Chaque philosophie est-elle fille de son temps ?

Thèmes : En préambule, abordons le problème par l’analyse thématique de deux complexes notionnels qui en articulent la structure, à savoir la notion de filiation et celle de philosophie. (i) La filiation : La filiation, sur le modèle des liens de parenté par descendance, est foncièrement temporelle. La filiation est ainsi un processus temporalisé de production. La filiation produit une descendance à partir des détermination qui la constituent. C’est sur la base du matériau et de la structure interne du géniteur qui sont engendrés les produits de la filiation. « Etre fille de son temps « signifie donc ici être le produit des conditions de détermination caractéristiques du temps dans lequel on s’inscrit en tant que descendant. Déterminer ces conditions de détermination de la filiation comme processus temporel est le propre de la perspective généalogique. (ii) La philosophie : Proposer une définition d’un tel terme ne peut se faire qu’avec pour principe la plus grande latitude. Dans son acception la plus large, la philosophie peut se définir par deux dimensions propres, articulées en une alternative : elle peut être conçue soit selon les divers contenus (champs d’investigation, concepts, courants philosophiques, etc.) qui la constituent, soit d’une point de vue purement formel comme un art, c’est-à-dire une technique de raisonnement rationnel constituée de règles pour la direction de l’esprit, une logique de la pensée, en bref : une méthode. Le premier type d’appréhension, en tant qu’il s’attache aux contenus relatifs à des contextes donnés, permet de constituer la philosophie comme objet de savoir et d’en faire l’histoire ; tandis que le second, en tant qu’il s’attache à la pratique formelle abstraite de la philosophie, tend à en faire prévaloir l’atemporalité.