, le sujet nous pousse plus à comprendre la raison comme un principe. Néanmoins ici à nouveau il est possible de déterminer deux sens de raison, deux sens qui seront au coeur de notre analyse.

 L'irrationnel, et tout ce que l'on qualifie d'irrationnel renvoient au phénomènes auxquels on ne trouve aucune explication. Ainsi vérité et irrationnel semblent contradictoires. Cependant ce qui est irrationnel à une époque ou à une civilisation peut devenir rationnel pour une autre. Si les éclipses pour les mayas tenaient de l'irationnel, du divin, Tintin et le capitaine Hadock considéraient cette rencontre soleil-lune comme tout à fait rationnelle. Cependant si l'irrationnel peut devenir rationnel et donc dans une certaine mesure avoir part au vrai, il semble que des domaines le sont purement et simplement : Dieu, les choses en soi, les miracles... Notre question nous incite à questionner la notion même de rationnel. Dans quelle mesure l'irrationnel nous invite-t-il à penser les limites de la raison ? Dans quelle mesure l'irrationnel en tant qu'horizon limite nous oblige-t-il à interroger la faculté qui nous fait homme – la raison ?

« notion même de rationnel.

Dans quelle mesure l'irrationnel nous invite-t-il à penser les limites de la raison ? Dansquelle mesure l'irrationnel en tant qu'horizon limite nous oblige-t-il à interroger la faculté qui nous fait homme – laraison ? Plan : I.

Irrationnel versus raison : un monde sans véritéII.

L'irrationnel : ce qui n'est pas encore rationnel ?III.

L'irrationnel – une invitation à repenser le rationnel et la faculté logique ? « Il faut sauver, réhabiliterl'irrationnel » Irrationnel versus raison : un monde sans véritéI. 1.

Le vrai – une valeur logique Le vrai semble en tant que valeur logique étroitement liée à la raison.

Rappelons le terme grec pour « raison »: logos.

Dès lors ce qui est a-logos, irrationnel va de pair avec ce qui est sans vérité.

Ainsi la folie et parextension ce qu'on appelle de manière abusive le fou semble ne pas participer de la vérité.

Il en est ainsi demême pour les passions.

Ainsi Platon distingue dans l'âme la partie rationnelle ( l'âme) et la partie irrationnelle(les passions).

Reprenons le mythe du Phèdre, celui de l'attelage.PLATON, Phèdre« Au commencement de ce mythe, nous avons, dans chaque âme, distingué trois éléments : deux qui ont laforme d'un cheval, et un troisième qui a l'aspect d'un cocher.

Gardons en tête cette image.

Voici donc que,de ces chevaux, l'un, disons-nous, est bon, et l'autre, non.

Mais nous n'avons pas expliqué en quoi consistel'excellence du bon ou le vice du mauvais : c'est ce qu'il faut dire à présent.

Eh bien, le premier des deux,celui qui tient la meilleure place, a le port droit, il est bien découplé, il a l'encolure haute, la ligne du naseaulégèrement recourbée ; sa robe est blanche, ses yeux sont noirs, il aime l'honneur en même temps que lasagesse et la pudeur, il est attaché à l'opinion vraie ; nul besoin, pour le cocher, de le frapper pour leconduire, l'encouragement et la parole suffisent.

Le second, au contraire, est de travers, massif, bâti on nesait comment ; il a l'encolure épaisse, sa nuque est courte et sa face camarde ; sa couleur est noire et sesyeux gris injectés de sang, il a le goût de la démesure et de la vantardise ; ses oreilles sont velues, il estsourd et c'est à peine s'il obéit au fouet garni de pointes.

Lors donc que le cocher, voyant apparaître l'objetde son amour et sentant la chaleur qui s'est répandue dans toute son âme, s'est laissé envahir par lechatouillement et les aiguillons (du désir), alors celui des chevaux qui obéit au cocher, se contraint commetoujours à la pudeur et se retient de bondir sur l'aimé.

Mais l'autre, qui ne se soucie plus ni de l'aiguillon ducocher ni des pointes du fouet, s'élance d'un bond violent, donnant toutes les peines du monde à soncompagnon d'attelage et à son cocher, et il les contraint à se porter vers le garçon et à lui rappeler combiensont délicieux les plaisirs d'Aphrodite.

Au début, tous deux résistent, et s'indignent qu'on les oblige à fairequelque chose de terrible et qui est contraire à la loi.

Mais à la fin, quand le mal ne connaît plus de bornes,ils se laissent entraîner et consentent à faire ce à quoi on les invite.

» 2.

L'irrationnel en tant que ne possédant ni raison, ni cause est par delà la connaissance et par delàle vrai et le faux, par delà la raison Dès lors que la raison veut connaître l'irrationnel, elle semble se condamner elle-même au suicide, tout dumoins à une action bel et bien vaine :KANT, Critique Raison Pure « La colombe légère, lorsque, dans son libre vol, elle fend l'air dont elle sent la résistance, pourrait s'imaginer qu'elleréussirait bien mieux encore dans le vide.

C'est justement ainsi que Platon quitta le monde sensible parce que cemonde oppose à l'entendement trop d'obstacles divers, et se risqua au-delà de ce monde, sur les ailes des idées,dans le vide de l'entendement pur » • Kant fait apparaître que l'opposition entre liberté et contrainte ne fonctionne pas toujours.

Ainsi, une colombe envol pourrait croire que l'air la freine, mais s'il n'y avait pas d'air, elle ne pourrait pas voler du tout.

Ce qui la freine estaussi ce qui la porte.

De même, la notion de liberté absolue, au sens d'une complète absence de contrainte, n'a pasde sens.

En effet, sans aucune contrainte, dans le vide pur, aucune action n'est possible, à plus forte raison aucuneaction libre.• Ainsi, il n'y a d'action et donc de liberté possible qu'au sein d'une certaine structure, qui définit notre champd'action tout en le délimitant.• On pourrait utiliser cette métaphore de la colombe pour aussi montrer notre rapport inconséquent à la loi.

Lacolombe, dans son vol, éprouve la résistance de l'air et elle se plaît à imaginer qu'elle volerait bien mieux et bien plushaut sans cet obstacle: elle ignore que sans l'air, elle ne volerait pas du tout et que ce qu'elle ressent comme unempêchement est aussi une condition de possibilité même de son vol. Nous aussi nous plaisons à imaginer une vie sans règles, au-delà des lois: suppression des impôts, de la police, ducode de la route, etc.

Ce faisant, nous sommes aussi écervelés que la colombe, car nous oublions que sans cescontraintes, notre prétendue liberté n'existerait plus.

Nous ressentons comme un obstacle ce qui en réalité est une. »

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