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Choisir, est-ce renoncer à sa liberté ?

Publié le 18/09/2005

Extrait du document

Analyse du sujet :

            «Choisir« est une action selon la grammaire. Le verbe choisir signifie sélectionner une action parmi plusieurs actions possibles. Mais ce choix d'actions est-il toujours une action lui-même ? Il y a des choix causés par une passion, c'est-à-dire par une inclination (paresse, fatigue, tristesse, etc...) qui ne relève pas de la volonté. On serait tenté de définir le choix en disant qu'il implique une forme de liberté, mais alors l'énoncé du sujet renfermerait une contradiction en suggérant que le choix peut faire renoncer à la liberté. C'est pourquoi le terme sélection est plus pertinent : on peut sélectionner sans être libre. Ainsi, un moteur de recherche sur Internet choisit l'ordre dans lequel il présente les résultats d'une recherche, cela ne signifie pas pour autant qu'il est libre, puisqu'il s'agit dans son cas d'une sélection opérée d'après une programmation.

            «...renoncer...« est une action qui implique un choix. On choisit de renoncer, même si ce renoncement se traduit par une inaction. Il s'agit en l'occurrence d'un choix négatif : le choix de ne pas faire ceci ou cela.

            «...liberté ?« C'est exprès que nous laissons le point d'interrogation, car ce concept philosophique pose de nombreux problèmes. D'une part, il est de plus en plus restreint à mesure que la science progresse : car elle nous fait découvrir de plus en plus précisément les causes des évènements, réduisant l'importance des actions libres (on découvre ainsi qu'un tueur ne tue pas librement, mais est déterminé par une cause psychique que la science nous fait connaître). D'autre part, ce concept est absolument nécessaire : il est la condition de la justice. Sans liberté (au moins supposée), nul ne peut être dit responsable de ses actes, et ne peut donc être jugé (on ne juge pas un lion qui tue une gazelle). La liberté est au fondement du concept juridique de personne morale, c'est-à-dire d'agent responsable de ses actes.

            «est-ce...« est la question philosophique par excellence, puisqu'elle demande une définition, la recherche d'une essence. Ici, il s'agit d'une correspondance ou identité entre choisir et renoncer à sa liberté. Le «est-ce« signifie : Ces deux concepts sont-ils synonymes ?

« II – Faut-il être neutre pour choisir librement ? · Il semble que si un choix est déterminé par les circonstances ou par ma nature propre, il ne mérite plus le nom de choix.

La neutralité, ou absence d'inclinations, serait alors un indice du choix libre. · On pourrait cependant objecter que l'inclination est quasiment inévitable, et que la neutralité ne serait l'indice de rien d'autre que d'une ignorance. «Car, afin que je sois libre, il n'est pas nécessaire que je sois indifférent à choisir l'un ou l'autre des deux contraires ; mais plutôt, d'autant plus que je penche vers l'un, soit que je connaisse évidemment que le bien et levrai s'y rencontrent, soit que Dieu dispose ainsi l'intérieur de ma pensée, d'autant plus librement j'en fais choix et jel'embrasse.

Et certes la grâce divine et la connaissance naturelle, bien loin de diminuer ma liberté, l'augmententplutôt, et la fortifient.

De façon que cette indifférence que je sens, lorsque je ne suis point emporté vers un côtéplutôt que vers un autre par le poids d'aucune raison, est le plus bas degré de la liberté, et fait plutôt paraître undéfaut dans la connaissance, qu'une perfection de la volonté ; car si je connaissais toujours clairement ce qui estvrai et ce qui est bon, je ne serais jamais en peine de délibérer quel jugement et quel choix je devrais faire ; et ainsije serai entièrement libre, sans jamais être indifférent.» Descartes, Méditations métaphysiques, Quatrième méditation · Ainsi, c'est l'inclination, et non la neutralité, qui serait l'indice du choix libre.

Ce qui le justifie est que ce qui fonde l'inclination est une connaissance évidente ou une disposition de mon esprit.

Ainsi, le choix est l'exercicede cette disposition ou de cette connaissance, donc la liberté. Transition : Mais nous pouvons soupçonner Descartes d'erreur pour au moins une raison : est-ce vraiment un choix libre que de suivre quoi que se soit, d'autant plus une connaissance dite évidente ou une disposition d'esprit que l'onsuppose introduite dans son esprit par Dieu ? Nos précédentes réflexions sur le choix amènent à ceci : comme Socrate, on peut choisir de ne pas être libre.

Mais qu'est-ce qu'un choix qui se situe avant la liberté ? Cela voudrait dire que le choix est antérieur à laliberté, que nous serions capables de choisir entre être libre ou non.

D'où la question : Peut-on choisir sans êtrelibre ? III – Peut-on choisir sans être libre ? · L'on peut choisir sans être libre, à condition de se croire libre.

L'introduction de la modalité de croyance nous ouvre donc une nouvelle possibilité. · Un tel choix est-il pensable, n'est-il pas contradictoire avec l'idée de choix ? «L'homme ivre, ensuite, croit que c'est par c'est par un libre décret de l'Esprit qu'il dit ce que, redevenusobre, il voudrait avoir tu : ainsi le délirant, la bavarde, l'enfant, et bien d'autres de cette farine, croient que c'estpar un libre décret de l'Esprit qu'ils parlent, alors pourtant qu'ils ne peuvent contenir l'impulsion qu'ils ont à parler ; sibien que l'expérience elle-même montre, non moins clairement que la raison, que les hommes se croient libres pour laseule raison qu'ils sont conscients de leurs actions, et ignorants des causes par quoi elles sont déterminées.» Spinoza, Ethique, Partie III, proposition II, Scolie · Ce que nous croyons être un choix libre est un choix dont nous ignorons les déterminations.

Il n'y a liberté que lorsque celles-ci sont connues. Conclusion : Nous voyons que choisir peut être synonyme de renoncer à la liberté lorsque nous croyons être libres.

Ladéfinition de la liberté est donc au coeur de notre problème, et une fois constaté qu'il peut y avoir des choixdéterminés, la définition du choix nous est révélée dans une dimension nouvelle : ce que nous appelons choix estune action de fait.

Il peut donc y avoir un choix avec ou sans liberté.

Il se peut également que nous choisissionsd'être libre ou non (voir le second texte de Descartes ci-dessous), mais alors, il est impossible que ce soit un choixlibre.

Choisir, c'est être libre, si nous avons ce qui nous pousse à choisir.

Autres textes utiles pour ce sujet : Le plan suggéré n'étant ni parfait, ni le seul possible, nous vous encourageons à construire votre propreargumentation.

C'est pourquoi, en plus des textes transcrits dans le corps du plan, nous vous fournissons égalementceux-ci, que vous pouvez utiliser pour construire une autre dissertation, d'autres plans.

Bon travail !. »

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